"Jürgen Conings n'est pas Rambo. Il faut le neutraliser mais il ne va pas lâcher une bombe atomique sur le pays"
Alain Grignard, ancien commissaire de la police fédérale qui a une longue expertise dans la lutte contre le terrorisme, estime que l’affaire est surmédiatisée.
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- Publié le 20-05-2021 à 21h27
- Mis à jour le 21-05-2021 à 19h43
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Toujours aucune trace du fugitif limbourgeois. Jürgen Conings (46 ans), militaire de carrière domicilié à Dilsen-Stokkem, courait toujours jeudi soir. Plus de 400 membres des forces de l’ordre ont ratissé le parc national de Haute Campine en se concentrant sur trois zones bien définies. Ce dispositif hors norme a été jugé nécessaire pour retrouver le caporal Conings aux sympathies d’extrême droite qui, en bon voisin, connaît très bien l’endroit. Il aime explorer tous les recoins de ce parc de 12 000 hectares jouxtant la frontière néerlandaise et allemande. Ses frondaisons touffues n’ont plus de secret pour le body-builder limbourgeois qui aime organiser des séances de fitness et des stages de survie en pleine forêt. Pour cette traque inédite, suivie par la presse internationale, des moyens exceptionnels ont été déployés.
Bunkers et sapinières
Jeudi, la colonne de véhicules blindés traversant le parc a monopolisé tous les regards. Malgré cette vaste opération des forces de l’ordre, munies de caméras thermiques et appuyées par des hélicoptères, des chiens policiers et plusieurs drones, le fugitif restait jeudi introuvable. Toutes les hypothèses étaient ouvertes : mort, à l’étranger ou tapi au fond d’un des nombreux bunkers que compte le parc des Hoge Kempen.

"Le terrain est difficilement accessible pour les personnes qui ne le connaissent pas", nous confiait un observateur. "Le fugitif connaît bien les lieux, il sait mieux que personne où il peut se planquer sans être repéré. La forêt est très dense, le terrain n’est pas plat du tout, il y a des trous et des sapinières partout. L’eau dans cette forêt ne manque pas : il y a des mares et des ruisseaux qui bordent la terre de bruyère. Le militaire armé se nourrit peut-être de biscuits secs. Sa cavale peut durer plusieurs jours. Il ne dort pas beaucoup, c’est dur, mais le militaire a suivi des entraînements, il a de l’endurance. Pour les forces de l’ordre, il s’agit d’une mission très difficile, c’est un peu comme chercher une aiguille dans une botte de foin."
Fasciné par les armes
Alain Grignard, ancien commissaire de la police fédérale qui a une longue expertise dans la lutte contre le terrorisme, estime que l’affaire est surmédiatisée. Conséquence : c’est l’effet domino, partout on parle de ce fugitif jusqu’à l’autre bout de la planète. "L’homme est lourdement armé, il faut évidemment le neutraliser. En même temps, la couverture médiatique prend des proportions incroyables, c’est un peu malsain… On fait comme si c’était Rambo. Cet homme ne va pas lâcher une bombe atomique sur le pays quand même ! Mais les moyens mis en œuvre sont impressionnants, non ? "Oui, c’est vrai, mais les responsables politiques veulent avant tout se couvrir pour ne pas avoir d’ennuis après. Vous savez, le risque zéro…"
Pendant la traque, beaucoup d’habitants des localités avoisinantes étaient inquiets, certains ont empêché leurs enfants de se rendre à l’école… Alain Grignard : "Ce militaire est capable de tuer quelqu’un, il faut l’arrêter bien sûr. Mais il ne faut pas oublier que, jusqu’à présent, il n’a rien commis d’irréparable. D’après mes informations, le fugitif n’a jamais fait partie des Forces spéciales d’intervention." Mais il a suivi une formation de tireur d’élite ? "Hormis une fascination certaine pour les armes à feu, il a participé à des opérations militaires dans des pays en guerre. Mais il n’a pas d’autres brevets que je sache, il s’est retrouvé garde-barrière dans une caserne. Un homme bourré de frustrations."