La Flandre s’enlise dans le bourbier PFOS, cette pollution à Zwijndrecht que l’on a voulu ignorer
Les politiques ont-ils caché la vérité pour ne pas retarder les travaux de l’Oosterweel ?
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Publié le 17-06-2021 à 21h03 - Mis à jour le 17-06-2021 à 21h17
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Vents contraires pour le gouvernement flamand, décidément bien mal pris dans le bourbier du PFOS sur la rive gauche anversoise. Nouveau coup de théâtre, jeudi, lorsque VRT NWS révélait que Lantis (Leefbaar Antwerpen door Innovatie en Samenwerken), maître d’œuvre du chantier Oosterweel désigné par le gouvernement flamand, avait adressé en 29 septembre 2017 un message aux autorités flamandes pour les informer des "résultats inquiétants" dus à une pollution aux abords d’une usine chimique. L’Ovam, société de gestion des déchets en Flandre, a aussi signalé le risque d’une pollution au PFOS proche des zones résidentielles à Zwijndrecht. Une autre étude, demandée par Lantis au toxicologue Jan Tytgat (KU Leuven), signalait un risque pour les habitants, auxquels on conseillait de ne pas consommer les légumes de leur jardin, ni les œufs de leurs poules. Les autorités ont préféré passer l’information sous silence. Quant aux autorités de Zwijndrecht, elles ont été "oubliées". "Nous n’avons pas été mis au courant", regrettait jeudi le bourgmestre André Van de Vyver (Groen).
Conseil communal lundi
Pourquoi avoir caché la vérité ? Craignait-on de devoir ajourner le début des travaux du plus grand projet d’infrastructure mené en Flandre depuis des décennies ? Fallait-il enterrer l’affaire à quelques mois du scrutin communal ?
On sait qu’à peu près tous les membres du gouvernement flamand ont été prévenus par Lantis en 2017. C’est le cas aussi du collège échevinal d’Anvers. "Que savait le bourgmestre Bart De Wever et que n’a-t-il donné suite à ce message qui concerne la santé publique ?" s’interroge Peter Mertens, chef de groupe PVDA au conseil anversois. Les responsables en 2017 étaient Joke Schauvliege, ministre CD&V de l’Environnement, et Ben Weyts, N-VA, ministre des Travaux publics. La première réserve sa version des faits aux membres de la commission parlementaire. Le second affirme "avoir agi correctement".
Le porte-parole du bourgmestre Bart De Wever (N-VA) rappelle que " la pollution a été évoquée à plusieurs reprises à Anvers en 2017". Mais, pour l’instant, le maïeur refuse de s’exprimer " étant donné qu’il n’est ni le bourgmestre de Zwijndrecht ni l’ex-ministre en charge de l’Environnement Joke Schauvliege".
Entre résignation et colère, les habitants des environs se montrent plutôt philosophes. Pas question de quitter les lieux surtout. "Où irions-nous, dans les Ardennes peut-être, et puis Dieu sait ce qui nous attend là-bas", lançait une habitante, interrogée par De Standaard.