Bientôt plus de patients en soins intensifs que lors du pic de la troisième vague ? "On s’en rapproche un peu plus chaque jour"
Au rythme actuel et selon les prévisions des experts, le chiffre de 1000 patients Covid en soins intensifs pourrait être atteint d'ici quinze jours. Pour rappel, le pic de la troisième vague au niveau des soins intensifs s'élevait à 947 patients.
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Publié le 23-11-2021 à 14h50 - Mis à jour le 23-11-2021 à 17h05
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Les jours passent et aucun signe significatif de ralentissement dans les chiffres de l'épidémie de Covid-19 en Belgique ne pointe le bout de son nez. "Pour les infections, c'est même le contraire, on constate une hausse encore plus forte. Et, du côté des admissions, l'augmentation reste relativement stable mais il n'y a toujours pas de signe d'affaiblissement", souligne le virologue Steven Van Gucht.
Les contaminations sont en hausse de 54% par rapport à la semaine précédente et, entre le 16 et le 22 novembre, il y a eu en moyenne 280 admissions à l'hôpital par jour pour cause de coronavirus, soit une augmentation de 19% par rapport à la semaine précédente. Au total, 3.289 personnes sont encore hospitalisées en raison du Covid-19, dont 654 patients traités en soins intensifs. Au rythme actuel, on pourrait donc se retrouver avec plus de 1200 patients Covid occupant des lits aux soins intensifs dès la mi-décembre. Une projection des plus pessimistes calculée par les experts mais pas totalement improbable.
"Au vu de la croissance actuelle de l'épidémie, c'est tout à fait plausible d'arriver à ce chiffre. Imaginer 1200 patients à la mi-décembre n'est pas non plus impensable, c'est ce que disent les modèles de prévision. Et au vu de la dynamique actuelle, sauf si on voit très bientôt un ralentissement (ce qui n'est toujours pas le cas), on s'y dirige. Au rythme actuel, on peut être à 800 la semaine prochaine et plus de 1000 d'ici 16 jours. On s'en rapproche donc un peu plus chaque jour. Dans le détail, on voit que c'est chez les gens qui ont entre 20 et 30 ans que les contaminations augmentent le plus mais, en chiffre absolu, c'est le plus élevé chez les 30-40 ans et même chez les personnes âgées de 50 ans", précise-t-il.
D’ailleurs, le nombre moyen d'admissions à l'hôpital est à ce stade supérieur au pic enregistré lors de la troisième vague. Et, au vu de la tendance actuelle, de l’ordre de plus de 19,4% par semaine, la situation ne laisse guère place à l’optimisme et à une amélioration soudaine. Pour rappel, le pic d'occupation des soins intensifs lors de la deuxième vague, avec 1.474 patients, avait été atteint le 9 novembre 2020, contre 947 au plus haut de la troisième vague et 1267 lors de la première (un chiffre qui s’élève à 654 actuellement sans avoir encore atteint le fameux pic des hospitalisations). Selon Yves Van Laethem, la grande différence avec la vague actuelle, c’est l’état des lieux de nos hôpitaux.
“Gérer près de 1200 patients aux soins intensifs, on l’a déjà fait l’année dernière, mais l'alpiniste est fatigué et arrive à sa quatrième montagne à plus de 600 patients à soigner. Il sait le faire mais il doit faire avec des douleurs aux articulations et il n’est plus dans la même forme aujourd’hui. Se retrouver avec 1200 patients reste le pire scénario pour cette vague mais il n’est pas exclu et on n’a pas envie de le voir. On serait alors à un seuil plus élevé que lors de la troisième vague et ce serait un paradoxe de percuter plus haut, même si la situation climatique est bien plus favorable au virus aujourd’hui”.
16 jours avant d'atteindre les 1000 patients si rien ne bouge
Un impact qui ne sera pas sans conséquence pour nos hôpitaux et notre système de soins. Entre les dégâts collatéraux, les reports de soins et les cancers non repérés ni même traités, les craintes sont nombreuses. "Si on arrive à devoir gérer plus de 1000 patients covid en soins intensifs, cela va être extrêmement dur pour notre système de soins car il y a déjà beaucoup d'absents et des lits qui sont fermés par manque de personnel. Ce sera très dur et, même si ce n'est pas la première fois, on l'a déjà vu lors des premières vagues où on a dépassé ce nombre de lits, il faudra créer des lits supplémentaires. Cela a un impact sur plein d'autres interventions, notamment en chirurgie et il y aura une charge encore plus grande sur nos hôpitaux. Et il ne faut pas oublier notre première ligne, comme la médecine générale, qui se plaint depuis longtemps et qui est déjà très occupée avec les patients Covid", ajoute-t-il.
Si les effets attendus par les mesures plus restrictives annoncées par le dernier Codeco seront scrutées de près, l'heure doit donc être à la prudence. "Il est beaucoup trop tôt pour parler de ralentissement et se montrer optimiste. Les dernières mesures qui sont entrées en vigueur sont appliquées depuis seulement samedi, il faut donc attendre deux semaines pour voir quel effet tout cela aura sur les admissions à l'hôpital. C'est toujours notre difficulté et ce fut la même chose lors de la vague précédente. On prend des mesures qui ne vont pas très loin et il faut attendre quinze jours pour vérifier l'impact sur l'épidémie. Entre-temps, ça peut continuer d'augmenter, tout comme la pression sur nos hôpitaux. Tout dépendra aussi du comportement individuel de chacun. Mais si aucun effet n'est constaté dans deux semaines, alors de nouvelles mesures ne seront pas à exclure", conclut Van Gucht.