Près de 70 % des militaires ont une habilitation de sécurité, dix ont été retirées
Le SLFP-Défense (syndicat libéral) redoute une chasse aux sorcières, conséquence de l’affaire Conings.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/f394a229-cc41-4a6d-bbe2-7a0025d5130c.png)
Publié le 21-06-2021 à 21h09 - Mis à jour le 21-06-2021 à 21h30
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/HFJCQGTKBZAO7HBTRWZAFDJBA4.jpg)
La locution "habilitation de sécurité" est pratiquement entrée dans le langage courant au gré de l’affaire Jürgen Conings. Ce militaire armé, retrouvé mort, dimanche, après un mois de recherches, s’était vu retirer son habilitation de sécurité dans le courant de l’année 2020 en raison de sa dangerosité potentielle et de ses accointances avec des mouvements d’extrême droite. Cela ne l’avait pas empêché de sortir des radars des organes de surveillance et de parvenir à voler des armes de guerre. La Défense et sa ministre, Ludivine Dedonder (PS), ont annoncé vouloir en tirer les leçons.
"Environ 70 % des militaires ont une habilitation de sécurité", précise la Défense à La Libre (il y a un peu moins de 25 000 militaires). Ces habilitations, régies par la loi du 11 décembre 1998, donnent accès à des documents, du matériel ou des infrastructures sensibles pour la sécurité intérieure et extérieure du pays.
Le niveau d’habilitation dépend du degré de classification des documents et lieux. Il existe trois degrés : confidentiel, secret, très secret.
"Dans le cadre du suivi de militaires d’extrême droite par le SGRS (le service de renseignement militaire, NdlR), l’habilitation de sécurité d’une dizaine de militaires a été retirée par mesure de précaution" depuis le début de l’affaire Conings, fin mai, indique le cabinet Dedonder à La Libre.
Mercredi dernier, le SLFP-Défense tirait la sonnette d’alarme, par voie de communiqué. Le syndicat libéral dit avoir reçu un nombre croissant de demandes d’aide de ses affiliés à propos de retraits d’habilitation de sécurité de la part du SGRS. Il a eu à traiter cinq dossiers en peu de temps. "Nous sommes informés qu’aussi bien des chefs de corps que des hauts gradés de la Défense s’étonnent de ces décisions mais elles semblent indiscutables", selon Dimitry Modaert, président du SLFP-Défense. Et de ponctuer : "L’affaire Jürgen Conings a probablement révélé des manquements, mais cela ne justifie pas une chasse aux sorcières qui pourrait, sans discernement, pénaliser des militaires exemplaires."
Pas d’augmentation générale
Interrogé par l’agence Belga, le syndicat apolitique CGPM disait, la semaine dernière, avoir connaissance de cinq dossiers également. Mais il refusait de parler de "chasse aux sorcières".
"En dehors de [la dizaine de] cas, il n’y a pas d’augmentation générale du nombre de révocations d’habilitation de sécurité", souligne la Défense. Qui ajoute que "les raisons exactes de la révocation des habilitations de sécurité ne peuvent pas être communiquées pour des raisons évidentes de sécurité". Le département ne donne pas non plus davantage de données chiffrées.
"Les habilitations de sécurité de ces personnes ont été révoquées par mesure de prévention, précise le cabinet de la ministre. Une enquête complémentaire est en cours au sein du SGRS pour évaluer ce retrait et éventuellement la restituer aux personnes concernées. En outre, ces personnes ont également la possibilité d’introduire un appel auprès de l’organe de recours", le Comité R (l’organe de contrôle des services de renseignement).