Faut-il fermer les écoles jusque fin janvier? "C'est faire fi de toutes les connaissances qu'on a accumulées depuis le début de l'épidémie"
La plupart des experts ne souhaitent pas une fermeture des écoles en Belgique. Ils détaillent leur point de vue.
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- Publié le 17-12-2020 à 17h09
- Mis à jour le 17-12-2020 à 23h54
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"Il se passe quelque chose de bizarre avec les enfants", a affirmé Hans-Willem Snoeck, professeur belge de microbiologie et d'immunologie à l'Université de Columbia (New York). L'expert s'est dit en effet "surpris" par la hausse des contaminations chez les moins de 10 ans. Dans une opinion publiée par De Morgen, il a même été plus loin et a plaidé pour une fermeture des écoles jusque fin janvier en Belgique. Il a comparé les enfants à des "moteurs auxiliaires de l'épidémie", qu'il faudrait également mettre sur pause afin d'éviter une troisième vague. Alors a-t-on sous estimé le rôle des enfants dans l'épidémie? Faut-il prendre de nouvelles mesures dans les écoles?
Si Yves Van Laethem a expliqué dans son point presse de mercredi que les contaminations augmentaient (+34%) chez les moins de 10 ans, il rappelle aujourd'hui que les enfants de cet âge "ne représentent que 5% de la population totale des nouveaux cas". "On parle de quelques centaines d'individus seulement", poursuit-il. De plus, selon Geert Molenberghs, biostatisticien (KULeuven/UHasselt), "l'augmentation des cas en Belgique est d'un ordre différent que celle observée en Allemagne ou aux Pays-Bas". Contrairement à ces deux pays, il n'est donc pas nécessaire, pour lui, de fermer les écoles chez nous en janvier.
"Les enfants jouent un rôle dans la transmission du virus, mais peu important"
Yves Van Laethem ne nie pas que les enfants jouent bel et bien un rôle dans la transmission du virus mais il explique que leur impact est "proportionnellement moindre que les autres tranches d'âge". Une récente étude publiée par The Lancet démontre d'ailleurs qu'à l'école, les enfants se contaminent surtout entre eux ou sont contaminés par les adultes, mais ils contaminent très rarement des adultes. De même, d'autres études ont prouvé que la fermeture des écoles ne diminue pas beaucoup l'épidémie. "Les Etats-Unis, qui se méfiaient très fort des enfants et des écoles, sont récemment revenus en arrière", explique Marc Hainaut, chef de clinique en maladie infectieuse pédiatrique au CHU Saint-Pierre. "Aujourd'hui, le CDC, qui est l'organe le plus influent en matière de maladies infectieuses, ne recommande pas la fermeture des écoles."
"Fermer les écoles maintenant n'est pas nécessaire"
"La plupart des experts pensent que la fermeture des écoles n'est pas nécessaire au stade actuel des choses", résume Yves Van Laethem. Marc Hainaut se dit même "révolté" que l'on puisse le suggérer à l'heure actuelle en Belgique. "C'est vraiment faire fi de toutes les connaissances qu'on a accumulées depuis le début de l'épidémie", détaille-t-il. Pour ces experts de la santé, il s'agit donc d'une mesure qui ne devra être prise qu'en tout dernier recours. "Faire disparaître les jeunes enfants de l'équation en leur donnant des congés supplémentaires, comme on l'avait fait durant la Toussaint, apporte un plus. Mais c'est une cartouche qui doit être utilisée si on ne sait plus rien faire d'autre", précise Yves Van Laethem qui rappelle à quel point il est essentiel que les jeunes enfants bénéficient d'un enseignement en présentiel. Marc Hainaut souligne d'ailleurs l'impact à court et à long terme de la fermeture des écoles sur les enfants.
Malgré tout, comme l'a expliqué Frank Vandenbroucke à la Chambre, il faudra "regarder avec une vigilance accrue la situation et être peut-être plus prudent sur les mesures de protection pour les enfants". "Pour moi, les mesures actuelles dans les écoles primaires sont suffisantes", commente toutefois Marc Hainaut, "à condition qu'elles soient bien respectées". "On remarque par exemple qu'il n'est pas toujours facile de laisser les fenêtres ouvertes en classe. Mais une bonne ventilation est extrêmement importante."
Une fermeture des écoles si...
Yves Van Laethem, comme d'autres, ne ferme pas totalement la porte à une fermeture des écoles si la situation venait vraiment à empirer. "Si on se rend compte que la situation s'enflamme, on pourra toujours prendre cette décision, y compris le vendredi avant la reprise scolaire", indique-t-il. Le virologue tient toutefois à rappeler que c'est le comportement des Belges qui influencera les prochaines décisions et l'éventuel retour à un confinement total. "Si les vacances ne servent pas de coup de froid sur l'épidémie, mais plutôt de coup de chaud à cause des fêtes, cela pourrait entraîner la fermeture des écoles ou celle des magasins non essentiels", prévient Yves Van Laethem.