"Vous n'avez pas à me faire la morale" : le ton monte entre bourgmestres et experts sur la réouverture de l'Horeca

Le bourgmestre de Middelkerke, Jean-Marie Dedecker, accepte difficilement le report de la réouverture de l'Horeca.

E.L
"Vous n'avez pas à me faire la morale" : le ton monte entre bourgmestres et experts sur la réouverture de l'Horeca
©Belga

Ce mercredi, le Comité de concertation a décidé d'autoriser la reprise partielle du secteur de l'Horeca le 8 mai, en permettant aux cafetiers et restaurateurs d'ouvrir leurs terrasses à partir de cette date.
Pour nombre de tenanciers, à qui l'on avait fait miroiter la date du 1er mai pour une reprise totale du secteur, cette annonce a eu l'effet d'un coup de massue. Si bien que plusieurs restaurateurs ont déjà annoncé vouloir rouvrir leur terrasse dès le premier jour de mai. Plusieurs bourgmestres ont également avancé cette possibilité, à l'instar de Jean-Marie Dedecker, bourgmestre de Middelkerke.

Les déclarations du bourgmestre de cette commune côtière ont de quoi agacer les experts. Elles ont d'ailleurs donné lieu à un débat houleux entre le principal intéressé et Marc Van Ranst, ce jeudi soir sur la chaîne flamande Canvas.

"Fatigué d'être trompé"

"Le secteur de la restauration est fermé depuis presque sept mois maintenant", a déploré Jean-Marie Dedecker. "Pendant les vacances de printemps, les terrasses n'ont pas été autorisées à ouvrir car cela aurait remis en cause la date du 1er mai pour la réouverture complète de la restauration. Et maintenant, les autorités disent à nouveau que cela doit être huit jours plus tard. Je suis fatigué d'être trompé", s'est agacé le politique flamand.

Pour justifier la réouverture des terrasses, le bourgmestre avance que le risque d'infections est très faible à l'extérieur: "Les gens vont s'asseoir tranquillement en terrasse, ils vont acheter une bière, manger leur repas et feront cela de manière très disciplinée et en toute sécurité. Il n'y a pratiquement pas de contaminations à l'air libre. Une sur mille. Je peux le prouver sur la base de quatre études."

Le virologue Marc Van Ranst reconnaît que le risque de contaminations est faible, mais insiste sur l'importance de respecter la décision et ne pas ouvrir de manière anticipée. "Je suis sûr que les terrasses n'ouvriront pas le 1er mai. Parce que personne n'y est favorable. Ce que vous faites, c'est jouer avec les pieds du secteur de la restauration d'une manière très populiste. Car que devraient faire les restaurateurs ? Ouvrir et payer des amendes ? Ils peuvent vous aimer, mais ils ne vous aimeront pas au point de payer des amendes", a déclaré l'expert. "Je ne suis pas non plus certain que votre chef de police ne suivra pas le décret ministériel".

Dedecker a alors rétorqué que le bourgmestre, lui-même, est "le patron" de la police, avant de s'en prendre directement au virologue. "Pourquoi n'avez-vous pas fait pression pour que les gens puissent s'asseoir en terrasse bien plus tôt, si vous dites vous-même qu'en plein air il n'y a pas de problème ? Maintenant, vous enfermez les gens et les empêcher de sortir. En tant que virologue, vous devriez dire : tout le monde dehors."

"Vous n'avez pas à me faire la morale"

Alors que Van Ranst réinsistait sur le risque de contraventions pour les restaurateurs, le bourgmestre de la station balnéaire a déclaré: "Vous ne devriez pas vous soucier de cela. Vous êtes un virologue. La conséquence politique, c'est mon problème". Ce à quoi l'expert a rétorqué: "En tant que représentant du peuple, vous devriez être un exemple. Lorsque vos citoyens vous voient entraver les mesures, ce n'est pas un bon exemple."

"Je suis un exemple", a ensuite répondu le bourgmestre. "Lorsque des mesures insensées sont prises et que des compromis politiques veulent reporter l'ouverture des terrasses d'une semaine, devons-nous simplement accepter cela parce que dans les coulisses du pouvoir, de telles choses sont décidées ? En tant que bourgmestre, vous n'avez pas à me faire la morale. Vous êtes le bienvenu pour rejoindre une liste politique vous-même, si vous le souhaitez", a-t-il lancé, furieux. "Vous devez gérer le virus. Moi, je dois gérer la population", a-t-il conclu.

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