Les chasseurs de trésors sont-ils en train de piller la Wallonie ? "Il devient urgent et impératif qu'un système répressif soit mis en place"
L'absence de sanction prévue par la Loi pose problème à Pierre-Emmanuel Lenfant, créateur du Réseau Archeologia.be.
Publié le 20-05-2021 à 20h28 - Mis à jour le 20-05-2021 à 20h29
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Vous ne le saviez peut-être pas, mais tout personne est en droit d'obtenir un "permis" pour prospecter. Pour cela, rien de plus simple : il suffit de suivre une formation dispensée par l'Agence wallonne du Patrimoine (Awap), de payer sa licence et de s'engager à respecter un certain nombre de règles. Par exemple, il est nécessaire de déclarer au préalable toute sortie auprès de l'Administration et tous les objets découverts doivent être prélevés avec minutie et surtout, être géoréférencés à l'aide d'un GPS.
Si le cadre légal existe donc bel et bien, dans la pratique, c'est une autre histoire. "Le système mis en place est tellement permissif qu'il en devient suicidaire car, à côté de l'absence de suivi (faire de l'archéologie ne s'improvise pas), aucune sanction n'est prévue ni susceptible d'être prise à l'égard de celles et ceux qui ne respectent pas le cadre fixé", déplore Pierre-Emmanuel Lenfant, créateur du Réseau Archeologia.be, dans un communiqué.
Une carte accentue le problème
Récemment, la mise en ligne d'une carte reprenant les sites archéologiques connus ou potentiels a relancé le débat. "Elle a créé un appel d'air avec un pillage rapporté de plusieurs sites archéologiques par des détectoristes de Belgique et même des pays limitrophes", regrette Pierre-Emmanuel Lenfant, pour qui la publication de cet outil est inopportune. "C'est un peu comme montrer à un enfant où se trouve la boîte à bonbons tout en lui interdisant d'en prendre. Or, il n'est d'ailleurs pas rare de lire sur les réseaux sociaux les commentaires de personnes qui utilisent cet outil dans le cadre de leurs 'recherches'."
La situation est prise au sérieux et les dossiers sont suivis, assure Dominique Bosquet, archéologue à l'Agence wallonne du Patrimoine (Awap). De son côté, la ministre Valérie De Bue a indiqué qu'une réforme du Code du Patrimoine était en préparation.
"Nous plaidons pour un meilleur encadrement des personnes habilitées ainsi qu'un meilleur suivi", explique Pierre-Emmanuel Lenfant. "Il devient urgent et impératif qu'un système répressif soit mis en place: agents verbalisateurs, amendes, confiscation du matériel, poursuites judiciaires... En effet, sans la mise en place d'un système répressif, corollaire d'un système permissif, de nombreuses richesses archéologiques seront pillées sans avoir pu être répertoriées, et ce, au détriment de notre histoire commune et par-là de tous les wallons".