Et si la prison de Forest devenait un musée pédagogique ?
Une pétition est lancée. La vieille prison bruxelloise doit fermer dans quelques mois. Les détenus seront transférés à Haren.
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Publié le 24-11-2021 à 08h38
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La prison de Forest, comme les deux autres vieilles prisons bruxelloises de Saint-Gilles et Berkendael, doit - en principe - fermer ses portes en septembre 2022, quand le "village pénitentiaire de Haren" (1 200 cellules), appelé à les remplacer, ouvrira les siennes. Que vont devenir ces établissements pénitentiaires construits au XIXe siècle ? Dans une pétition qu'ils viennent de lancer, la Ligue des droits humains (LDH) et l'Observatoire international des prisons (OIP) plaident pour transformer la prison de Forest en Musée pédagogique. Un projet similaire avait été lancé en 2005 à la prison de Tongres par Jean-Marc Mahy, ex-détenu, et Luk Vervaet, militant engagé et conférencier sur les prisons. Il n'a pas duré : trois ans plus tard, la prison de Tongres redevenait une infrastructure carcérale pour mineurs. Entre-temps, 300 000 personnes, dont de nombreux élèves, guidés par d'anciens détenus, avaient visité les lieux.
Une valeur symbolique
Par sa valeur symbolique, historique et sociale, et en raison de sa haute valeur architecturale, la prison de Forest pourrait devenir un lieu de mémoire, d’ouverture d’esprit et de réflexion remarquable pour le public, et en particulier les jeunes, souligne la pétition.
D'où l'appel aux autorités fédérales, régionales et communales à sauvegarder la prison de Forest en la transformant en Musée pédagogique de la prison. Au niveau mondial, l'établissement forestois fait partie des trois cents prisons du XIXe siècle, construites selon le Pennsylvania System, le modèle américain des premières prisons cellulaires des temps modernes. En Belgique, Tongres (1844) fut la première de ce type. Celle de Forest, dont le projet fut élaboré dès 1873, s'est ouverte en 1910. Avec les prisons d'Anvers et de Gand, la prison de Forest fut la première prison belge où l'on a créé une annexe psychiatrique et une aile séparée pour les femmes.
Cette génération d'anciennes prisons, présentes dans les centres-villes, est en train de disparaître et, avec elle, toutes les traces de l'histoire de l'incarcération. "Au lieu de les laisser se transformer entièrement en hôtels de luxe, centres commerciaux, écoles, centres sportifs ou logements dans de 'nouveaux quartiers urbains multifonctionnels', comme on peut lire dans des déclarations de certains édiles politiques, nous appelons à conserver ces lieux en témoignage de la nature de la prison et de ses conséquences en termes de souffrances et d'atteintes à la dignité humaine pour les détenues et les détenus au sein de leurs murs", indiquent la LDH et l'OIP.