Des photos pour raviver les souvenirs perdus des victimes des inondations: "C’est le seul lien que j’ai encore avec ma mère et ma sœur"

Canon souhaite désormais récupérer les images endommagées et les restituer aux personnes concernées. "Cette photo est le seul lien que j'ai ici avec mon pays d'origine", explique Sylvia, l'une d'entre elles.

Sylvia Parmentier (48 ans) se souvient très bien de ce qu'elle a ressenti lorsqu'elle a retrouvé de vieilles photos dans son sous-sol à Pepinster peu après l'inondation, photos qu'elle conserve par ailleurs dans un placard du salon. "J'étais contente qu'elles soient toujours là. Mais j'ai aussi vu tous les dégâts et cela m'a rendu très triste. C'est le seul lien que j'ai encore avec ma mère et ma sœur, qui vivent toujours en Croatie", confie la mère de quatre enfants.

Avec pas plus de deux albums photo et quelques bagages, Sylvia a fui la guerre dans son pays natal à l’âge de vingt ans. Sur l’une des photos, elle s’estime âgée de 17 à 18 ans, on les voit courir dans un champ de maïs avec son chien Rex. Là, Sylvia et sa sœur s’échappaient souvent du petit appartement et des immeubles mégalomanes où elles vivaient. Sa sœur l’a capturée sur la plaque sensible.

Séchage et nettoyage

L’histoire de Sylvia montre clairement pourquoi Canon, un nom bien connu dans l’industrie de la photo, met tout en œuvre pour restaurer autant de photos que possible qui ont été froissées, endommagées ou ont perdu leurs couleurs lors des inondations. Les photos n’ont pas tant de valeur financière qu’émotionnelle. Elle le fait en collaboration avec le laboratoire de conservation Object-care, qui restaure également les archives de la mairie de Pepinster. Ce n’est pas une mince affaire, car la force de l’eau fait que de nombreuses photos se collent les unes aux autres. Elles doivent d’abord être séchées et nettoyées, après quoi des corrections numériques manuelles suivent. Les photos qui ont été complètement détruites ne peuvent évidemment pas être récupérées.

La photo plus belle que l’originale

La photo de jeunesse de Sylvia est maintenant encore plus belle que l'originale : "Je ne savais pas ce que j'avais vu, j'étais super heureuse de la photo. Je pense que je vais m'occuper de tout mon album. J'essaie de regarder les inondations comme ça : notre maison est toujours là et les événements ne sont pas comparables à ce que j'ai vu pendant la guerre. Mais les photos sont des souvenirs vivants, vous ne pouvez pas les acheter ou les remplacer. Je les ai immédiatement montrées à ma mère et à ma sœur en Croatie. Parce qu'elles n'en ont plus de copie. Une fois les murs et le plafond refaits, elles auront la plus belle place de la maison."

Pour la fonctionnaire Pascale Longle (52 ans) d'Angleur, qui a suivi un cours de photographie en cours du soir et a perdu environ six cents photos dans l'eau, il s'agit d'une source d'émotions. Cette image d'un tricycle solitaire, qu'elle a fabriqué et développé elle-même, lui rappelle le travail acharné qu'elle a consacré à son entraînement. Lorsque l'eau s'est retirée, elle l'a retrouvée à côté de tous les meubles, complètement décolorée. "J'ai toujours pensé que c'était une si belle image. Aussi petite soit-elle, une telle photo est une infime partie du passé. Ce n'est que du papier, mais cela montre une partie de la vie de quelqu'un." Sa photo restaurée peut être encadrée. "Elle me rappellera toujours les inondations. Non seulement parce que nous y avons tout perdu, mais parce que nous, tout comme le vélo, sommes complètement seuls et perdus."

Actuellement, Canon aide déjà environ 40 personnes à récupérer des centaines de photos. La société appelle toutes les personnes touchées à signaler leurs photos endommagées par les inondations. Cela peut aussi être des albums complets.

Les demandes peuvent être introduites sur le site web www.restory.photo, après quoi l’organisation vous contactera.