Les analyses des traces de Covid dans les eaux usées rendues publiques dans un mois : "Je ne comprends pas pourquoi on prend autant de temps"
L'analyse des eaux usées en Wallonie pourrait aider à la détection de clusters.
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Publié le 02-03-2021 à 09h07 - Mis à jour le 15-03-2021 à 19h22
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Si les données relatives aux traces de Covid présentes dans les eaux usées, recueillies par la SPGE (en charge de la gestion de l’eau en Wallonie) et confiées à l’Institut de santé publique Sciensano, avaient été utilisées ces dernières semaines, la remontée des cas de ces derniers jours aurait peut-être pu être anticipée. Et l’issue du Comité de concertation de vendredi, où aucun assouplissement aux mesures sanitaires n’a été décidé, peut-être différente.
Des traces plus importantes du virus ont, en effet, été détectées dans certaines stations d’épuration. Les tendances de ces données sont souvent confirmées plusieurs jours plus tard par les chiffres du testing et des hospitalisations. Cet outil d’anticipation peut donc se révéler précieux. Le grand-duché du Luxembourg s’en sert déjà, tout comme plusieurs municipalités françaises.
Certes, ces chiffres doivent être manipulés avec précaution. On sait que, en cas d’intempéries, les analyses peuvent être tronquées et il est nécessaire de mettre en place des outils qui permettent de corriger ces erreurs. Mais cela ne leur enlève pas leur caractère prédictif qui permettrait de lutter "efficacement contre les clusters qui se créent", commente la députée wallonne Diana Nikolic (MR). Elle réclame depuis des semaines la publication de ces données en open data que Sciensano garde jalousement.
Une gestion différente de la crise
Lorsqu’elle interroge les ministres wallons compétents - Céline Tellier (Écolo), qui a la tutelle sur la SPGE, ainsi qu’Elio Di Rupo (ministre-Président wallon, PS) et Christie Morreale (Santé, PS) - qui reçoivent aussi ces chiffres, on la renvoie systématiquement vers Sciensano. Une des raisons bien souvent invoquées par différents interlocuteurs pour expliquer cette très grande prudence réside notamment dans la crainte de créer la panique si ces données étaient publiques et mal interprétées.
Et chez Sciensano, qu’en dit-on ? "Actuellement, les résultats d’analyses du Sars-CoV-2 dans les eaux usées ne sont pas encore publiables pendant au moins un mois. La raison de cela est que les résultats font encore l’objet d’analyses complémentaires et d’application de facteurs correctifs pour une bonne interprétation épidémiologique", explique-t-on au service de presse.
Dans un mois au minimum, ces chiffres devraient donc être disponibles pour tout un chacun. "Une fois ces analyses complémentaires finalisées, les résultats des eaux usées devraient être rapportés de façon similaire à ce qui se fait pour les autres indicateurs épidémiologiques, c’est-à-dire intégrés dans le rapport hebdomadaire de Sciensano, ensemble avec les autres indicateurs de suivi de l’épidémie. Aussi au niveau du Risk Assessment Group. Et enfin au travers d’un tableau de bord accessible au public."
Cette réponse, déjà entendue, ne préjuge en aucun cas de la publication prochaine de ces données. "Pourtant cela devrait permettre de travailler en amont et d’enclencher, pour une zone touchée, une procédure de testing et de tracing plus importante. Pour l’instant, on se contente de réagir. Ce n’est bien entendu pas le seul outil, mais je ne comprends pas pourquoi on prend autant de temps avant de publier ces chiffres", conclut la députée MR.