La douche froide pour le sport amateur: les experts ne veulent pas de reprise généralisée avant des semaines
Le sort du sport amateur, à l’arrêt pour les plus de 13 ans, était au centre d’une réunion chez la ministre Glatigny. Pas question de reprise généralisée avant des semaines, disent les experts. La douche froide ! "Je crains qu’il n’y ait pas d’espoir avant mars" a déclaré la ministre Valérie Glatigny.
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- Publié le 08-01-2021 à 06h41
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Pour eux aussi, le temps commence à être vraiment long. Les sportifs amateurs de plus de douze ans, privés de leur discipline depuis des mois, trépignent. Alors que leurs jeunes confrères continuent pour la plupart à shooter, lancer, smasher, courir, les treize ans et plus en sont exclus depuis octobre. Une catastrophe à plusieurs titres, se plaignent les fédérations sportives dont les présidents étaient conviés à une réunion, ce jeudi, avec leur ministre de tutelle, Valérie Glatigny (MR). "Le pire, c’est qu’on n’a aucune perspective", regrette Jean-Pierre Delchef, le président de l’AWBB (l’Association Wallonie-Bruxelles de basket). "Le sport amateur est laissé pour compte car il n’est pas une priorité économique", renchérit Salvatore Zandona, le président de la fédération belge de rugby.
Début décembre 2020, le secteur s’était pris à espérer. Dans plusieurs disciplines, la date du 15 janvier, lointaine à l’époque, était avancée pour une reprise possible des entraînements, avec un retour aux compétitions un mois plus tard. Les déclarations actuelles du Premier ministre comme du ministre fédéral de la Santé anéantissent ce scénario.
De son côté, la ministre Glatigny évoque l’idée d’une reprise graduelle. Pas toutes les disciplines en même temps, et peut-être pas dans les conditions normales. Vestiaires ? Buvettes ? Public ? Les experts sanitaires détermineront ce qui sera possible. Mais quand ? Plusieurs d’entre eux étaient présents à la réunion avec les fédérations. "Ils ont laissé entendre qu’il n’y aura sans doute pas de reprise généralisée avant mars", rapporte Valérie Glatigny.
Dans les clubs, la situation se dégrade
En attendant, dans les clubs, la situation se dégrade. "J’ai convoqué une réunion d’urgence", explique Mathilde Vandorpe, la présidente du Royal Dauphins Mouscronnois (water-polo et natation). "Nous devons absolument faire quelque chose dès maintenant." Elle confirme que l’incertitude actuelle est un désastre à plusieurs titres. "Financièrement, d’abord : cette saison déjà, nous avons accordé une réduction de cotisation à nos membres vu le confinement de la saison passée mais, vu l’arrêt de cette année, la question se pose à nouveau. À côté de ça, nous n’avons plus aucune autre recette (tournois, soupers de soutien, ventes diverses) puisque tout est à l’arrêt. En mal de visibilité, plusieurs sponsors ne nous ont encore rien versé, étant parfois eux-mêmes en difficulté. Par contre, il faut continuer à payer une série de frais fixes : la location des couloirs à la piscine, les salaires, etc." À ce propos, les règles concernant le travail associatif ont changé. Le sport conserve in extremis la possibilité d’utiliser des contrats APE, supprimés ailleurs, mais seulement jusqu’en décembre 2021 et frappés d’une fiscalité plus lourde. "Cela coûte plus cher aux clubs qui veulent donner autant qu’avant à leurs collaborateurs", mentionne-t-elle encore.
Sportivement aussi, son club galère. L’arrêt prolongé entraîne une baisse de niveau et des départs potentiels de joueurs.
Une aide est indispensable
La démotivation possible des sportifs adolescents est également un sujet de préoccupation. "Au-delà du risque pour les clubs de perdre des membres, poursuit la présidente, c’est la santé physique et mentale des 13-18 ans qui est en danger, surtout si certains décident d’arrêter complètement le sport : l’impact à long terme sera terrible !"
"Ce serait catastrophique , insiste Salvatore Zandona (fédération belge de rugby), compte tenu du rôle social que joue aussi la pratique d’un sport en club."
Plus l’interruption se prolongera, plus ce sera compliqué. Du basket et du rugby aux sports de piscine, en passant par les autres sports de ballon, les sports de raquettes, les sports de combat et les autres, aucun club n’est épargné, même si la situation varie quelque peu de l’un à l’autre. "Des communes ont par exemple suspendu les contrats de loyers, relaie Jean-Pierre Delchef (AWBBasket). M ais il me revient que certains clubs sont menacés et que d’autres envisagent de revoir leurs ambitions à la baisse."
C’est clair : une aide financière conséquente est indispensable. Les présidents de fédérations l’ont rappelé ce jeudi à Valérie Glatigny. Le hic, c’est que la Fédération Wallonie-Bruxelles compte pas moins de 65 fédérations et 7 000 clubs. Comment éviter que, saupoudrés, les 3 millions d’euros d’aide prévus ne représentent que peau de chagrin pour chacun ? La ventilation devrait être précisée la semaine prochaine, annonce la ministre, qui prévoit que la Fédération Wallonie-Bruxelles ne pourra pas tout éponger seule. Et de suggérer : "Il faudrait créer une sorte d’union sacrée autour du sport avec le maximum de partenaires possible…"