Real, tétraplégique, vit seul à Louvain-La-Neuve: "Je me retrouve à faire appel, sur Facebook, à des inconnus"
Si le confinement actuel et les mesures imposées pour limiter la propagation du Covid-19 et de ses variants affectent l’ensemble de la population, le contexte sanitaire actuel touche particulièrement les personnes en situation de handicap.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/e1f8177e-056d-41d8-a580-f7ba8ebc507b.png)
- Publié le 04-02-2021 à 16h48
:focal(763x1029:773x1019)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/ORWIHCNNJBD77MAIMD5JEFQ4FU.jpg)
La vie de Real Hutchinson, infirme moteur cérébral (IMC), s’est considérablement compliquée depuis le début de l’épidémie. Tétraplégique, l’homme de 41 ans habite seul dans un appartement à Louvain-la-Neuve. Il a fait consciemment ce choix de l’autonomie totale. “Je me suis battu pour. Mais il y a de moins en moins de services qui se déplacent pour venir à la maison”, témoigne le quadragénaire. La cité universitaire s’est aussi vidée de ses étudiants, qui lui donnaient des coups de main. “Je me retrouve à faire appel, sur Facebook, à des gens que je ne connais pas”. C’est “galère, galère, galère”…
“Je suis enfermé H24 avec mon ordi et ma télé”
Les assistantes sociales du CPAS ne viennent plus à domicile ; les aides familiales refusent d’entrer : elles déposent les courses sur le pas de la porte, regrette le quadragénaire. “Le Covid sert d’excuse à beaucoup de services sociaux”, regrette-t-il. “Et quand une personne des titres-services ou une aide familiale est malade, on ne me prévient pas. Je n’ai pas la possibilité de trouver une autre solution”.
Si la situation a changé en raison du Covid, les besoins d’assistance de Real Hutchinson sont restés inchangés. “J’ai toujours besoin des mêmes services. Plus on les réduit, plus mon autonomie est réduite”.
D’autant qu’il a dû déménager et occupe un appartement qui n’est plus adapté aux personnes à mobilité réduite. Il faut qu’un voisin soit disponible s’il veut sortir de chez lui : impossible de franchir seul les deux portes coupe-feu avec sa voiturette électrique.
Seuls les infirmiers viennent encore, deux fois par jour, pour le passer du lit au fauteuil et du fauteuil au lit... “Depuis le Covid, ils viennent à l’heure qu’ils veulent. Le matin, c’est aussi bien à 7 heures qu’à midi. Et le soir, c’est entre 17 heures et 22 heures”.
À part faire les courses, “comme il n’y a plus rien à faire d’autre”, son quotidien, “c’est le néant le plus total”, décrit-il. Un ami ou l’autre passe de temps en temps. “Mais je ne peux recevoir que deux personnes. Je suis enfermé H24, avec mon ordi et ma télé. Je me lève pour me recoucher.”
Il arrive que le quadragénaire craque. “Je commence à déprimer et à boire de l’alcool, plus que de raison. Pour me détendre et éloigner les pensées négatives”.