Comment les jeunes proposent de sortir du face-à-face avec la police

Le Forum des jeunes, porte-parole officiel des 16-30 ans en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), s’est penché sur ce contentieux persistant entre les jeunes et la police à travers une enquête menée auprès des jeunes Belges francophones âgés de 16 à 30 ans. Objectif: faire émerger des solutions pour sortir du face-à-face crispé et des relations en chiens de faïence.

Systématiquement contrôlés

Quelque 1 408 jeunes ont ainsi donné leur avis sur leurs relations avec la police. Près d’un répondant sur trois (31%) affirme avoir déjà été contrôlé; 7 jeunes sur 10 dénoncent des contrôles policiers qui ciblent systématiquement les jeunes.

À peine 18% des 18-30 ans s’estiment bien informés de leurs droits et devoirs. Si la plupart d’entre eux souhaitent l’être davantage, ils assignent ce rôle à l’école et à la police elle-même. L’idée de faire venir des policiers dans les écoles est souvent énoncée, à condition que ces visites soient soigneusement préparées de concert.

Le policier idéal

Que ressentent les jeunes à la vue d’une patrouille en uniforme dans la rue ? Réponses, dans l’ordre : la sécurité, puis la crainte et le respect ; la colère venant plus loin. C’est très révélateur, commente le porte-parole officiel des jeunes francophones : "Le respect vient en troisième position : même si c’est de peu, il est donc cité après la crainte, ce qui suffit à indiquer qu’une réflexion d’ensemble sur la relation entre jeunes et police est indispensable." Et cela, d’autant plus que les sentiments négatifs augmentent fortement avec l’âge des répondants. Ainsi, la crainte est citée par 24 % des répondants âgés de 16 à 18 ans mais par 46 % des 24-30 ans.

En miroir de ce ressenti, aux yeux des jeunes, le représentant des forces de l’ordre idéal, c’est le policier ou la policière qui assure la sécurité dans un esprit de justice et de service à autrui. "On est très loin des agents suréquipés que les jeunes croisent en rue et dont le harnachement est une entrave immédiate à toute relation pacifiée", souligne le Forum des jeunes.

Parmi les solutions avancées par les jeunes, celles qui incitent à davantage de respect mutuel arrivent quantitativement en tête. Avec une exigence supplémentaire adressée aux policiers : la nécessité d’une vraie démarche éducative à l’égard des plus jeunes. "Je pense que c’est le rôle des adultes et particulièrement de la police d’être patiente, compréhensive. Au lieu d’aller directement dans la menace, le vouloir faire peur et la sanction, il vaut mieux essayer d’entamer une discussion respectueuse en expliquant précisément pourquoi elle est là et pourquoi le jeune est en tort, etc.", place un répondant.

Pour une pacification

Ce respect passe par une communication plus empathique, qui évite les tutoiements, les regards ou propos d’emblée offensants ; instaurer le dialogue plutôt que la violence et l’humiliation.

L’enquête du Forum des jeunes exprime une réelle souffrance des jeunes face aux violences policières dont ils sont victimes et l’exigence que les coupables de ces dérapages soient clairement et fortement sanctionnés. Beaucoup y voient un préalable pour espérer une pacification des relations. "Tant que les jeunes auront l’impression qu’une certaine impunité règne pour les policiers déviants, les discours positifs auront du mal à porter vraiment leurs fruits."