Vêtements, bijoux, parfums… Dans ce magasin, rien n’est trop beau pour les chiens
Charlie, Smoky, Thérèse… De nombreux Belges ont accueilli un nouvel animal de compagnie pendant la pandémie. Parce qu’il les rend heureux, pour combler la solitude, pour déstresser. Ce serait le cas de près d’une famille sur quatre, dit une étude. Deux sur dix, selon une autre. Dans notre pays, il y a au moins un animal dans 52 % des familles. Au fil des générations, chiens, chats et autres rongeurs ont pris une place considérable dans nos vies. La Libre vous propose d’explorer ce phénomène de société à travers six reportages.
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Publié le 30-07-2021 à 20h03 - Mis à jour le 05-08-2021 à 20h37
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Hotton a lourdement écopé pendant les inondations de juillet. Comme si le petit village de la province de Luxembourg, traversé par l’Ourthe, avait coulé à pic. Dans le désastre, L’Univers animalier de Nadine et Marc Krins a tenu bon. "Miraculeusement, on n’a quasi eu aucun dégât", s’excuse presque le propriétaire du magasin qui attire les clients au-delà de la frontière. L’Univers animalier, ce sont 600 m2 consacrés au bien-être de l’animal de compagnie. Ce commerce spécialisé en articles pour animaux est une vraie affaire de famille. Rien à voir avec une chaîne de supermarchés. Le premier "mordu" fut le papa de Marc. En 1972, un peu plus haut dans la même rue, il ouvre une petite boutique de 25 m2, Tout pour l’oiseau.
Marc en sourit aujourd’hui avec tendresse. "À l’époque, papa vendait des petits animaux. C’est interdit aujourd’hui." Mais malgré cette importante différence, la marque de fabrique de la tribu consiste déjà à proposer des articles différents. "Nous aimons les belles choses, l’élégance."
Au début des années nonante, le commerce a déménagé pour s’agrandir. Nadine a rejoint Marc. Et depuis, leurs enfants, Julien et Élodie, se sont investis eux aussi. Lui développe l’aquariophilie, qui le passionne. Et elle, tout le commerce en ligne. Membre à part entière de l’équipe, la chienne Lola les a accompagnés, quatorze années durant, jusqu’à sa mort. La petite chihuahua est encore partout dans ces murs. Du logo du magasin aux nombreuses photos, affichées en son souvenir. "Toujours avec moi, elle essayait les modèles, accueillait les clients. Je ne me remets pas de sa disparition", confie Nadine. Mais "the show must go on".
Quelque chose de la féerie de Saint-Nicolas
Il pleut sur Hotton. Dans la rue, il fait assez sombre. Le contraste est d’autant plus impressionnant lorsqu’on passe la porte. Dans cette ambiance, il y a quelque chose de la féerie des décors d’autrefois qui guidaient les enfants sages jusqu’au trône de saint Nicolas. C’est lumineux. Ça brille. Aux plafonds, des lustres vintage à pampilles, en verre et simili cristal. La déco, c’est une des passions de Nadine. "Je ne peux pas m’empêcher d’organiser des mises en scène", avoue-t-elle avec enthousiasme en nous accompagnant dans la première zone du magasin, juste en face des caisses.
Ce petit espace cosy à dominantes rose et blanc est intégralement dédié aux créations luxueuses de vêtements et accessoires pour chiens et chats. Les pièces, créées spécialement par des stylistes renommés, sont suspendues par couleur ou par taille, exposées sur des mannequins, soigneusement disposées sur de jolis meubles. Certaines de ces commodes servent de tables d’essayage. Des miroirs sont disposés ici et là.
"Je passe beaucoup de temps à sélectionner les tissus, les modèles, les couleurs, indique Nadine. Habiller un chien est parfois plus difficile encore qu’habiller une personne. Les tailles, les formes sont très diverses." Heureusement, la spécialiste connaît ses clients.

Depuis le temps, des centaines de chiens figurent dans son répertoire. Alors elle sélectionne avec parcimonie ou commande sur mesure, imagine des collections collier-manteau-sac de transport assorties, choisissant chaque ruban, chaque strass.
"Il en faut pour tous les budgets, dit-elle. Dans le haut de gamme, comptez au moins 50 euros pour un vêtement, auxquels s’ajoute le coût de la personnalisation. Écrire un nom, par exemple, revient à 20 euros de plus par lettre. Mais on peut trouver son bonheur dans d’autres collections avec une vingtaine d’euros. Nos clients ne roulent pas sur l’or, beaucoup font attention." Et d’insister sur la qualité des matériaux et du travail de couture. "Un gadget réalisé à moindres frais à l’autre bout du monde ne résistera pas à long terme." Ici, on mise sur du costaud. Avec un grand regret quand même : "Nos fournisseurs sont presque tous en France et en Italie car certains savoir-faire se sont malheureusement perdus chez nous, c’est dommage."
"Tout cela ne s’improvise pas"
C’est là qu’intervient la solidité de son carnet d’adresses. "Nous avons créé quelques vocations. Émerveillés par nos assortiments, il est arrivé que certains de nos visiteurs aient envie de se lancer à leur tour. Mais il faut bien se rendre compte que sans l’expérience, les contacts, les réseaux, on ne tiendrait pas le coup. Tout cela ne s’improvise pas…" À la clef, des journées de travail qui s’étalent parfois de 6 à 23 h. "C’est bien plus qu’un travail", ajoute la passionnée qui, petite fille, habillait déjà le caniche de ses parents fermiers, au grand dam de ceux-ci.
Les animaux et le magasin, c’est toute la vie du couple. "Savez-vous que, même pour notre mariage, mon mari n’a pris qu’un demi-jour de congé ?" plaisante Madame. À 57 et 58 ans, aucun ne veut entendre parler de retraite. "Je ne m’arrêterai jamais", déclare solennellement Monsieur.
Nadine y est moins opposée. Elle imagine volontiers des temps lointains plus calmes qui lui permettraient, par exemple, de s’occuper de ses petits-enfants si un jour elle devient Mammy. Très exceptionnellement, le couple a planifié trois jours de congé pour marier la cadette… fin octobre 2022 !

Après la bonbonnière, trône le comptoir bijouterie. C’est l’endroit choisi par la propriétaire pour évoquer les occasions d’offrir un bijou à un animal. "Si on est invité à dîner, plutôt que d’apporter une bouteille de vin, pour faire un cadeau le jour d’une fête, ou pour aller à un mariage." Entendez : pour assortir le chien à ses maîtres lors de la cérémonie. Ou l’inverse d’ailleurs, comme le prouvent cette paire de sandales à talons aiguilles avec un bracelet pour Madame, parfaitement coordonnés avec le petit collier à paillettes pour le chien et sa laisse.
Manteaux, bonnets, lunettes de soleil, parfums, paniers, couvertures, sacs à dos, jouets, laisses, friandises… La place manque pour tout détailler. Ici, on vient pour se faire plaisir en famille. "Et l’animal en est un membre à part entière, pour nous en tout cas", conclut Marc qui file sur les "talons" d’un grand lévrier qui vient d’entrer, accompagné par sa jeune maîtresse.