Mort d'Adil à Anderlecht: pourquoi avoir sorti "le bazooka" ?
Vendredi dernier, un rassemblement avait lieu à Anderlecht, en réaction au non-lieu requis par le parquet de Bruxelles dans l’affaire du jeune Adil, du nom de cet Anderlechtois fauché par une voiture de police au mois d’avril.
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Publié le 02-12-2020 à 08h46 - Mis à jour le 08-04-2022 à 20h15
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À l’époque, plusieurs rassemblements avaient dégénéré dans les rues du quartier.
Après cette demande de non-lieu, les échauffourées d’avril dernier étaient à l’esprit de tous au moment d’anticiper les rassemblements de vendredi. Les autorités communales avaient dès lors réuni le matin même les représentants des associations de jeunesse et les services communaux avec un mot d’ordre clair : privilégier le dialogue et la prévention, mais se tenir prêt au cas où "ça dérape".
Autour de la table, on retrouvait notamment Marc De Koker, coprésident du conseil de prévention de l’arrondissement de Bruxelles, et directeur de l’association d’aide en milieu ouvert AMO Rythme. L’homme était également présent lors du rassemblement ce vendredi, du côté des manifestants. Témoin de première ligne des actions de la police, il s’étonne, quelques jours après, de la réaction disproportionnée des forces de l’ordre.
Un risque de rompre le lien avec la population
Le cortège a démarré vers 14 heures. "Quelques slogans fusent, trois pétards sont lancés, signe de départ. Il n'y a ni violence, ni déprédations, alors que les voitures sont garées de part et d'autre de la chaussée", décrit M. De Koker. Cinq minutes plus tard à peine, alors que les manifestants n'ont parcouru qu'une centaine de mètres, ils ont vu "s'interposer devant eux une rangée de policiers harnachés, casqués, et brandissant boucliers et matraques, immédiatement suivis par une autopompe". Trois minutes plus tard, à 14 h 08, l'homme a constaté le déploiement d'un second cordon policier derrière les manifestants pris en étau. S'en sont suivies des arrestations et, vers 16 h 30, les quatre-vingts protestataires ont quitté les lieux, menottés, accompagnés par la police.
Pour Marc De Koker, cette manifestation témoigne bien de la disproportion des réactions policières qui peuvent conduire à rompre le lien avec la population, et les plus jeunes en particulier. Sur la place communale ce jour-là, il n'y avait aucun des jeunes dont on soupçonnait qu'ils puissent faire dégénérer le rassemblement. "Le déroulement des évènements est en contradiction totale avec la posture prise lors de la réunion du matin", s'indigne le directeur du centre d'aide à la jeunesse. "Pourquoi un tel déploiement de force ? Cela revient à tuer une mouche avec un bazooka", déplore-t-il.
Peut-être "trop précipité"
Le bourgmestre de la commune, le socialiste Fabrice Cumps, confirme le dispositif de prévention qui était privilégié. "Mais très clairement, on avait envisagé toutes les hypothèses, et nous avions déployé des effectifs policiers dans les rues alentour. On voulait éviter ce qui s'était passé en avril", revient-il, tout en soulignant que, vendredi passé, le public présent était en grande partie des activistes, "des personnes qui faisaient de la récupération des évènements". Le socialiste reconnaît une réaction peut-être "trop précipitée" de la part des forces de l'ordre, et qu'il était plutôt prévu d'opter pour une dispersion plus modérée.
Quelques heures plus tard, plusieurs incidents sont toutefois survenus, provoqués par des personnes extérieures à la manifestation.