Bruxelles passe à 30 km/h ce 1er janvier: "Je remercie les automobilistes de respecter la limitation, c'est pour sauver des vies"
Ce vendredi 1er janvier, les automobilistes devront rouler à 30 sur 85% des voiries de la Région de Bruxelles. La ministre bruxelloise de la mobilité, Elke Van den Brandt rappelle que cette mesure a pour objectif principal de sauver des vies
- Publié le 31-12-2020 à 17h39
A l'instar de l'entrée de Ganshoren avenue Charles Quint, les panneaux 30 avec l'indication "à partir du 1er janvier 2021" sont installés aux portes d'entrées de Bruxelles. La limitation de vitesse à 30 km à l'heure généralisée sur l'ensemble de la Région bruxelloise demeure l'importante nouveauté de 2021. Elle sera effective dès ce vendredi 1er janvier. A quelques heures de son entrée en vigueur, la ministre bruxelloise de la mobilité, des travaux publics et de la sécurité routière, Elke Van den Brandt (Groen) a répondu à nos questions.
Rappelez-nous, pourquoi est-il important que toute la Région bruxelloise passe à 30 ?
"Notre but est d'améliorer la sécurité routière, de sauver des vies. A 50km/h il y a beaucoup plus de risques de tuer une piétonne qu'à 30km/heure. Nous nous inspirons des villes comme celle d’Helsinki. En 2019, lors de la mise en place de la ville 30, aucun piéton n'a été tué sur les routes de la capitale finlandaise. A Grenoble,dans le sud-est de la France, le nombre de victimes d'accidents de la route a été divisé par deux. Lors d'une conférence européenne à Stockholm nous avons signé un accord qui nous engage à obtenir zéro mort et zéro blessé dû à des accidents de voiture en 2030. Passer à 30 à l'heure est une des mesures pour atteindre notre objectif. Nous voulons également créer des circonstances plus agréables aux piétons et aux cyclistes
Diminuer la pollution sonore, le bruit est également une motivation. Le maire de Grenoble s'est étonné du bruit à Bruxelles. Rouler à 30 à l'heure entraîne une diminution du bruit".
Comment allez-vous procéder aux contrôles ?
"Nous avons trois grands axes de contrôle. Il y a d'abord la sensibilisation. Nous avons informé les automobilistes via des toutes-boites et des campagnes de communication dans la presse notamment. Ensuite, des infrastructures comme les casse-vitesse ou les coussins berlinois seront installés. Et enfin les radars. 250 radars préventifs qui ne flashent pas et vous indiquent votre vitesse seront placés. Ils ont un effet positif sur le respect de la limitation de la vitesse. 60 radars de sanction supplémentaires ont également rejoint les autres déjà existants. Le Centre régional du traitement des amendes a été également renforcé. Je rappelle que nous ne voulons pas faire des amendes, nous souhaitons seulement que les règles soient respectées".
Que répondez-vous à ceux qui déplorent l'allongement de la durée de parcours que va entraîner cette limitation de vitesse ?
"En effet, je ne vais pas le nier, quelques automobilistes vont perdre deux trois minutes sur leur trajet mais je les remercie de respecter la limitation de vitesse. C'est pour sauver des vies. La plupart des victimes des accidents sont les automobilistes et leurs passagers. Notre but est de diminuer le nombre d'accidentsgraves sur les routes".
Des études montrent que la limitation de vitesse aurait des effets contrastés en ville car elle provoquerait davantage de congestion. Qu'en pensez-vous ?
"Au contraire, le fait de freiner puis de reprendre de la vitesse engendre plus d'embouteillages. C'est ce qu'on appelle l'effet accordéon. Rouler à 30 ne va pas créer des embouteillages, cela va fluidifier le trafic".
Un institut public français a réalisé une étude sur les villes à 30, notamment la commune de Grenoble. Elle relève que l'abaissement de la vitesse doit s'accompagner d'autres aménagements comme le remplacement des feux tricolores par des ronds points. Est-ce que de tels aménagements sont prévus ?
"Dans notre plan de mobilité Good Move, nous avons mis au point un plan de circulation pour 50 quartiers. Chaque année, cinq quartiers, cinq "mailles" bénéficieront d'études et d'aménagements de cette nature".
Dans ce cadre là, qu'est ce qui est envisagé pour rendre les transports en commun plus attractifs ?
"Dans le cadre de la ville 30, la Stib a mis plus de véhicules sur quelques lignes de bus. La vitesse, la ponctualité et la régularité des transports en commun doivent être assurés aux usagers. La Stib est très performante, nous avons de la chance. Nous investissons plus d'un milliard dans les transports. Des études sont en cours, tout ça est monitoré. Par exemple, nous pensons augmenter les fréquences des transports les soirs et week-end".
Bruxelles est surtout confrontée à une circulation de transit. Êtes-vous en concertation avec les autres régions et le Fédéral pour permettre aux navetteurs de venir autrement qu'en voiture ?
"Oui, nous nous concertons. Le nouveau ministre de la mobilité Georges Gilkinet souhaite des trains toutes les 30 minutes. Offrir un train confortable pour se déplacer partout est une ambition que j'encourage. La société Tec en Wallonie investit également dans ses lignes. En ce qui concerne les visiteurs, navetteurs ou touristes, nous voulons qu'ils reviennent à Bruxelles. Nous souhaitons offrir des alternatives à la voiture, des choix de transports multimodaux. Il y a par exemple des parkings de dissuasion (ou parking de transit, il y en a sept à Bruxelles, NDLR) où on peut laisser sa voiture. Ces parkings sont accessibles sur une carte. Si les gens n'ont pas d'autres alternatives que de venir en voiture, ils doivent néanmoins respecter la limitation de vitesse".