Pourquoi la Belgique parvient jusqu'à présent à éviter un confinement total: "Trois paramètres devront être suivis de près"
Certains de nos voisins se reconfinent mais la Belgique y échappe jusqu'à présent. Comment l'expliquer ?
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- Publié le 05-01-2021 à 16h30
- Mis à jour le 05-01-2021 à 16h35
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Ce mardi, ce sont les Anglais qui viennent d’y re-passer. Ils sont reconfinés jusqu’à la mi-février. Idem pour les Écossais, tout comme l’Irlande et le Pays de Galles. Si en France, de nombreux professionnels de santé décomptent déjà les semaines avant que ce scénario ne se reproduise, l’Allemagne a annoncé ce lundi prolonger son confinement jusqu'au 31 janvier, et les Pays-Bas le resteront jusqu’au 19 janvier. Alors comment expliquer que la Belgique soit à l’abri de mesures plus strictes, à ce stade en tout cas, et que le terme de reconfinement ne soit pas même pas évoqué par nos responsables politiques ?
Tout d’abord, la situation épidémique actuelle. “Il y a moins d'admissions, de décès et d'infections. Les chiffres continuent de baisser prudemment. Nous devons poursuivre les efforts”, indique Yves Van Laethem, le porte-parole interfédéral. Chez nous, nous sommes toujours bloqués dans un plateau de cette seconde vague, et même si elle persiste, avec 140 admissions par jour en moyenne à l’hôpital, la situation pour notre système de soins de santé reste moins préoccupante que pour d’autres pays. “Les pays qui reconfinent présentent un taux de transmission plus important que nous. L’incidence est de 200 pour 100.000 personnes en Belgique, c’est beaucoup moins par exemple que la France, le Luxembourg et la Suisse”, constate Yves Coppieters, professeur de santé publique à l’ULB.
Autre point de satisfaction, les célébrations autour de Noël, qui n’ont pas eu d’incidence au niveau de la transmission, même s’il faudra s’assurer que le Nouvel an suive la même tendance d’ici une dizaine de jours.
De plus, la souche observée au Royaume-Uni n’inquiète pas les experts, même si la Belgique a détecté durant le mois de décembre "4 cas de variant britannique", a expliqué Van Laethem durant la conférence de presse de ce mardi , expliquant qu’ils ont été retrouvés en Flandre. Ces cas sont restés les seuls.
De son côté, le variant d’Afrique du Sud pose plus de questions mais il n’a pas été (pour le moment) détecté dans notre pays. “Il est plus contagieux chez les jeunes mais s’il n’entraîne pas forcément de forme plus grave ou de mortalité plus importante. On n’a pas encore toutes les données sur cette souche. Ce qui est sûr, c’est qu’il a de grandes chances après coup d’être transmis auprès des populations plus vulnérables. Il faut donc être beaucoup plus vigilant dans les écoles”, met en garde Coppieters qui pointe du doigt différents paramètres encore inconnus en Belgique, et qui devront être suivis de près dans les jours à venir afin d’éviter un scénario à l’anglaise.
Trois paramètres à suivre
Dans un premier temps, il faudra tenir particulièrement à l'oeil la situation chez les enfants avec la rentrée scolaire. “Il faut une stratégie de surveillance et de détection plus forte dans les écoles, d’autant plus qu’avec cette souche mutante, on sait que les contaminations sont plus fortes chez les 13-17 ans. Il va donc être essentiel d’avoir une capacité d’isolement plus rapide auprès des jeunes”. Et selon lui, cela peut passer par la mise en place de tests rapides au sein des écoles pour intervenir au plus vite lorsqu’il y a un cas positif.
Autre inconnue relevée par Yves Coppieters, celle relative à la sphère professionnelle. “Il semble qu’une grande partie des travailleurs soient retournés au bureau, c’est pour cela que les contrôles au niveau du télétravail doivent s’intensifier. On sait que c’est un risque réel en termes de contaminations. Il faut rappeler que la norme officielle reste le télétravail”.
Le dernier paramètre à surveiller est lui directement lié au retour de vacances, avec notamment le respect de la quarantaine, “mais aussi les deux tests à réaliser, on se rend compte que le système n’est pas fiable et qu’il y a encore des soucis administratifs. Il faut insister sur ces rappels pour que les gens soient convoqués et les réalisent réellement”.