Le traitement des 150 000 tonnes de déchets issus des inondations prendra jusqu'à un an
Les détritus issus des inondations de la mi-juillet sont stockés sur une autoroute désaffectée à Herstal. Le patron d’Intradel assure que cette autoroute pourra absorber le reste des déchets à collecter. Le gouvernement wallon aborde la question de leur traitement jeudi.
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- Publié le 10-08-2021 à 21h10
- Mis à jour le 11-08-2021 à 08h02
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La note atterrit ce jeudi sur la table du gouvernement wallon. Avec, au menu des discussions, cette question : quel sort faut-il réserver aux 150 000 tonnes de déchets (dont 140 000 proviennent de la province de Liège) issus des inondations de la mi-juillet ? Seront-ils intégralement triés, recyclés, valorisés énergétiquement ou, pour partie, enfouis dans le sol ? La réponse à cette question devrait dépendre au moins de trois paramètres : le coût de l’opération - à charge de la Wallonie -, le choix de la méthode la plus efficiente et la durée du processus.
Pour le dire autrement, le gouvernement wallon et sa ministre de l'Environnement Céline Tellier (Écolo) en tête devront parvenir à faire la balance entre les intérêts environnementaux, économiques et sociaux. "Le moins onéreux, c'est bien évidemment la décharge, mais c'est aussi le moyen le plus impactant pour l'environnement, épingle d'emblée Luc Joine, le directeur général d'Intradel, l'intercommunale qui gère les déchets en province de Liège. On ne peut plus se permettre de procéder de la sorte à notre époque. Pour ma part, je pense qu'il faut trier le mieux possible. Dans le cas présent, je ne vois pas comment l'on pourrait réutiliser. Il faut donc recycler et ce qui n'est pas recyclable doit être au moins valorisé énergétiquement. J'insiste : l'enfouissement des déchets dans le sol, qui paraît la solution la plus rapide et la moins chère, n'est pas la meilleure, car nous devons veiller à conserver en Wallonie des capacités pour le futur."
Bref rappel. Le tronçon désaffecté de l’autoroute A601, à Herstal, est devenu depuis les inondations de la mi-juillet une zone de stockage des détritus qui ont été charriés par les eaux. Depuis jeudi dernier, les camions peuvent de nouveau y déverser leurs déchets. Au lendemain des inondations, la zone avait été utilisée comme premier espace de stockage, où les déchets avaient alors été placés sur huit kilomètres de long. La zone avait ensuite été fermée, car le site du Wérihet à Wandre prenait le relais. Aujourd’hui, le tronçon de l’A601 a repris du service, car le site de Wandre, lui-même arrivé à saturation, générait des nuisances pour les riverains.
Un nouveau mode de stockage sur l’A601
Dans l'intervalle, la capacité de stockage sur l'A601 a pu être améliorée. "Fin juillet, il nous avait été demandé de stocker les déchets par petits tas, selon leur provenance, de manière à pouvoir retrouver des corps sans vie le cas échéant, explique le directeur général d'Intradel. Nous avions donc été amenés à étaler les déchets sur l'autoroute de manière peu rationnelle du point de vue du stockage, et l'autoroute avait été rapidement couverte de déchets. C'est précisément pour cette raison que le gouverneur de la province a ensuite réquisitionné le site du Wérihet. Aujourd'hui, toutes les personnes portées disparues ont été retrouvées. Nous avons donc organisé différemment le stockage sur l'autoroute A601 et, sans préjuger de ce que décidera le gouvernement wallon, avons commencé à trier ces déchets, à les recycler au maximum ou à les valoriser énergétiquement."
Selon Luc Joine, l'autoroute A601 est aujourd'hui suffisante pour absorber le stockage de tous les déchets qui arrivent encore depuis les communes avoisinantes de la région liégeoise. "Nous allons continuer à orienter ces déchets vers des centres de tri, cela prendra encore un peu de temps", prévient-il. Pour donner un ordre de grandeur, Intradel gère annuellement environ 500 000 tonnes de déchets ménagers. Aujourd'hui, l'intercommunale se retrouve à devoir traiter en trois semaines 140 000 tonnes de déchets contre 10 000 tonnes pour les autres intercommunales du pays dont les capacités de traitement sont moindres. "Le plus rapide, je le répète, c'est de mettre en décharge, mais les décharges en Wallonie sont actuellement quasi toutes pleines et les incinérateurs de déchets sont saturés. C'est une situation inévitable à partir du moment où vous êtes confrontés à l'équivalent de six mois de déchets qui arrivent en un jour", épingle l'intéressé.
Entre 200 et 365 jours pour tout évacuer
L’une des pistes de solution que pourrait privilégier jeudi le gouvernement wallon consiste notamment à faire appel à des infrastructures hors du territoire de la Région wallonne. Mais précisons-le d’emblée : en termes de capacités d’incinération disponibles, Bruxelles est saturée, la France (dans une moindre mesure) et l’Allemagne (qui a également été frappée par de violentes inondations) le sont aussi. Reste la Flandre qui pourrait fournir une aide, toutefois relative, dans ce secteur.
Dès lors, et sous réserve de ce que décidera le gouvernement wallon, l'évacuation des déchets sur le site du Wérihet en priorité (car il génère plus de nuisances pour les riverains), puis sur l'autoroute A601 prendra plus ou moins de temps. "Comptez un à deux mois pour le site du Wérihet et entre 200 et 365 jours pour l'A601", termine Luc Joine.