Dans cette entreprise, Ricoh, Bob, Camille, Thérèse et les autres viennent au boulot avec leur maître
Sur son beau grand site anderlechtois, Nestlé Belgilux autorise la présence des chiens depuis 2015. Rien que du positif !
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Publié le 02-08-2021 à 17h50 - Mis à jour le 05-08-2021 à 20h37
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Ricoh a un an et demi. Ce jeune cocker mâle est craquant. Noir et blanc floqué de quelques taches de rouille, une dizaine de longs poils blancs qui masquent mal ses yeux brillants et une petite queue qui bat la chamade : on voit bien qu’il est content. Ricoh n’est pas n’importe qui. C’est le chien du grand patron, Michel Mersch, le CEO de Nestlé Belgilux, la plus ancienne entreprise chiens admis de Belgique.
Ce matin, l'imposant bâtiment construit en 1994 pour accueillir ses bureaux à Anderlecht scintille au soleil. Les divisions, réparties en deux grandes ailes de cinq étages, offrent partout le même visage. Coloris, déco, mobilier : tout se ressemble. Ricoh, pourtant, semble parfaitement s'y retrouver. Aujourd'hui comme une fois par semaine, c'est sa journée bureau. "Nous avons établi le meilleur horaire pour qu'il ait de la compagnie", confie Michel Mersch. Entre son jour chez Nestlé et la présence des uns et des autres à domicile, Ricoh n'est jamais longtemps seul à la maison.
"La présence des chiens a créé un réel engouement"
Au départ, pourtant, le patron était assez peu enthousiaste. Le projet "Pets at work" a été lancé par le groupe Nestlé en 2003, seulement en Angleterre et sous forme de test. Le siège belge a tenté l'expérience en 2015. "Je n'étais pas spécialement pour, reconnaît Michel Mersch, car j'avais vraiment des doutes sur l'intérêt de la démarche et je m'interrogeais sur la cohabitation entre les chiens et des collaborateurs qui en auraient peur ou seraient mal à l'aise."
Le fait est que les résultats furent surprenants. "La présence des chiens a créé un réel engouement. On a vu tout de suite à quel point ils facilitent les contacts sociaux !" Après trois mois à l'essai, l'aventure belge s'est donc officiellement poursuivie. Et le grand patron lui-même l'a rejointe récemment avec Ricoh.
Pour que tout se passe bien, rien n'est laissé au hasard. "Avant de venir avec son chien, le collaborateur signe une charte dans laquelle il s'engage à plusieurs choses." Cette "Pet Étiquette" précise notamment que le chien doit être sociable et éduqué, qu'il doit être vacciné et tenu en laisse, et que l'accès de certaines zones lui est interdit (un ascenseur sur deux et la cafétéria notamment). "Là aussi, insiste encore le CEO, c'est pour respecter les gens qui pourraient être dérangés."

À son arrivée au bureau, le chien recevra un petit kit de bienvenue (gamelle, laisse, panier, snacks…) Une procédure est en place en cas d’incidents (qui n’arrivent apparemment jamais) et les propriétaires de chiens sont invités à les promener, plusieurs fois par jour, dans la zone prévue à cet effet dans les jardins de l’entreprise. Une trentaine de collaborateurs sont inscrits dans le système, à ce jour, à des rythmes différents. Tout est organisé pour qu’il n’y ait pas plus de vingt chiens à la fois. Et entre eux aussi, des affinités se créent. Que du positif, dirait-on.
"Mais oui, opine le "papa" de Ricoh, à présent totalement convaincu. Je trouve que la présence des chiens crée une ambiance plus sereine, plus apaisée. Ce qui donne une image sympa de l'entreprise, cool, qui casse un peu l'idée qu'on se fait d'une grosse multinationale, la rend plus humaine." Et d'assurer que personne n'est moins productif pour autant. "Le maître qui a laissé son chien seul à la maison et s'inquiète ne sera pas 100 % à sa tâche, précise-t-il. Ici, le chien est tranquillement couché à ses côtés, tout va bien. Et les petites pauses qu'on est obligé de faire sont bénéfiques pour tout le monde. C'est bien de se dégourdir les jambes régulièrement."
"Je sens moins de stress quand Bob est là"
La matinée s'achève. C'est justement l'heure pour Bob d'aller faire son petit tour, après une longue réunion. Bob est tout blanc. C'est un bichon maltais de neuf ans. À l'autre bout de sa laisse, Nathan Jacobs. Le responsable de la stratégie petfood chez Purina, une des divisions de Nestlé, n'est pas peu fier de souligner que Bob a été le premier chien à partager ici le quotidien professionnel de son maître. "Il vient avec moi une fois par semaine." Et il ajoute : "Je crois que plus, cela ne lui conviendrait pas." L'occasion d'insister sur le fait que le bien-être de l'animal est évidemment un des axes du programme chiens admis dont Nathan Jacobs confirme l'influence positive sur l'ambiance.
"La présence des chiens décomplexifie les rapports entre les gens." Il est formel : "Je sens moins de stress quand Bob est là. Et puis, il m'oblige à rentrer pas trop tard à la maison." Bob et Nathan ont fait le tour du site. C'est l'heure de retourner travailler.

Plusieurs collaborateurs terminent de manger, installés par petits groupes sur la grande terrasse qui borde les pelouses. La pause est finie pour Arthur Duquesne, business manager chez Gourmet et Maggi. Il ne doit pas traîner : Camille et Thérèse l'attendent dans son bureau. Détrompez-vous si vous pensez à des collègues trop zélées. Camille, 4 ans, et sa fille Thérèse, 1 an, sont deux adorables femelles cocker. La grande est noire et la petite, marron. "Au moins une des deux m'accompagne au moins une fois par semaine, en fonction de l'organisation familiale, rapporte le manager. Ce sont des chiens qui vivent pour leur relation avec les gens. Ce serait inconcevable pour moi de les laisser seules à la maison."
Rien ne trahissait leur présence avant d'entrouvrir la porte mais, dès notre entrée, elles laissent éclater leur plaisir. Avant d'aller coller leur maître pour d'affectueuses retrouvailles. "Avec Camille et Thérèse, j'ai plus de contacts avec les collègues. J'en ai rencontré auxquels je n'aurais probablement jamais parlé sans elles, confirme-t-il à son tour. Cette possibilité offre un cadre de travail moins rigide et améliore sans aucun doute mon bien-être personnel."
Michel Mersch ne s'en cache pas : le "Pets at work" constitue aussi un élément de différenciation par rapport aux autres entreprises capables d'attirer des talents. Nestlé Belgilux est tellement fière de cette spécificité que, depuis quelques années, elle n'hésite pas à coacher d'autres entreprises qui voudraient l'adopter à leur tour. "C'est le bon moment pour elles de se poser la question, conclut Michel Mersch, alors que la plupart des employés sont amenés à revenir dans leurs entreprises après des mois de télétravail, laissant chez eux des animaux qui n'y sont pas ou plus habitués…"