Animateur-vedette, Elias lâche la radio pour la comm et... les bagels
La pandémie de coronavirus touche chacun d’entre nous d’une manière ou d’une autre. Certains métiers ont dû se réinventer, d’autres ne sont plus possibles. L’occasion peut-être de se remettre en question. “La Libre” a rencontré cinq Belges qui ont changé de vie professionnelle grâce ou à cause de la pandémie. Un changement de vie professionnelle est aussi un changement de vie tout court. Faire d’une crise une opportunité, c’est ce qu’ont fait ces témoins particuliers. Place aujourd'hui à Elias Zerrad, connu sous le pseudo Darrez, qui a laissé tomber le confort du studio pour la vie dynamique d’entrepreneur.
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- Publié le 31-12-2020 à 16h36
- Mis à jour le 01-01-2021 à 22h08
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Elias Zerrad n’a que 26 ans, pourtant ce Bruxellois mène une vie professionnelle mouvementée depuis l’âge de 15 ans déjà. Son truc, c’est le multimédia, l’image, le son, la vidéo. "Je me branchais sur tous les nouveaux gadgets du moment, alors que les réseaux sociaux n’en étaient qu’à leurs débuts. Je n’étais qu’un ado, mais involontairement, sans m’en rendre compte, j’étais en train de me forger l’expérience professionnelle qui allait me permettre d’accomplir ce que je fais aujourd’hui."
À ses débuts, l’une de ses spécialités, c’est la réalisation de clips musicaux. "Je m’amusais à faire le buzz avec des podcasts. Buzz, podcast, toute une sémantique qui, je crois, n’existait même pas à l’époque, mais qui faisait partie de mon quotidien. C’est ce qui m’a ouvert les portes de mon premier job alors que je n’avais que 18 ans." Sa première expérience professionnelle, Elias l’entame à Fun Radio où il sera chargé de préparer les émissions, en coulisse. Mais très vite, il intégrera les studios pour devenir chroniqueur. "Cela s’est fait très spontanément. Pour être honnête, je n’étais même pas particulièrement attiré par la radio, mais une fois que j’ai commencé, j’ai très vite été passionné", raconte-t-il en souriant.
Elias devient Darrez et connaît le succès en radio…
Ne sachant pas trop où ce chemin le menait, il hésite à donner son vrai prénom publiquement. Plus jeune, il s’était déjà choisi un nom de scène lorsqu’il chantait, dans des vidéos partagées sur les réseaux sociaux. Elias deviendra "Darrez", qui est en fait son nom de famille prononcé à l’envers. Un pseudo qu’il gardera pour se faire aussi un nom dans l’univers de la radio.
Et le jeune chroniqueur va rapidement prendre goût à l’antenne et devenir animateur de sa propre émission. D’abord sur une petite radio locale bruxelloise spécialisée dans la musique urbaine. Ensuite, en 2015, lorsqu’il rejoint l’équipe d’Arabel. La radio locale communautaire est très écoutée par la communauté maghrébine de Bruxelles, mais souhaite élargir son public cible à travers de nouvelles émissions. Ce sera d’ailleurs l’une des missions confiées à Darrez. Il animera d’abord le 20 heures-22 heures avant de lancer De Tout pour faire un monde, entre 16 heures et 18 heures. "L’équipe était cosmopolite, à l’image de la société qu’on avait envie de rencontrer et de rendre visible. Chaque émission était à la fois un plaisir et un enrichissement."
Mais ces moments passés à l’antenne et à préparer les émissions, c’était aussi du temps qu’Elias ne consacrait plus à ses projets initiaux : le multimédia, la communication digitale. Il tentera, malgré tout, de lancer sa petite boîte de communication, timidement, en parallèle, sans jamais réussir à s’y investir comme il le souhaitait. Après cinq années dédiées à la radio, Darrez veut redevenir Elias Zerrad, lâcher le micro et se consacrer pleinement à ses activités entrepreneuriales.
… mais en pleine crise sanitaire, il veut changer de vie
Nous sommes début 2020, il se laisse une année pour y penser. Mais dès le mois de mars, le confinement pointe le bout de son nez et les émissions sont arrêtées. Elias se retrouve chez lui et s’interroge : et s’il entamait sa reconversion professionnelle en pleine crise ?
En juillet, il se décide et annonce sur les réseaux sociaux qu’il met fin à sa carrière d’animateur. Elias fait fi de la crise. Mieux, il en fait une opportunité pour développer Digiface, sa boîte de stratégie de communication marketing. "Le coronavirus a obligé les entreprises à prendre un virage digital radical pour beaucoup de petites structures. Mais le digital faisait partie de mon quotidien depuis 10 ans. J’ai donc compris que la crise pouvait être une opportunité pour donner un coup de pouce à certaines start-up et, en même temps, faire grandir mon entreprise. Ce que j’ai réussi puisque, malgré la situation, j’ai engagé une petite équipe et me voilà donc petit chef d’entreprise", dit-il.
Pourtant, ce n’est pas tout. Pendant la crise, Elias en a aussi profité pour développer une chaîne de fast-food. "Quand j’ai lancé ‘Bagel Jackson’ avec mon associé, on voulait faire un petit truc dont le core-business était le take-away. C’était en 2018. On avait investi toutes nos économies, et quand la crise sanitaire est arrivée, doublée d’une crise économique, nous nous sommes adaptés pour ne pas laisser le projet couler. Le take-away faisant partie intégrante du confinement, l’adaptation a été facile. Mais nous voulions nous démarquer à travers une stratégie de communication attractive. Par exemple, en rebaptisant les menus en fonction de l’actualité. Et la sauce a pris", explique Elias, pas peu fier d’avoir par exemple lancé, au lendemain de la nomination d’Alexander De Croo au 16, le menu "J’ai les Croo". Son petit fast-food donnera bientôt lieu à une véritable chaîne avec, non plus un, mais trois restaurants actuellement ouverts. Une fierté pour ce jeune homme qui garde toutefois les pieds sur terre, conscient qu’il a fallu faire de nombreux sacrifices pour y arriver.
Sans nostalgie ni regret pour son passé en radio ? "Un brin de nostalgie, bien sûr, mais pas de regrets. Il faut oser avancer, quitte à se tromper et si ça ne va pas, se lever et recommencer. La parole des experts est devenue sacrée avec cette crise. Pour ma part, j’ai constamment en tête celle du biologiste Raymond Latarjet qui disait que le regret est une seconde erreur."