Le délestage des barrages de nouveau mis en cause lors des inondations: "Nous n’avons pas de culture du sauvetage dans notre pays"
Pour Daniel Bacquelaine (MR), la Belgique devrait s’inspirer de la France pour organiser la protection civile.
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Publié le 29-10-2021 à 21h13 - Mis à jour le 29-10-2021 à 23h45
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On a reparlé barrages lors de la séance d’audition de la commission d’enquête inondations de vendredi au Parlement wallon. Devant les députés, les bourgmestres de Chaudfontaine, Pepinster et Trooz ont remis sur la table la question du délestage des barrages pendant la nuit du 14 au 15 juillet.
Lors des précédentes auditions, le délestage était pourtant de moins en moins mis en cause dans la montée des vagues enregistrées durant la nuit du 14 au 15 juillet. D’autres hypothèses étaient avancées, comme la chute d’un mur ou la rupture d’un bouchon constitué de déchets en tout genre. La plupart des experts entendus évoquaient l’arrivée de ces vagues pour des raisons multiples et variées. D’ailleurs, dans certaines communes qui ne sont pas situées près d’un barrage, on avait aussi constaté des vagues.
Sans remettre en cause la multiplicité des explications possibles, Daniel Bacquelaine (Chaudfontaine) ainsi que Michel Legrand et Philippe Godin (Pepinster) sont revenus sur ces fameuses vagues. "L'eau est montée de 80 centimètres en une minute, c'était comme un mini-tsunami", a ainsi précisé Philippe Godin, bourgmestre en titre de Pepinster appuyé par celui qui le remplaçait entre le 10 et le 14 juillet, l'échevin Michel Legrand. Pour ce dernier, il n'est pas question "d'incriminer les barrages", mais juste de dire que "la gestion de ceux-ci est une piste de réflexion". "C'est factuel, nous avons vu des montées d'eau très rapides." Michel Legrand s'est cependant refusé à considérer que sans ces délestages, les dégâts auraient été moins importants.
Quant à Daniel Bacquelaine, il estime que "le débat sur la gestion des barrages est essentiel" tout en reconnaissant que sans les barrages, c'eût sans doute été pire. Après ces trois auditions, une seule question se pose encore sur ce sujet : fallait-il commencer plus tôt dans la semaine, le délestage de l'eau des barrages ? La réponse viendra peut-être de l'enquête judiciaire qui est en cours. Mais il semble clair que les recommandations finales des commissaires aborderont la gestion des barrages abondamment.
Des pistes de réflexion
Daniel Bacquelaine a aussi évoqué, lors de son audition, quelques pistes de réflexion pour l’avenir, notamment concernant l’organisation des services de secours. Il est un peu piquant de constater que celui qui pose cette question était membre de la suédoise (le gouvernement MR, N-VA, Open VLD et CD&V) et a donc validé la réforme de la protection civile du ministre Jambon (N-VA) tant critiquée aujourd’hui.
Reconnaissons-lui que c'est fort de son expérience de bourgmestre durant les inondations qu'il livre cette réflexion. "Nous n'avons pas de culture du sauvetage dans notre pays. Il est intéressant de voir comment fonctionne la sécurité civile en France. Les pompiers y sont intégrés ainsi qu'une division de l'armée. Ils disposent aussi de 1 500 sauveteurs agréés. Je l'ai dit au Fédéral lors de la commission conjointe qui s'est penchée sur les inondations." Daniel Bacquelaine a aussi évoqué l'aménagement du territoire en Wallonie en mettant en garde les pouvoirs publics du sud du pays. "Le débat sur l'aménagement du territoire est encore plus essentiel que celui sur la gestion des barrages. On ne peut pas créer des vallées désertées en reconstruisant tout ailleurs."
Les compagnies d’assurances ciblées
Un dernier élément inquiétant est ressorti de ces auditions lorsque Philippe Godin le bourgmestre de Pepinster, assureur de profession, a abordé la question des compagnies d'assurances justement. "Les compagnies ne voulaient pas qu'on détruise les maisons dangereuses. Elles sont allées en justice contre l'arrêté de démolition. C'était purement financier. Réparer, c'était 180 000 euros pour une maison alors que détruire c'était 300 000 euros. Il a fallu qu'une façade s'effondre dans un endroit où des gens passaient pour qu'ils acceptent enfin la démolition de 40 maisons." L'image des compagnies d'assurances déjà écornées après qu'elles ont annoncé, cette semaine, vouloir augmenter les primes pour les sinistrés en prend donc encore un coup.
Signalons qu’une nouvelle fois, les bourgmestres entendus par la commission ont insisté sur le sentiment d’abandon et d’isolement qui les a traversés pendant les temps forts des intempéries.