Certains experts plaident pour un changement rapide concernant le port du masque: "C'est plus que nécessaire"
La fin de l’obligation du port du masque en extérieur est proche mais se fera selon certaines conditions. Yves Coppieters voit la période actuelle comme étant une transition pour faire comprendre aux citoyens que le masque va rester un outil de protection mais n’a de sens que s’il est bien utilisé et aux moments adéquats.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/9a65cfe0-1da5-4444-a30b-1af2ed95b52f.png)
- Publié le 02-06-2021 à 14h49
- Mis à jour le 02-06-2021 à 14h54
:focal(1275x711:1285x701)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/DL6P2YK2WJHDVOV2Z6VIOMX22E.jpg)
L’allègement des restrictions qui accompagnera dès la semaine prochaine une nouvelle phase du déconfinement en Belgique signera-t-elle enfin la fin du masque dans les rues ? La levée de cette mesure est en tout cas attendue par de nombreux Belges. Porté sous le nez, sous le menton ou pas du tout, il est devenu un véritable accessoire de notre quotidien mais il suffit de se balader dix minutes dehors pour s’apercevoir que de moins en moins de Belges suivent cette recommandation.
Le gouvernement réfléchit sérieusement à la levée de cette obligation dans le courant de l'été, mais de plus en plus de spécialistes se montrent, eux, optimistes pour que ce soit fait à court terme, le tout selon certaines conditions. C’est le cas d’Yves Coppieters, professeur en épidémiologie à l'ULB. “C’est plus que nécessaire. Il suffit de se balader à Bruxelles pour se rendre compte que l’adhésion a fortement diminué. Il fait beau, les gens sortent de plus en plus et on ne fait plus la distinction lorsqu’on marche à l’extérieur ou quand on est assis au café. Si l’adhésion diminue, c’est normal étant donné que le risque de contagion diminue. Il est donc temps d’envoyer un signal clair à ce stade, d’autant plus que les données scientifiques vont dans ce sens et que la situation épidémiologique le permet”. Pour le virologue et porte-parole interfédéral de crise, Yves Van Laethem, “il faudra bientôt y mettre fin. J’ai toujours dit qu’il ne fallait pas l’imposer durant l’été ou alors seulement sous certaines conditions. De plus, la vaccination avance et offre plus de perspectives”.
Plusieurs études ont démontré que les contaminations à l’extérieur sont très faibles et donc que le masque a un intérêt limité en plein air, peut-être à l’exception des rues très passantes. Par exemple, selon les travaux de chercheurs du département d’épidémiologie de l’université de San Francisco, aux États-Unis, les contaminations en extérieur se chiffrent à moins de 10 % des infections, moins de 5 % sont liées à des activités de plein air. Et d'ailleurs, certains pays, bien avancés dans leur campagne de vaccination ont déjà commencé à assouplir l’obligation de le porter en extérieur. Aux États-Unis, les personnes vaccinées peuvent ne plus porter de masque en extérieur comme en intérieur. En Israël, le port du masque en extérieur n’est plus obligatoire depuis le 18 avril et l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont levé la mesure depuis plusieurs mois.
"Ne pas créer de discrimination"
Alors si la dynamique positive se confirme, lever l’interdiction du masque à l’extérieur aurait du sens pour certains experts mais elle ne doit pas pour autant envoyer un mauvais signal auprès de la population. “Il est très important de favoriser ceux qui veulent le garder, il ne faut surtout pas les discriminer, pointe du doigt Yves Coppieters. On doit bien expliquer à quel moment il doit être porté à l’extérieur, lors de rassemblements, d’événements de masse (concert, match de football), ou lorsqu’on est en étroite relation avec quelqu’un qui n’est pas dans notre bulle sociale, dans le cas d’une discussion avec proximité par exemple."
Le médecin en santé publique voit d’ailleurs l’étape que nous traversons actuellement comme étant une opportunité pour organiser une transition importante pour la suite.
“Il faut faire comprendre aux citoyens que le masque va rester un outil de protection mais n’a de sens que s’il est bien utilisé et aux moments adéquats. Hier, j’étais à Bruxelles et je voyais des gens se balader le masque autour du poignet ou sous le menton. On doit profiter de cette transition pour ré-insister sur l’importance du masque pour les mois à venir. Il ne faut pas le jeter mais toujours l’avoir à proximité et pouvoir s’en servir quand on prend les transports en commun, qu’on se sent mal à l’aise dans une situation ou que l’on prend part à un événement de masse. L’idée n’est pas de dire qu’on ne doit plus du tout le porter, ceux qui le veulent le feront. La transition se fera par les gens et de manière naturelle et ne doit pas discriminer ceux qui continuent de le porter, ce n’est pas tout noir ou tout blanc”.