La Belgique change de stratégie pour accélérer la campagne de vaccination
La campagne de vaccination contre le coronavirus va s’accélérer, mais les soignants devront attendre leur tour.
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- Publié le 05-01-2021 à 20h44
- Mis à jour le 05-01-2021 à 20h45
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La sortie médiatique de plusieurs dizaines de médecins, responsables d’hôpitaux, infirmiers ou encore dentistes, mardi, n’aura pas eu l’effet escompté. L’ordre des priorités dans la vaccination contre le Covid-19 ne sera pas modifié. Les résidents et le personnel des maisons de repos resteront les premiers à bénéficier du vaccin Pfizer/BioNTech, seul vaccin autorisé dans l’Union européenne à ce jour. Les soignants de première ligne et des hôpitaux viendront après, malgré une lettre ouverte adressée au ministre fédéral de la Santé Frank Vandenbroucke (SP.A). Dans celle-ci, les signataires appelaient, comme le préconise l’Organisation mondiale de la santé et comme d’autres pays ont choisi de le faire, à vacciner d’abord les soignants pour solidifier le système de soins.
Peu de résidents aux soins intensifs
La trajectoire fixée par les autorités ne sera pas modifiée, explique le cabinet du ministre Frank Vandenbroucke. "Nous maintenons notre choix éthique de protéger d’abord les personnes les plus vulnérables. Ce faisant, on évitera aussi des hospitalisations. On lèvera ainsi une part de la pression qui pèse sur les hôpitaux."
Ce dernier argument est balayé par le Dr Elie Cogan, professeur émérite de l’ULB et premier signataire de la lettre au ministre de la Santé. "La limite à ne pas dépasser dans les hôpitaux, c’est la capacité des soins intensifs. Or, les résidents de maisons de repos n’y sont pas nombreux." Ce que confirme le Dr Daniel De Backer (Chirec), professeur de soins intensifs à l’ULB, lui aussi signataire de la lettre : "Durant la première vague, seuls 10 % des patients en soins intensifs avaient plus de 80 ans. La grande majorité des malades ne viennent pas des maisons de repos. On le voit dans nos unités. Par contre, l’absentéisme est grand et nous manquons de personnel. Si on doit avoir une troisième vague, il est important d’avoir un personnel bien protégé, c’est-à-dire vacciné."
Sur ce point, le cabinet Vandenbroucke fait valoir que "fin novembre, le taux de personnes ayant développé des anticorps parmi le personnel soignant des hôpitaux était de 16,8 %, contre 14,4 % dans la population en général (selon les données en provenance des dons de sang). Et une bonne part des anticorps des soignants proviennent de la première vague, durant laquelle ils étaient moins bien protégés. Le risque d’être contaminé par le coronavirus n’augmente donc pas de façon considérable quand on est soignant dans un hôpital."
Une bonne nouvelle
Le plaidoyer des soignants n’aura donc pas porté ses fruits, mais la journée de mardi leur aura tout de même apporté une bonne nouvelle. Le ministre de la Santé et le Premier ministre ont demandé à la task force stratégie de vaccination d’accélérer la campagne de vaccination. Une annonce faite par Frank Vandenbroucke aux députés de la commission de la Santé de la Chambre et qui tombait à point nommé, alors que les critiques sur la lenteur du lancement de la campagne, surtout en Flandre, se faisaient de plus en plus fortes.
Le cabinet Vandenbroucke justifie cette annonce par les garanties qu’il vient d’obtenir de la part de Pfizer/BioNTech que les quantités de vaccins annoncées seront livrées comme prévu. "Nous sommes à 87 500 doses livrées par semaine actuellement et on passera à 100 000 par semaine en février. Notre proposition, c’est qu’au lieu de mettre les secondes doses au frigo (chaque patient doit recevoir une seconde dose du vaccin 21 jours après la première, NdlR), on les utilise pour vacciner davantage de personnes plus rapidement."
La conférence interministérielle (Cim) Santé se penchera sur cette proposition ce mercredi. La task force y travaillera jeudi et le ministre de la Santé donnera davantage d’explications sur la stratégie adaptée vendredi matin à la Chambre, avant un nouveau Comité de concertation (Codeco) dans l’après-midi.
Si la France le fait…
Si cette accélération se confirme dans les faits, la vaccination des soignants de première ligne et des hôpitaux devrait pouvoir débuter mi-février, estime le cabinet Vandenbroucke. Pas si longtemps après les maisons de repos, fait remarquer un observateur.
Cela ne convainc cependant pas Elie Cogan. "On reste dans une dynamique où les soignants viennent après. C’est une décision du politique, qui estime avoir un devoir moral vis-à-vis des maisons de repos. Cela prend le pas sur le devoir moral à l’égard des soignants. C’est discutable. Profitons plutôt de cette bonne nouvelle pour commencer tout de suite la vaccination des soignants. Si la France a pu dire qu’à partir de ce lundi, elle vaccinait les soignants de plus de 50 ans, on doit pouvoir le faire aussi."