La restriction des loisirs chez les enfants fait grincer des dents: "Les petits vont payer cher la bulle d’oxygène donnée aux grands"
Le fédéral a avalisé la proposition des ministres de la Jeunesse. Les activités des moins de 13 ans sont réduites. Et quelques possibilités apparaissent pour les 13-18. Les réactions se succèdent.
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Publié le 27-01-2021 à 20h21 - Mis à jour le 29-01-2021 à 15h30
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Mais qu’est-ce qu’ils ont encore inventé ?" Depuis l’annonce, mardi soir, de nouvelles mesures concernant les activités extrascolaires, Olivier, papa de trois garçons, s’arrache les cheveux qui lui restent pour composer le calendrier familial des prochaines semaines. Les deux petits, toujours en primaire, étaient jusqu’ici plutôt épargnés par les restrictions imposées par l’épidémie de coronavirus. Ils avaient école tous les jours, foot le mercredi, baladins (pour l’un) et louveteaux (pour l’autre), le samedi. "Ils vont devoir choisir entre le sport et les mouvements de jeunesse. Sur base de quels critères ? Je ne vois pas bien. Et pourquoi limiter des activités qui n’ont jusqu’ici pas posé le moindre problème ? Je n’ai entendu nulle part que les scouts ou les clubs de sport étaient des nids à Covid pour les moins de 12 ans !"
"Ça promet pour l’organisation…"
Les gamins n’auront peut-être pas à trancher, soupire Olivier. "Si les activités des jeunes enfants sont limitées à des bulles de 10 maximum, ça promet pour l’organisation ! Va-t-on dédoubler les groupes ? Ou les limiter et n’accepter que les dix premiers qui arrivent à l’entraînement. Ou laisser tout tomber parce que c’est impossible à mettre en place ?"
Une fenêtre entrouverte
À première vue, le sort de l’aîné paraît plus enviable. Depuis octobre, l’ado en 3e humanités ne voit plus ses copains et ses professeurs qu’une semaine sur deux. Et il a dû faire une croix sur le tennis et les scouts, l’espoir rivé sur le camp d’été… Les différents ministres en charge de la Jeunesse ont décidé d’ouvrir un peu la fenêtre pour les 13-18 ans qui pourront désormais pratiquer une activité extrascolaire, en extérieur, à maximum dix. Le grand n’a pourtant pas sauté de joie ("Ouais, enfin, pour le tennis, ça change rien…"), rapporte le papa. Si on fait la balance, cette mesure, "c’est de la poudre aux yeux, une petite bulle d’air pour les ados que les petits vont payer cher".
Délégué général aux droits de l’enfant, Bernard De Vos exprime une déception amère face à cette mesure. Interrogé mercredi par l’agence Belga, il regrette que "le monde politique pense savoir ce dont les ados ont besoin, mais sans le leur demander". Le sport, c’est bien, mais ce n’est pas la priorité, lance M. De Vos. Ce dont les jeunes ont besoin, c’est de reconnaissance, de participation et de respect : "Or depuis le début de cette crise, le politique ne les écoute pas." D’autres mesures auraient pu dire aux jeunes "On s’intéresse à vous", ajoute Bernard De Vos.
Une activité par semaine
Le Délégué général critique aussi la logique de vases communicants derrière cette réouverture partielle des activités pour les 12-18 ans. Le politique a choisi d’opérer un rééquilibrage des mesures au sein du secteur jeunesse, sans chercher à dégager de la marge auprès d’autres secteurs, comme les entreprises. "On aurait pu augmenter le budget de contacts des jeunes en contrôlant plus sévèrement le respect de l’obligation du télétravail", avance-t-il.
La Ligue des familles déplore elle aussi que la mesure destinée aux ados soit prise "au détriment" des plus jeunes qui devront désormais se contenter d’une seule activité par semaine et par groupes de dix maximum.
"Les enfants de moins de 13 ans vont à l’école à temps plein, mais ils ont tout autant besoin de pratiquer un sport, de participer à un cours de musique ou à un mouvement de jeunesse. […] Alors qu’on parle partout du bien-être des jeunes, est-ce vraiment indispensable d’enlever des libertés aux plus petits ?" Le directeur de la Ligue, Christophe Cocu, s’interroge aussi sur la mise sur pied d’un système "aussi complexe à appliquer qu’invérifiable".
Préserver les plus fragiles
Cette bouffée d’oxygène pour les plus de 12 ans ne résoudra pas les difficultés vécues par tous les ados : les enfants n’ont pas tous accès à des activités extrascolaires, ajoute la Ligue. Cette "avancée" n’en est pas une pour les jeunes issus de familles précarisées. "Tout en limitant la propagation du virus, il est important de trouver un équilibre qui préserve les jeunes, et plus largement les familles les plus fragiles, des conséquences de cette crise", insiste Christophe Cocu.