Chaque jour, 310 doses de vaccin anti-Covid sont jetées à la poubelle en Belgique
A l'heure où la campagne de vaccination est susceptible de basculer, alors que chaque dose compte, plus de 18.500 doses ont été gaspillées notamment à cause de problèmes de transport, d’erreurs humaines ou logistiques.
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- Publié le 02-03-2021 à 17h41
- Mis à jour le 11-03-2021 à 11h11
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La Belgique enregistre un nombre de doses “gaspillées”, c’est-à-dire inutilisables, suite à un incident enregistré durant le transport ou la manipulation, proche des 2 % des doses administrées. Selon les données fournies par Pfizer et Moderna, 18612 doses (17404 chez Pfizer et 1208 pour Moderna) ont été jetées à la poubelle depuis le début de la campagne de vaccination, à savoir le 28 décembre dernier, soit près de 310 doses égarées par jour.
Il peut s’agir de petites erreurs humaines lors de l’administration ou de l’extraction du produit avec une seringue. Parfois, des flacons sont brisés lors du transport ou n’ont pas été entreposés correctement. “De plus, il s’agit de flacons multidoses et donc quand il sont ouverts et que tout le monde n’est pas forcément venu se faire vacciner, il y a une perte. Cela peut être également lié au crash d’une caisse de vaccin qui a pu tomber du frigo ou du camion, voire encore d’un frigo qui a dégelé”, indique l’immunologue Pierre Coulie (UCLouvain). Et si la Belgique compte 40 hubs de vaccination, ces hubs hospitaliers ne concernent que le vaccin Pfizer/BioNTech, qui demeurent plus complexes à gérer, les autres passant déjà par un dépôt national.
C’est pour cette raison que la perte de doses est plus élevée chez Pfizer. Une fois dégelé, ce vaccin ne peut en effet plus être utilisé que dans un laps de temps limité. Ces vaccins peuvent en effet être conservés au frigo pendant cinq jours, quand ils sont envoyés dans les lieux de vaccination. “C’est lié à plein de facteurs imaginables. La livraison des stocks ne permet pas d’avoir tous les flacons conformes aux attentes Plus vous avez de conditions à respecter, plus il y a de pertes. Malgré tout ici, on reste à un peu moins de 2 % de perte, ce qui est remarquable”, réagit la Task force vaccination.

“On peut limiter ces pertes”
En revanche, une fois préparés, ils doivent être utilisés dans les cinq heures, ce qui risque de provoquer quelques pertes dans les semaines à venir.
Car si toutes les doses ne sont pas utilisées dans le temps imparti, il est hors de question de les recongeler. C’est le même principe que pour les aliments. La task force vaccination précise que lorsqu’un flacon est ouvert, il est obligatoire de vacciner au moins 10 personnes en six heures, au risque de perdre le produit. Une perte mineure mais qui pourrait être évitée ou en tout cas limitée pour Catherine Fonck, députée fédérale (CDH).
“L’organisation doit être parfaite, agile et efficace avec pour objectif de ne pas perdre la moindre dose et d’injecter toutes les doses dont on dispose au plus vite. Chaque jour de perdu est un jour de trop. Je plaide pour qu’on puisse permettre aux gens (les personnes à risques en priorité) de s’inscrire à la vaccination et de pourquoi pas organiser des séances de rattrapage au vu des faibles chiffres de la fréquentation de la semaine passée. Il faut limiter ces pertes. Comme pour les 400.000 doses stockées dans les frigos pour des raisons techniques également, il faut vacciner en urgence et massivement. C’est comme cela qu’on évitera une troisième vague”, pointe du doigt celle qui est médecin de formation.
Au niveau de la task force fédérale, il est désormais tenu compte en permanence d’une perte de 2 % des doses dans le calendrier de vaccination. Mais cette dernière insiste que le maximum est fait pour limiter tant que possible les pertes. Les équipes essaient aussi d’éviter le gaspillage des flacons en utilisant aussi “les restes” de produit.
De nouvelles formules pour faciliter la conservation du vaccin
Une nouvelle autorisation permet aux doses Pfizer et Moderna d’être transportées et conservées dans des conditions plus flexibles..
Pour le vaccin Pfizer, l’un des trois utilisés dans l’UE et dont la Belgique a commandé 12,5 millions de doses, le transport et stockage sont conditionnés au maintien de températures glaciales entre -80 et -60 degrés, nécessitant l’usage de contenants spécialisés.

Toutefois, si la conservation à long terme (jusqu’à six mois) devra toujours se faire aux mêmes températures glaciales, BioNTech et Pfizer ont demandé à la FDA d’autoriser un stockage pendant deux semaines entre -15 et -25 degrés.
Cette durée s’ajouterait à la possibilité de conserver le produit dans un réfrigérateur normal (entre +2 et +8 degrés) pendant cinq jours. BioNTech et Pfizer disent d’ailleurs travailler sur de nouvelles formules qui pourraient rendre notre vaccin encore plus facile à transporter et utiliser. Cette autorisation par la FDA est donc importante et permet aux doses d’être transportées et conservées dans des conditions plus flexibles.
L’autre vaccin basé sur la technologie de l’ARN messager, celui de Moderna, peut lui être conservé pendant six mois à -20 degrés et rester stable au réfrigérateur classique pendant 30 jours et ne représente d’ailleurs que 0,75 % des pertes totales.