Pour Yves Coppieters, certaines mesures doivent être renforcées pour éviter la propagation des variants indiens et brésiliens
Pour Yves Coppieters, la Belgique est prise au dépourvu face à certains variants à cause de sa superficie et de sa situation géographique au sein de l'Europe. C'est donc aux dirigeants de l'Union européenne de prendre des mesures plus fortes pour éviter la propagation des variants indiens et brésiliens dans nos contrées, d'après l'épidémiologiste de l'ULB.
- Publié le 23-04-2021 à 14h09
- Mis à jour le 23-04-2021 à 14h47
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Cette semaine, la Belgique a détecté pour la première fois des cas de variant indien sur son territoire . Il s'agit, notamment, de 20 étudiants indiens en séjour en Belgique qui sont arrivés à l'aéroport Charles de Gaulle à Paris le 12 avril et se sont ensuite rendus à Louvain et Alost. Ce nouveau variant inquiète les experts de la santé, et des mesures doivent être mises en place au plus vite pour éviter que ce dernier ne se répande dans notre pays. Pour Yves Coppieters, épidémiologiste à l'ULB, les mesures doivent être renforcées aux frontières. "Il faut mettre en oeuvre des mesures assez fortes pour limiter sa propagation. La surveillance aux frontières doit vraiment être renforcée. Ce groupe de jeunes Indiens qui ont amené le variant, tout comme d'autres personnes aussi certainement, venait d'une zone à forts risques de contamination, mais n'ont pas eu de problèmes pour venir jusqu'en Belgique. A un moment, soit on empêche ce type de venue sur notre territoire ou même sur le territoire européen, soit on s'assure que tout ressortissant venant de ces zones se mette dans une quarantaine contrôlée 7 à 10 jours avec deux tests."
Le professeur de santé publique estime que si la Belgique n'adopte pas cette stratégie systématiquement avec toutes les personnes qui reviennent de zones à risques, beaucoup de voyageurs positifs à ce variant ne pourront logiquement pas être détectés et ils exposeront la population belge à un nouveau risque. "Certains pays ont arrêté les vols directs vers les pays à risques mais ce groupe d'indiens a atterri à Paris avant de venir chez nous. Cela prouve qu'il y a toujours moyen d'arriver à destination via d'autres pays. Si on ne base le contrôle aux frontières que sur les vols d'avions, c'est insuffisant. Le contrôle des frontières passe aussi par le contrôle des frontières terrestres, c'est capital."
Une stratégie différente devrait toutefois être mise en place selon l'endroit d'où l'on revient, estime l'épidémiologiste. "Il y a tout d'abord les voyageurs en général qui doivent réaliser les tests PCR et remplir le Passenger Locator Form. Ensuite, il y a les voyageurs venant de zones géographiques dans lesquelles les variants brésiliens et indiens circulent fort. Avec ceux-là, la stratégie doit être différente."
La ministre Verlinden a d'ailleurs confirmé ce vendredi qu'un renforcement des mesures de quarantaine allait être d'application pour les voyageurs revenant d'une zone à risque.
La Belgique est-elle assez préparée?
Quant à savoir si la Belgique est assez préparée pour l'arrivée de cet énième variant, il est difficile à l'heure actuelle d'en avoir le coeur net, même si nous ne sommes jamais assez préparés, comme le confesse Yves Coppieters. "On connait toujours mal les variants et ceux-ci semblent toujours plus contagieux et pourraient être plus létaux. J'estime donc que nous ne sommes jamais prêts à voir arriver ces variants. C'est pour cela que la surveillance des types de virus qui circulent à l'échelle mondiale est très importante car c'est elle qui va alerter à l'échelle locale."
La Belgique doit dès lors tirer des leçons et agir plus vite, après l'échec face au variant britannique. "Il faut arrêter d'observer. Il faut désormais anticiper car nous avons déjà eu un mauvais coup avec le variant d'outre-Manche qui est devenu une souche prédominante partout en Europe. Personne n'a su arrêter son importation mais, cette fois-ci, il ne faudrait pas que d'autres souches, avec des caractéristiques différentes, l'emportent sur le variant britannique qu'on parvient enfin à contrôler."
Le souci de notre territoire avec la propagation des variants, c'est sa superficie et sa situation géographique. "La Belgique est un petit pays qui est un carrefour en Europe. L'idéal serait d'avoir des décisions plus fortes à l'échelle européenne et donc de l'espace Schengen avec toujours ce contrôle aux frontières nationales. En tant que petit pays, la Belgique est un peu dépourvue de chance par rapport aux autres pays européens et l'Europe pourrait donc montrer une meilleure vision commune en mettant en place des mesures plus fortes pour limiter l'implantation sur notre continent de ces souches."
S'il ne faut donc pas se barricader à l'échelle belge mais plutôt à l'échelle européenne, le contrôle des voyageurs qui atterrissent sur le sol belge reste assez approximatif. "Les tests PCR sont actuellement recommandés et il y a le formulaire à remplir. On peut donc dire que toute une série d'outils sont présents. Maintenant, est-ce que tout cela est bien contrôlé ? Est-ce qu'il y a vraiment un suivi des contacts? On peut se poser beaucoup de questions à ce sujet car, même si les outils sont là, je ne suis pas sûr qu'ils soient utilisés pour autant."