Pourquoi il sera difficile pour le fédéral d'interdire les voyages touristiques

Afin de garder les contaminations sous contrôle, les voyages touristiques à l’étranger pourraient être purement et simplement interdits, ce vendredi, lors du Comité de concertation (Codeco). C’est ce qu’il ressort des discussions menées ce mercredi en "kern" (la réunion des principaux ministres du gouvernement fédéral). Restons prudents : il ne s’agit à ce stade que d’une piste possible, voire probable.

Le "traumatisme" du Carnaval

De nombreux problèmes concrets rendent cependant une décision aussi radicale complexe à mettre en œuvre. "Comment définit-on ce qu’est un voyage touristique ? Va-t-on contrôler les gens en leur délivrant ou pas une autorisation de déplacement selon les cas ?, s’interroge, incrédule, une source fédérale. Par ailleurs, les experts n’arrivent pas à s’accorder sur l’impact réel des voyages sur les statistiques de contamination. Est-ce que la hausse est due aux retours de vacances ou bien, simplement, à la reprise du travail après les congés de Noël et de Nouvel An ? On n’en sait rien, en fait… On reste traumatisé par l’explosion de cas en Belgique qui a suivi les vacances de Carnaval de 2020. Mais il faut prendre des décisions rationnelles, pas émotionnelles."

Le ministre fédéral de la Santé, Frank Vandenbroucke (SP.A), fidèle à sa ligne "dure" en matière de contrôle de la pandémie, serait en faveur de l’interdiction des voyages. D’autres membres du kern, surtout les libéraux, sont plus sceptiques. Quoi qu’il en soit, la Belgique ne veut pas décider seule en matière de frontières. Le débat va être abordé au niveau européen par le Premier ministre, Alexander De Croo.

Métiers de contact : des perspectives

À l’issue du kern de ce mercredi, il se confirme également que la situation délicate des métiers de contacts sera abordée en Codeco. "Il est question de donner des perspectives mais sans plus, nous confie-t-on. On ne compte pas annoncer vendredi la réouverture des coiffeurs. Mais, au sein du kern, on sent que de plus en plus de personnes sont convaincues qu’il faut rendre de l’espoir à ce secteur."

Enfin, des critiques sont formulées à l’égard du manque de clarté de l’agenda des prochaines semaines. Les couacs et les retards dans les commandes et les livraisons des vaccins empêchent de planifier un déconfinement. "À ce rythme, on n’arrivera pas à vacciner 70 % de la population pour l’été, se désespère un observateur fédéral. Mais bon, l’absence de tendance claire dans l’évolution actuelle des indicateurs ne nous permet pas de trancher clairement dans un sens ou dans l’autre. Un jour ça monte, un jour ça descend."