Yves Van Laethem sur l'augmentation des chiffres: "Il est encore possible de se rattraper"
Comment évolue l'épidémie de Covid-19 en Belgique? Les experts ont fait le point ce vendredi matin.
- Publié le 18-12-2020 à 10h57
- Mis à jour le 18-12-2020 à 13h24
La reprise de l'épidémie en Belgique se confirme, et les chiffres de ce vendredi sont "alarmants", selon Sciensano. Entre le 8 et le 14 décembre, la Belgique a en effet enregistré 2.445 nouveaux cas de coronavirus en moyenne par jour, soit une augmentation de 12 % par rapport à la semaine précédente.
Un nouveau Comité de concertation se tiendra ce vendredi après-midi pour discuter de l'évolution de la situation épidémiologique en Belgique. A quelques heures de cette réunion, les experts ont fait le point sur les chiffres dans notre Royaume.
Yves Van Laethem a débuté par un état des lieux. "L'augmentation du taux d'infection se poursuit. Il se produit dans tous les groupes d'âges et actuellement dans toutes les provinces du pays". Qui plus est, l'augmentation des nouveaux cas s'accélère, et se produit principalement en Flandre (+16%) et en Wallonie (+7%). Actuellement, seule Bruxelles enregistre encore une baisse (-5%). Au niveau des provinces, il n'y a que le Brabant Flamand, Bruxelles et le Luxembourg qui affichent encore une baisse des contaminations. C'est dans la province d'Anvers que l'augmentation est la plus prononcée (+26%). Importante augmentation chez les jeunes enfants
Les tranches d'âges des 20, 40 et 50 ans sont les plus touchées par l'augmentation de nouveaux cas. Il y a également une forte augmentation chez les jeunes enfants (+34%), ce qui semble spectaculaire. Mais Yves Van Laethem a tenu à nuancer cette augmentation: "Nous venons de chiffres extrêmement bas à la sortie des vacances de Toussaint. D'autre part, cette tranche d'âge correspond toujours à un nombre trois fois moins élevé que celui présent dans la population générale. Enfin, on se rend compte que l'absentéisme pour cause de maladie chez les professeurs et les élèves est tout à fait normal, par rapport à un mois de décembre habituel". L'expert prévoit par ailleurs une baisse des contaminations grâce aux vacances de Noël qui débutent ce vendredi.
Au niveau des hospitalisations, elles sont notamment en augmentation dans la Région flamande, et principalement dans la province d'Anvers. Au total, 2687 patients sont hospitalisés, ce qui représente toutefois toujours une diminution par rapport aux 7 jours précédents. Les décès sont eux toujours en stagnation.
"Il est encore possible de se rattraper"
Face à l'évolution de l'épidémie et à la stagnation de la majorité des indicateurs, Yves Van Laethem en a appelé à la bonne volonté des citoyens: "Déjà la semaine passée, nous avons demandé à tout le monde de faire un effort supplémentaire. On se rend compte que beaucoup de personnes sont motivées à respecter les règles, mais qu'un certain nombre continue de ne pas les respecter".
"Nous sommes actuellement sur une crête, et sur cette crête nous pouvons soit continuer notre chemin sans glisser, soit continuer à glisser. Nous pensons tous qu'il est encore possible de se rattraper, de ne pas continuer sur une pente vers des chiffres inquiétants, qui engendreraient des mesures plus strictes."
"Les petits ruisseaux forment les grandes rivières", a également ajouté l'expert. "Ce sont nos petits gestes, les petites choses que chacun d'entre nous vont faire qui vont permettre in fine d'avoir un résultat favorable pour l'entièreté de la population".
La barre des 10.000 décès franchie en maison de repos
Yves Van Laethem a ensuite abordé la situation dans les maisons de repos, qui enregistrent également une augmentation légère des contaminations. "Heureusement, le nombre de foyers est lui en diminution", a souligné l'expert. L'augmentation des nouvelles contaminations se ressent légèrement dans chacune des trois Régions du pays. "Ceci ne doit pas masquer le fait que nous avons dépassé cette semaine la barre des 10.000 décès chez les résidents de maison de repos. Les maisons de repos ont payé un tribut de 52% des décès totaux liés à l'épidémie en Belgique. La situation reste précaire et difficile".
L'expert a également rappelé que les "couvre-bouches" n'étaient pas adaptés ni efficaces pour lutter contre la transmission du virus. "Ceci représente un réel risque. Ce couvre-bouche ne couvre en fait pas grand chose. Il est juste présent à quelques centimètres devant vos lèvres et ne couvre pratiquement pas le nez. Il n'évite absolument pas la transmission des gouttelettes ni des micro-particules". L'expert recommande d'employer de véritables masques en tissus ou chirurgicaux, mais d'éviter également les écharpes ou foulards, dont les tissus sont trop lâches et ne permettent pas d'avoir une filtration adéquate du virus.
Enfin, Yves Van Laethem a rappelé qu'il fallait être plus rapide dans la détection du virus. "Contactez rapidement votre médecin traitant et mettez-vous volontairement en quarantaine dès l'apparition de symptômes".
"Actuellement, en Belgique, il y a très peu de virus typiquement 'hivernaux' qui circulent, comme la grippe ou les virus qui touchent habituellement les enfants à cette période, donc il faut partir du raisonnement que tout symptôme viral dit 'grippal' est lié probablement au coronavirus, et donc agir en adéquation", a conclu l'expert.
Quid du testing quand la vaccination débutera?
Yves Van Laethem a ensuite répondu aux questions des journalistes, notamment au sujet de la vaccination. Selon l'expert, la stratégie de testing ne sera pas modifiée une fois que la population commencera à être vaccinée. "Même si les vaccins ont beau être excellents, avec une protection de l'ordre de plus de 90%, cette protection n'est pas de 100%. Donc il n'est pas exclu qu'une personne soit infectée même si elle est vaccinée". De plus, on ne connaît pas encore la durée de protection de ces vaccins. On ne sait pas si le vaccin sera aussi efficace après plusieurs mois, et donc il faudra continuer à tester massivement. Par ailleurs, les contacts à haut risque (qui ont été proches d'une personne infectée) devront continuer à se faire tester, car on ne connaît pas l'importance de la protection que la vaccin donne sur le "portage" du virus, indépendamment de la protection vis-à-vis de la maladie elle-même.