Imposer le pass sanitaire aux visiteurs ? Hôpitaux et maisons de repos partagés
Le Covid Safe Ticket (CST) pourrait être un outil de protection des patients, mais il faut éviter les effets pervers.
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Publié le 13-09-2021 à 20h57 - Mis à jour le 14-09-2021 à 07h48
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La présentation d'un pass sanitaire sera-t-elle bientôt obligatoire pour rendre visite à un patient à l'hôpital ou à un proche en maison de repos ? La semaine dernière, le centre hospitalier universitaire Ambroise Paré à Mons annonçait que chaque visiteur de 12 ans et plus devrait dorénavant présenter un certificat Covidsafe prouvant soit une vaccination complète contre le coronavirus, soit un rétablissement, soit un test négatif. Et, ce lundi, ce sont les coupoles de soins flamandes, le tout-puissant réseau Zorgnet-Icuro en tête, qui appelaient, dans De Morgen et Het Laatste Nieuws, à rendre obligatoire le pass sanitaire pour les visiteurs des hôpitaux et des maisons de repos. "De cette manière, nous pourrons renforcer la sécurité, car nous craignons que l'épidémie ne s'aggrave dans les mois à venir", justifie la directrice générale Margot Cloet.
À l'heure actuelle, obliger les visiteurs à présenter un pass n'est pas autorisé. Un accord de coopération a certes été conclu jeudi entre le fédéral et les entités fédérées, qui permet aux Régions de décider d'une extension de l'utilisation du CST, notamment pour les visiteurs des hôpitaux et maisons de repos. Mais les Régions ne l'ont pas encore fait. Après la décision du CHU Ambroise Paré, le ministre-Président Di Rupo (PS) a d'ailleurs signalé qu'il ne serait possible d'utiliser ce CST que si le gouvernement wallon en décidait, ce qui n'est pas encore le cas. Malgré cela, Ambroise Paré maintient le dispositif. "Nous n'avons reçu aucune contre -injonction officielle" , assure le CHU.
Les gouvernements régionaux iront-ils dans la direction d’une obligation ? La question se pose avec plus d’acuité à Bruxelles, mais le débat agite les maisons de repos et hôpitaux wallons comme bruxellois.
Ouvrir les portes
La fédération Santhea (essentiellement secteur public), à laquelle est affilié le CHU Ambroise Paré, n'a pas adopté de position générale. Mais "l'isolement fait peser une lourde charge psychologique sur les patients", constate son directeur général, Yves Smeets. "Nous voulons ouvrir davantage les portes des institutions, tout en garantissant la sécurité, la non-diffusion du virus. Le pass semble une bonne option."
Chez Gibbis (secteur privé associatif bruxellois), on est sur la même longueur d'onde, quoique avec des nuances. Patricia Lanssiers, directrice générale, fait valoir que "la situation épidémiologique à Bruxelles évolue dans le mauvais sens". Pour elle, "tous les moyens qui peuvent être utilisés pour protéger les patients et les soins sont les bienvenus. Le CST semble être un bon outil pour protéger la population et augmenter la vaccination. Sur le principe, nous y sommes favorables. Mais, sur les modalités, un débat doit avoir lieu, afin d'éviter les effets pervers. Par exemple, si vous avez un enfant hospitalisé et que ses parents ne sont pas vaccinés, il faut voir comment la visite pourra avoir lieu. On doit se mettre autour de la table". Patricia Lanssiers estime cependant qu'il ne faut pas traîner : "Il y a un regain de l'épidémie. La situation à Bruxelles est compliquée : 32 % des lits de soins intensifs occupés par des patients Covid se trouvent à Bruxelles. Au plus vite, au mieux, mais il faudra que cela soit bien fait."
Si le personnel n’est pas vacciné…
Finalement, la fédération Unessa (secteur privé associatif wallon et bruxellois) a une position plus prudente sur la question. Christophe Happe, directeur général, estime que "le CST peut être un élément renforçant la limitation de la propagation du virus", mais il apporte immédiatement deux nuances. "D'abord, tant que le personnel soignant ne présente pas 100 % de vaccination, il est difficile d'exiger la vaccination de la part des visiteurs. Nous continuons donc à sensibiliser le personnel à se faire vacciner et nous espérons voir aboutir l'obligation vaccinale pour les soignants. Ensuite, le CST ne doit pas être l'occasion de baisser la garde et de supprimer le port du masque, le lavage des mains ou la distanciation, qui sont les mesures sanitaires prioritaires, avant la vaccination et le CST."
Le CHU Ambroise Paré va tester les visiteurs qui n’ont pas de pass
Première. Depuis le 8 septembre, les visiteurs du CHU Ambroise Paré, à Mons, doivent présenter leur Covid Safe Ticket (CST) à l'entrée de l'hôpital. "Je pense que nous sommes le seul hôpital belge à le faire, commente Stéphane Olivier, directeur général du CHU. Un agent de gardiennage scanne le pass à l'entrée. Cela se passe très bien dans la grande majorité des cas. Certaines personnes protestent mais cela n'a pas donné lieu à des incidents."
Nouveauté. À partir de ce mercredi, les visiteurs qui n'ont pas de CST pourront faire un test rapide. Si celui-ci est négatif, ils pourront rendre des visites durant 48 heures, annonce M. Olivier. "Nous avons eu beaucoup de demandes en ce sens. Cela permettra de ne pas bloquer des visites. Les tests seront gratuits mais seulement utilisables pour visiter l'hôpital, et pas à d'autres fins. Nous ne voulons pas créer un appel d'air et attirer tous ceux qui ont besoin d'un test. Et nous ne voulons pas faire concurrence à ceux qui font payer ce service, comme les pharmacies."