"À la liberté de ne pas se faire vacciner, on peut opposer la liberté de ne pas être confiné": plusieurs spécialistes lèvent le tabou de l’obligation vaccinale
Alors que la vaccination obligatoire des soignants est sur la table des ministres de la Santé, des spécialistes préconisent d’aller plus loin.
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Publié le 13-08-2021 à 07h26 - Mis à jour le 13-08-2021 à 07h30
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La Belgique a atteint hier la barre des 80 % d'adultes complètement vaccinés (65,2 % de la population totale). Si la crainte d'une nouvelle saturation des hôpitaux ou d'une 4e vague aussi massive que les premières est écartée par des experts comme Marc Van Ranst, celle d'une hausse après la rentrée ne l'est pas. " Va-t-on avoir encore un grand pic de malades en automne ? Il y a beaucoup d'inconnues à ce sujet ,indiquait Erika Vlieghe . Si plus de personnes sont complètement vaccinées, ça aidera à éviter un nouveau pic." Bémol : le rythme de vaccination se ralentit alors que de nombreuses personnes à risques, en particulier à Bruxelles et les grandes villes, ne sont pas protégées. Le gouvernement fédéral n'est pas favorable à une obligation de se faire vacciner ni à une extension massive du coronapass. Le débat sur la vaccination obligatoire des soignants, déjà d'application en France, pourrait être sur la table du CIM santé mercredi prochain.
"Nous attendons les trois avis qui doivent nous permettre de prendre une décision , nous indique la porte-parole de Frank Vandenbroucke, ministre de la Santé. Nous sommes en faveur de la sensibilisation et la diffusion des chiffres pour la transparence. Obliger est le dernier recours. " "Mais, précise le cabinet, la question d'une obligation de l'ensemble de la population n'est par contre pas à l'ordre du jour ." Si la proposition n'est pas envisagée par le gouvernement, elle n'est plus tabou auprès de plusieurs spécialistes.
" Personnellement, je ne suis pas opposé à une obligation vaccinale. Ce serait logique de commencer par les professions de première ligne. Si le discours sur l'obligation vaccinale évolue chez les experts, c'est en réaction au fait que la campagne de vaccination commence à stagner à cause du refus et de l'hésitation vaccinale, nous indique Benoît Van den Eynde, immunologue et professeur à l'Institut de Duve de l'UCLouvain. Avant, on progressait au rythme de production des vaccins. Là, on a plus de vaccins que de gens à vacciner. Le refus est devenu un facteur limitant. Or, il faut continuer à vacciner . À la liberté de ne pas se faire vacciner, j'oppose la liberté de ne pas être confiné. Tant que tout le monde n'est pas vacciné, on ne pourra retrouver toutes les libertés. Se faire vacciner constitue un devoir vis-à-vis des autres citoyens. On ne peut faire n'importe quoi au nom de sa propre liberté de la même manière qu'on ne peut rouler à 150 km/h."
Nathan Clumeck, professeur en maladies infectieuses plaidait ce mardi auprès de nos confrères de la DH" pour une priorité, une incitation si pas une obligation vaccinale " pour les pompiers, policiers, éboueurs, enseignants.
La vaccination maximale dans la population ne fait pas débat chez les immunologues. " L'obligation vaccinale doit certainement être envisagée. Doit-elle être implémentée ? C'est une autre question. Mais on voit que le virus continue de circuler, ce n'est pas le même qu'il y a un an, il est plus contagieux. Or, nos vaccins sont efficaces et sûrs. Face à des pays ou régions, villes, groupes très peu protégés, on se demande donc ce qu'il y a moyen de faire pour améliorer la situation" , analyse Pierre Coulie, immunologue.
Le Premier ministre rejette pour l'heure une extension du pass sanitaire. "Notre taux de vaccination est bien plus haut qu'en France. On n'a pas besoin de telles mesures", nous indiquait-il le 31 juillet.
" La campagne de vaccination a en effet extrêmement bien fonctionné. Mais il reste des poches, des endroits où la couverture vaccinale est vraiment trop faible. Depuis un certain temps, on a l'impression de tourner en rond. On martèle le message mais ça ne bouge plus , reprend Pierre Coulie. Dans certains groupes sociaux et endroits, on a certainement atteint un seuil maximal de ce qu'on peut espérer faire. Cette vaccination serait au bénéfice de la société mais aussi au leur. Contrairement à ce qu'ils pensent, le Covid n'arrive pas qu'aux autres."