La Belgique sera l'épicentre du pont aérien de la campagne mondiale de vaccination: "C'est du jamais-vu"
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Publié le 02-12-2020 à 06h00 - Mis à jour le 02-12-2020 à 12h07
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D’aucuns la présentent comme la plus importante opération logistique depuis la Seconde Guerre mondiale. En quelques mois, l’acheminement des vaccins contre le Covid-19 entre les lieux de production et d’injection devrait mobiliser plus de 8 000 avions de type Jumbo Jet à travers le monde. Près de la moitié des milliards de doses de vaccins attendues devrait ainsi être transportée par les airs.
Vu la forte concentration d’entreprises pharmaceutiques sur son sol, la Belgique va être l’un des épicentres de ce gigantesque pont aérien. "C’est du jamais-vu", explique David Bellon, le président d’Air Cargo Belgium. Même si aucun contrat n’a encore été signé avec les groupes, tous les acteurs de la chaîne logistique seront mis à contribution. "La tarte est tellement énorme qu’il y aura à manger pour tout le monde", avance M. Bellon. Des compagnies aériennes africaines, américaines et asiatiques auraient aussi déjà fait la demande de pouvoir opérer depuis Bruxelles. Il faut dire que notre pays fait référence : au niveau mondial, près d’un vaccin sur cinq transportés dans les airs part d’un aéroport belge. Zaventem s’est ainsi spécialisée dans le transport de produits pharmaceutiques, avec 30 000 m2 de hangars à basse température, une superficie qui pourra "être doublée" lors du pic de demandes attendu ce printemps ou cet été.
Vaccins "made in Belgium" aux USA
Pour l’heure, c’est surtout le vaccin contre le Covid de Pfizer, produit massivement sur le site de Puurs, qui fait parler de lui. Plusieurs sources confirment une information parue dans le Wall Street Journal : des milliers de doses du vaccin du groupe américain auraient déjà été envoyés aux États-Unis depuis l’aéroport de Bruxelles. Officiellement, c’est no comment, tant du côté de Brussels Airport que du côté de Pfizer qui, associé aux Allemands de BioNTech, est actuellement l’un des plus avancés dans la production de vaccins contre la pandémie. L’agence américaine des médicaments (FDA) pourrait ainsi donner son feu vert au produit dès le 10 décembre, faisant dire au secrétaire à la Santé américain, Alex Azar, que les premières vaccinations sur le sol US auront lieu "avant Noël". Et une partie de ces premiers vaccins seront sans doute "made in Belgium". "Même si le site de Pfizer à Puurs sera surtout utilisé pour un approvisionnement européen, nous ferons aussi office de back-up à celui de Kalamazoo aux États-Unis. On s’attend à être sollicité pour les premiers approvisionnements en cas d’EUA (autorisation d’utilisation d’urgence, NdlR) aux États-Unis", explique le groupe.
En tout, Pfizer et BioNTech vont produire près de 50 millions de doses de vaccins contre le Covid en 2020 et jusqu’à 1,3 milliard en 2021. Le défi logistique est énorme, puisque ce vaccin doit être conservé à une température proche de -70 °C, ce qui implique l’achat de congélateurs spéciaux par les nombreux pays. Il y a toutefois une parade à cette congélation coûteuse. Une fois décongelé, "le vaccin peut être conservé pendant cinq jours dans des conditions de réfrigération de 2 à 8 °C".
D’où l’ambition d’aller vite pour Pfizer, qui veut livrer directement les vaccins congelés aux points de vaccination (hôpitaux, pharmacies, etc.) depuis les sites de production - dont celui de Puurs - "dans un délai de trois jours dans le monde entier". "Nous utiliserons pour cela les modes de transport routier et aérien", précise le groupe.
Les dangers de la glace sèche
Les vaccins seront transportés dans des conteneurs thermiques, pouvant contenir chacun un minimum de 195 fioles et un maximum de 975, à température contrôlée utilisant de la glace sèche pour maintenir ces conditions de température de -70 °C. "Nous utiliserons des capteurs thermiques équipés d’un GPS afin de suivre l’emplacement et la température de chaque cargaison de vaccins sur leurs itinéraires prédéfinis."
Ces dispositifs GPS permettront à Pfizer de prévenir "de manière proactive" les écarts indésirables de température. Dernier défi, et il est de taille : le recours à la glace sèche est limité dans les avions. Sa sublimation (passage de l’état solide à l’état gazeux) peut être dangereuse pour l’équipage et les passagers. Car vu l’abondance des doses à transporter, les soutes des avions passagers vont aussi être mises à contribution. Et comme il y a très peu de voyageurs, actuellement certaines compagnies vont aussi transformer leurs cabines passagers en cargo. L’aérien a horreur du vide.
