Certains Belges demandent de fausses prescriptions à leur médecin pour ne pas payer le test PCR: "C'est inadmissible"
Certains Belges demandent à leur médecin une prescription pour obtenir des tests PCR gratuits. Parfois avec succès. L’ampleur du phénomène reste floue, mais un rappel des "bonnes pratiques" s’imposerait.
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Publié le 06-06-2021 à 17h35 - Mis à jour le 07-06-2021 à 06h45
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À l’heure des premiers départs estivaux, on observe déjà quelques dérapages en matière de tests PCR. Nombre de voyageurs belges, qu’ils aient déjà eu l’occasion de se faire vacciner pleinement ou pas, rechignent en effet à débourser près de 50 euros par test. Pour certains, il est vrai, la facture finale peut s’avérer lourde. D’aucuns se retournent dès lors vers leur médecin généraliste dans l’espoir d’obtenir une prescription médicale et donc son remboursement. Normalement, celle-ci est réservée aux patients montrant des symptômes.
À en croire quelques échos qui nous parviennent, si une immense majorité de généralistes refuse de délivrer une telle prescription à un voyageur, quelques praticiens acceptent la demande de leurs fidèles patients. "Il est difficile de connaître l’ampleur du problème. Je ne suis pas étonné que cela arrive, je n’ai cependant pas le sentiment que cela soit fort répandu", nous confie le docteur Thomas Orban, médecin généraliste et président honoraire de la SSMG (Société scientifique de médecine générale). Ajoutons qu’à cela s’ajoute parfois le remboursement partiel d’une consultation inutile. "C’est un problème, reconnaît aisément Paul De Munck, vice-président du Groupement belge des omnipraticiens (GBO), nous avons effectivement de plus en plus d’échos en ce sens, en tout cas plus que de coutume, et c’est inadmissible. Cela signifie que ces médecins-là ne comprennent pas la gravité de prescrire un certificat médical de complaisance. Le phénomène n’est pas nouveau, mais il reste totalement inacceptable et inexcusable, malgré les demandes pressantes ou agressives de certains patients. Je ne peux pas l’admettre." Dans les jours à venir, la cellule Covid du Collège de la médecine générale francophone devrait rappeler les bonnes pratiques à respecter. "Ne pas être d’accord avec le non-remboursement des tests PCR, ne doit en aucun cas inciter un praticien à dévier de sa ligne" insiste Paul De Munck.
Pas sans conséquences
Thomas Orban pense que la question dépasse le monde médical : "Les médecins ne sont pas tous irréprochables, mais ils ne trichent pas tous, certainement pas ! Parfois, ils veulent juste éviter d’entrer en conflit avec leur patient. Dans tous les métiers, l’on observe des personnes peu respectueuses de l’éthique et de la déontologie. Dans le cas des prescriptions et certificats, les demandes de patients sont variées : échapper à une obligation scolaire ou professionnelle, obtenir un congé maladie, des antibiotiques… Vous n’imaginez pas le culot que peuvent avoir certains patients. Certains exigent des antibiotiques pour leur chien mais à leur nom afin d’être remboursés. Mais il faut rappeler qu’un faux en écriture, c’est extrêmement grave, c’est un délit pénal." Un praticien qui prescrit un certificat de complaisance pour solliciter la bienveillance de son patient peut être poursuivi pour faux en écriture, faux certificat et usage de faux. Il risque de 8 jours à deux ans d’emprisonnement et jusqu’à 2000 euros d’amende.
Un médecin sanctionné chaque semaine
Une telle complaisance n’est donc pas sans conséquences. De 2005 à 2019, 800 plaintes pour certificats de complaisance et faux sont remontées jusqu’à l’Ordre national des médecins. En moyenne, un médecin est sanctionné chaque semaine. "Le médecin ne tente pas de faire de l’argent, mais il veut rendre service à des gens dans leur cadre professionnel, scolaire ou lors d’un divorce conflictuel" précise Michel Deneyer, le vice-président de l’Ordre. "On n’a pas encore vu remonter des plaintes concernant les tests PCR, cela arrivera peut-être, comme c’est déjà le cas pour des faux certificats qui visent à éviter l’administration du vaccin d’AstraZeneca, ce qui, je le précise, ne fonctionne pas dans la pratique. Nous insistons beaucoup sur les conséquences déontologiques et juridiques de tels dérapages et nous sensibilisons fortement les futurs médecins à ce sujet."