Le coup de gueule d'Eric Domb : "Les décisions de Vandenbroucke renvoient à cette image du combattant à terre attendant le verdict du pouce"
"Nous ne sommes plus au temps des gladiateurs, des Empereurs et de la dictature romaine", estime le fondateur de Pairi Daiza.
Publié le 17-11-2020 à 20h22
Alors que les propos polémiques du ministre Vandenbroucke sur la fermeture des commerces jugés non essentiels continuent de susciter de nombreuses critiques, Eric Domb, président et fondateur de Pairi Daiza, a publié un message assez virulent sur la page Facebook du parc animalier. Le voici :
"Chers et fidèles Amis du Jardin des Mondes,
Vous l’avez appris avec moi vendredi dernier, le Jardin ne pourra rouvrir ses portes aux visiteurs d’un jour et aux abonnés le 14 décembre prochain. Sauf nouvelle mais improbable décision gouvernementale, nous ne pourrons donc pas nous voir durant les fêtes de Noël. Une amère surprise, pour moi comme pour vous sans doute, un nouveau coup dur pour Pairi Daiza et une vive déception pour le personnel du parc.
Déception d’autant plus grande que, et j’ai la chance d’en être le témoin quotidien, nos équipes redoublaient d’efforts à l’approche de ces retrouvailles. Soigneurs, jardiniers, secouristes, stewards, équipes techniques, agents d’accueil, personnels de nos boutiques, de notre Resort ou de nos points de restauration, ainsi que tous les travailleurs oeuvrant plus souvent dans l’ombre : tous attendaient cette réouverture avec grande impatience et la préparaient avec cœur et enthousiasme. A eux d’abord, je veux ici exprimer mon chaleureux soutien en ces moments parmi les plus tristes de l’histoire de Pairi Daiza. Et leur promettre que malgré l’incroyable sévérité du choc financier vécu cette saison, et sauf à devoir subir une troisième vague au printemps prochain, l’emploi sera protégé dans le Jardin.
A vous aussi, Chers amis, je veux promettre des retrouvailles à la hauteur de l’attente qui nous est imposée. Une attente trop longue mais que soulagent ces messages d’encouragements et de remerciements que vous nous adressez quotidiennement. Ces marques de fidélité à Pairi Daiza et d’affection pour ceux qui y vivent ou y travaillent sont autant de bouffées d’oxygène qui nous aident à tenir, la tête sous l’eau. Permettez-moi, à titre personnel comme au nom de nos équipes, de vous remercier de tout coeur pour ce soutien sans faille. Il nous touche énormément, soyez-en assurés.
J’aimerais aussi, si vous me le permettez, partager à présent mon regard sur les dernières décisions gouvernementales. Et poser avec vous la question : à l’heure où nous sommes tous contraints de cadenasser nos vies dans un nouveau carcan de mesures sanitaires, certains responsables politiques bafouent-ils nos libertés par des décisions arbitraires ? A écouter Frank Vandenbroucke, notre ministre fédéral de la Santé, j’estime que la réponse est oui. Et nous devrions nous en inquiéter.
Par deux fois, ces derniers jours, Frank Vandenbroucke a ainsi justifié des entraves à nos libertés non pas par des impératifs sanitaires que nous aurions parfaitement compris, mais pour des raisons politiques ou psychologiques qui ne reposent sur aucune base scientifique.
A la VRT d’abord, le ministre fédéral a expliqué la décision prise fin octobre d’imposer la fermeture des commerces « non-essentiels » par le souhait de provoquer un choc auprès de la population, tout en reconnaissant dans le même temps que leur fréquentation ne présente pas de danger dès lors qu’elle est encadrée par un protocole sanitaire. La psychologie plutôt que la raison, l’incantation plutôt que la science : les commerçants concernés apprécieront, leurs clients aussi.
Sur VTM ensuite, le même Frank Vandenbroucke a justifié l’interdiction de promenades en plein air dans les Parcs animaliers, non en raison d’une quelconque étude qui démontrerait un risque potentiel à les fréquenter, mais par la seule volonté de ne pas multiplier les exceptions au confinement. En résumé : parce que tout le monde ne peut pas aller courir dans les bois, on a ouvert les piscines pour aller y faire des longueurs; et parce que tout le monde ne peut faire de longues balades, on a ouvert les musées pour aller se changer les idées. Et pour le reste ? Stop. On ne prend même pas le temps d’y réfléchir. « Si nous rajoutons une exception après l’autre, nous créons une discussion sans fin », précise le ministre. « Nous n’avons tout simplement pas voulu créer une série d’assouplissements sans fin. Il faut s’arrêter quelque part, et nous nous sommes arrêtés à ‘nager quelques longueurs’ et ‘visiter un musée’ ». Circulez, il n’y a plus rien à voir : les Parcs animaliers, comme d’autres secteurs qui ont démontré leur capacité à proposer des activités de plein air en toute sécurité, attendront que la science retrouve droit de cité lors des prises de décision, ou Frank Vandenbroucke l’envie d’analyser avant de trancher.
Ces processus de décision expliqués sans complexe par le ministre de la Santé laissent pantois. Et nous renvoient à cette image du combattant à terre attendant le verdict du pouce. Pouce renversé on l’achèvera. Pouce levé il vivra. Ainsi en décident l’Empereur et son seul bon-vouloir.
Mais nous ne sommes plus au temps des gladiateurs, des Empereurs et de la dictature romaine. Nous sommes au XXIème siècle, en démocratie. A un moment où, parce que certaines de nos libertés individuelles doivent être temporairement réduites pour d’impérieux motifs sanitaires, il importe plus que jamais que nos représentants politiques recourent à la science pour justifier les restrictions à nos libertés et les partagent ensuite en toute transparence. Une mesure d’entrave à nos libertés ne peut jamais être le fait du Prince, elle doit être raisonnée et raisonnable, explicable et expliquée. Il en va de sa légitimité, de son acceptation et donc, de son efficacité.
Aujourd’hui, aucun scientifique n’a pointé de danger à se promener dans les Jardins zoologiques où est mis en place un strict protocole sanitaire. D’aucuns encouragent au contraire, pour notre bien-être physique comme mental, les sorties au grand air que peuvent proposer ces Jardins, si les mesures prophylactiques (gestes-barrières, bulle sociale, …) sont respectées.
Aujourd’hui encore, aucun représentant politique, et certainement pas Frank Vandenbroucke, n’a raisonnablement justifié la fermeture des Parcs animaliers où la circulation du virus est pourtant contrôlée.
Une absence d’explications qui rend insupportables les attaques à nos libertés (liberté d’entreprendre, liberté de circuler, liberté de travailler, liberté de se divertir, liberté d’apprendre…) qui accompagnent cette décision unilatérale. Et qui ne nous laissent voir que du mépris à l’égard de toutes ces entreprises, ces travailleurs, ces familles qui ont tout mis en œuvre pour pouvoir continuer à jouir de ces libertés tout en garantissant la protection de tous.
Chers amis,
Merci de m’avoir lu.
Prenez soin de vous et de vos proches.
Eric Domb."