Vers une fermeture des frontières belges ? Le gouvernement De Croo est "en stand-by"
Afin de lutter contre les variants du coronavirus, les experts plaident pour la fermeture des frontières, mais l'exécutif n'en veut pas pour le moment.
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- Publié le 15-01-2021 à 22h12
- Mis à jour le 15-01-2021 à 22h42
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Pour le virologue Marc Van Ranst, il serait logique de fermer les frontières pour éviter la circulation transfrontalière des nouveaux variants du coronavirus. "Déconseiller fortement [les voyages à l’étranger], ce n’est pas la même chose qu’interdire. […] Nous faisons actuellement bien les choses, ce serait bien d’éviter l’arrivée de ces variants", a-t-il commenté, vendredi matin, sur les ondes de la VRT radio.
Au niveau politique, cependant, la fermeture des frontières "a souvent été évoquée, mais toujours recalée", nous glisse un ministre. Plusieurs raisons sont évoquées, telles que les conséquences économiques (sachant que la Belgique a une économie ouverte) ou la situation des familles dont les membres vivent de part et d’autre de la frontière.
Il y a aussi la difficulté de contrôler l’effectivité de la mesure. Lorsque l’on parle de fermeture des frontières, il est entendu que les voyages essentiels resteraient autorisés, comme ce fut le cas au printemps. Cela impliquerait, entre autres, de contrôler tous les travailleurs transfrontaliers, diplomates et autres fonctionnaires européens qui se rendent à Bruxelles… "Décider de fermer les frontières, c’est facile ; faire respecter la mesure, c’est beaucoup plus compliqué", résume une source gouvernementale.
Gouvernement en stand-by
Le gouvernement De Croo est "en stand-by", pour reprendre l’expression de l’un de ses membres. L’exécutif devait recevoir vendredi soir un rapport du Gems, ce groupe d’experts sur la stratégie de crise pour le Covid-19. Des informations étaient notamment attendues sur les variants (dont le fameux variant britannique, supposé très contagieux) ou sur la contagiosité des enfants. En fonction des éléments reçus, le Comité de concertation (la réunion des différents gouvernements du pays), normalement prévu le vendredi 22 janvier afin de faire le point sur les mesures sanitaires, pourrait être anticipé, peut-être déjà ce week-end ou au début de la semaine prochaine.
Durcissement des règles aux frontières
Le gouvernement fédéral a toutefois, dès à présent, décidé de durcir les règles d’entrée sur le territoire national. La ministre de l’Intérieur, Annelies Verlinden (CD&V), a annoncé vendredi matin que les règles applicables aux voyageurs qui se rendent en Belgique par bateau ou par avion, s’appliquent désormais aussi aux voyageurs qui arrivent en bus ou en train au départ d’un pays situé en dehors de l’Union européenne ou de l’espace Schengen, y compris le Royaume-Uni.
Concrètement, cela signifie que tous ces voyageurs devront remplir le document FLP (Formulaire de localisation du passager), indépendamment de la durée de leur séjour à l’étranger et en Belgique. Pour ceux qui viennent d’une zone rouge et qui n’ont pas leur résidence principale dans notre pays, il faudra présenter un test PCR négatif (test de dépistage du Covid-19) avant leur arrivée en Belgique, et suivre les règles de mise en quarantaine.
"Éviter le yo-yo" avec les mesures
La conférence interministérielle Santé a par ailleurs annoncé, vendredi soir, que tous les contacts à haut risque devront être testés le premier et le septième jour de la quarantaine à partir du 25 janvier. Ce dispositif "est nécessaire pour limiter davantage la propagation du virus", ont indiqué les ministres de la Santé dans un communiqué.
Est considéré comme contact à haut risque, le contact avec une personne, testée positive au Covid-19, pendant plus de 15 minutes à moins d’1,5 mètre de distance et sans masque.
Pour la suite des opérations, "on est dans la continuation de ce qui a été fait jusqu’à présent, commente une source de premier plan. On essaye d’être constant dans notre approche, d’éviter le yo-yo, une fois en allégeant les mesures, une autre fois en devant les durcir."
L’évolution de la situation sanitaire, nous dit-on, ne plaide pas en la faveur d’un assouplissement des mesures en vigueur. Les bonnes nouvelles risquent d’être peu nombreuses à l’issue du prochain Comité de concertation, qu’il ait lieu le 22 janvier ou plus tôt.