Deux nouvelles casernes militaires "du futur" en vue à Charleroi et en Flandre : “L’armée doit être plus attractive"
Le projet de deux nouvelles casernes militaires fera l’objet d’une étude de faisabilité d’ici 2 ans.
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Publié le 13-12-2020 à 19h21
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Ébranlée par des coupes budgétaires assez importantes ces dernières années, qui l’ont contrainte à fermer des quartiers militaires, à rogner sur le matériel, et à ne pas remplacer le personnel partant à la retraite, l’armée doit se repenser. En termes d’infrastructures comme de moyens humains.
Les infrastructures d’abord. Deux casernes militaires vont être construites dans les prochaines années. Une le sera dans le Hainaut côté wallon, c’est sûr, et Charleroi tient plus que la corde. À bonnes sources, l’investissement serait de 150 à 200 millions d’euros et le nombre de personnes qui y seraient logées, s’élèverait à 1500. Côté flamand, la Flandre occidentale serait pressentie. “Je ne peux pas vous confirmer ces chiffres précis pour le Hainaut car une étude de faisabilité doit encore être réalisée d’ici à deux ans, qui permettra d’évaluer précisément le coût de construction et les enjeux techniques. Mais le projet de ces deux casernes du futur sera inscrit dans le cadre du plan de relance du gouvernement, et sera aussi soumis à la Commission européenne”, explique la ministre de la Défense Ludivine Dedonder (PS).
Dans le cadre de la relance
Si cela bouge, c’est que ce draft – “le Plan de relance et de résilience” – aura été envoyé à la Commission au plus tard au début de l’année prochaine, pour approbation par les instances européennes à la fin avril 2021. “Comme je l’ai expliqué dans le cadre de ma déclaration de politique générale, la caserne du futur sera plus ouverte sur la recherche et le développement, sur l’innovation, et à la cybersécurité notamment. Il s’agit aussi de souder davantage l’armée au tissu local, social et économique. Trop de jeunes de 30 à 35 ans quittent l’armée pour de raisons souvent privées, parce que l’organisation de la vie familiale est compliquée. Enfin, il faudra aussi rénover des casernes existantes”, explique Ludivine Dedonder. Pour les rendre plus “vertes”.
Si Charleroi fait consensus sur le plan politique – des contacts avec la Ville ont déjà été noués par l’armée pour la location précise, tenue secrète pour le moment -, ce n’est pas pour rien. Dépositaire d’une résolution relative à la politique de ressources humaines adoptée en juillet 2020, le député Hugues Bayet (PS) explique que Charleroi, ville la plus importante du Hainaut, est un vivier d’emplois important. “On sait que l’armée va devoir engager 10 000 personnes d’ici à 2024. La Ville de Charleroi est naturellement bien placée pour fournir ces emplois, puisque le taux de chômage y reste fort élevé au regard de la moyenne nationale. Au vu de la diversité des fonctions qu’elle abrite maintenant, la Défense doit être un acteur majeur de formation et de développement personnel pour les jeunes intéressés par une carrière au sein de l’armée en collaboration avec les agences régionales chargées de l’emploi”, précise le député, qui siège aussi en Commission de la défense.
L’armée, en interaction avec la société civile
L’investissement dans les bassins d’emploi porteurs de main d’œuvre n’est pas tout. Si Charleroi devrait accueillir l’une de ces deux casernes du futur, c’est aussi parce que l’un des objectifs de la ministre est d’améliorer les conditions de travail du militaire (conciliation vie privée-vie professionnelle notamment). Le fait qu’il y ait déjà une caserne dans le Hainaut occidental (à Chièvres) va permettre à l’armée de limiter cette mobilité géographique qui la pénalise aux yeux des jeunes recrues. En d’autres mots, la nouvelle caserne permettra une meilleure répartition géographique, donnant aux militaires davantage de possibilités de carrières dans un espace géographique plus restreint. “L’armée doit aussi être plus attractive et plus proche de sa population. Le mot “interaction” a beaucoup d’importance pour moi, parce que oui, l’armée doit davantage s’ouvrir à la société civile”, poursuit la ministre de la Défense. Et pas seulement via des stages ou des journées découvertes. “Il s’agit aussi de favoriser une politique de diversité et de non-discrimination au sein de la Défense, comme le mentionnait notre résolution”, conclut Hugues Bayet.