La troisième vague serait-elle vraiment plus virulente que la deuxième, comme le dit De Croo?

Lors de la conférence de presse du comité de concertation de ce vendredi, Alexander De Croo a assuré que "la troisième vague serait plus virulente que la deuxième". Si experts et politiques s'accordent sur le fait qu'il est primordial de l'éviter, d'où vient cette information et qu'en est-il réellement ?

Aurélie Demesse
La troisième vague serait-elle vraiment plus virulente que la deuxième, comme le dit De Croo?
©JC Guillaume, Belga

"Si l'on relâche les efforts, il y a une possibilité qu'une troisième vague se profile avant la fin de l’hiver", déclare Yves Coppieters. Mais pour le moment, ce n'est qu'une possibilité. "Je pense que c’est plutôt un message de prudence, mais il n’y a pas de base scientifique pour dire ça. Les mutations du virus ne sont pas des mutations majeures qui entraînent des changements sur l’évolution clinique de la maladie", ajoute-t-il à propos de l'affirmation d'Alexander De Croo.

Pour Yves Van Laethem, c'est surtout un moyen pour le Premier ministre de justifier des mesures "assez rudes" par rapport à celles des pays voisins. Mais le porte-parole de la lutte contre le coronavirus rappelle qu'une troisième vague serait surtout dure à assumer dans les hôpitaux : "Les gens dans les services sont fatigués. Avec une troisième vague, on risquerait d’avoir plus d’absentéisme et des moins bons soins, par usure de la machine humaine."

Les Belges, de plus en plus immunisés

Les vagues qui se suivent sont, malgré tout, supposées être de moins en moins fortes. De fait, une partie de la population commence à être immunisée, rappelle Yves Coppieters. En Belgique, selon la dernière étude réalisée à Anvers, seuls 5% des donneurs de sang auraient des anticorps. Un chiffre bas, mais Yves Coppieters se veut rassurant : "D’après les modèles et les analyses qu’on fait, on peut quand même estimer en Belgique qu’il y a au moins 15% de la population qui serait immunisée contre le coronavirus".

Le vaccin, dont l'arrivée est attendue au début de l'année 2021 au plus tard, devrait lui aussi permettre d'augmenter la part de la population immunisée et donc, de diminuer la circulation du virus.

Rebond ou troisième vague ?

Alors, à quoi doit-on s'attendre après les fêtes ? Selon Yves Coppieters, on risque de voir apparaître plusieurs rebonds liés aux différentes mesures dans le courant des prochaines semaines. Un premier rebond, lié à la réouverture des écoles, devrait déjà être observé dans les prochains jours. Ensuite, mi-décembre, les chiffres pourraient à nouveau augmenter suite à la reprise des commerces non-essentiels. Enfin, au début du mois de janvier, soit juste avant la prochaine évaluation des mesures par le comité de concertation, le rebond lié à Noël devrait apparaître dans les chiffres.

Yves Van Laethem se montre plus optimiste : selon lui, le risque de voir des rebonds est quasiment nul. "On va ouvrir les magasins dans des conditions extrêmement strictes, je pense que ça ne devrait logiquement pas faire bouger, ou à peine frémir, les chiffres." Quant à Noël, tout dépendra de la réalité du terrain : si presque rien n'a été autorisé pour Noël, de nombreuses personnes assurent d'ores et déjà prendre le risque de se réunir. "Vandenbroucke a beau dire ce qu'il veut dans son coin, il est clair que cela ne va pas se passer comme ça", assure l'expert.

Dans tous les cas, et même s'il faut rester vigilant, il ne faut pas s'alarmer trop tôt : pour pouvoir parler d'une troisième vague, il faut que le nombre de nouvelles contaminations double sur une période donnée. "Si elles repartent à la hausse sur un temps suffisant et que l’on voit un doublement des nombres de cas, alors on est dans une phase exponentielle de 3ème vague", rappelle Yves Coppieters. "Qu’on parte de 5 cas, 1000 cas ou 10.000 cas".

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