"La situation est grave, le système entier menace d’imploser, il faut agir vite"

Le ministre-président flamand Jan Jambon a appelé ce mercredi à attendre les effets des mesures qui ont été décidées la semaine dernière par le Comité de concertation . Pourtant, c'est bien en Région flamande que le nombre de contaminations explose, les gouverneurs pressent d'ailleurs les autorités à prendre des mesures supplémentaires. En Flandre-Orientale, où le nombre de contaminations a augmenté de 79,7% au cours de la semaine écoulée, les autorités provinciales ont décidé de passer à la vitesse supérieure.

Ainsi, les fêtes et autres événements qui ne sont pas organisés dans un cadre professionnel sont suspendus pendant quatre semaines, ont fait savoir mardi les autorités provinciales. L'interdiction, qui entrera en vigueur vendredi, concerne notamment les activités de mouvements de jeunesse et de clubs de sport.

Du côté de la situation sanitaire, l’envolée dans les chiffres se poursuit. On note ce lundi 353 admissions à l’hôpital, on a donc dépassé le pic de la troisième vague, ce qui constitue également un record sur l’année 2021. Et plus de 650 patients Covid-19 se trouvent en soins intensifs, soit le nombre le plus élevé depuis le 12 mai dernier. A côté de ça, l’augmentation n’est toujours pas stoppée.

Face à cette situation, les experts appellent à la mise en place urgente de nouvelles mesures. "La situation est grave, le système entier menace d'imploser, alerte Erika Vlieghe, la présidente du GEMS (le groupe d'experts en charge de la stratégie de crise). On peut voir le cri de désespoir des médecins généralistes, du testing, du tracing, des hôpitaux car le fardeau de la maladie est trop grand et trop lourd à porter. Il faut absolument trouver de nouveaux moyens pour réduire la transmission virale". Vendredi dernier, le Codeco a bien (re)pris de nouvelles mesures, dont le renforcement du port du masque, mais ces dernières sont jugées insuffisantes par les experts. Attendre deux semaines pour vérifier qu'elles aient bien un effet sur la hausse des cas et des hospitalisations semble dangereux pour notre système de soins. Mais aussi pour la continuité des soins non-Covid.

"Je ne vois aucun signe de ralentissement pour le moment. Le nombre d'infections s'est même un peu accéléré et les hospitalisations ne se tassent pas. On est à un moment où il faut agir pour freiner la circulation du virus" , préconise quant à lui le virologue Steven Van Gucht.

Pour l'infectiologue Erika Vlieghe, il faudra déjà que les mesures les plus récentes décidées par le gouvernement soient bien implémentées. "Il est clair qu'il est encore trop tôt pour voir si les mesures ont réellement un effet mais la question reste de savoir si nous avons assez de temps pour attendre une semaine de plus avant d'en décider autrement. A ce stade, il faut être très prudent, appliquer très rigoureusement ce qui a été décidé car je vois déjà de nombreux manques au niveau du port du masque. Je crains que nous ayons très peu de temps devant nous car le système est train d'exploser" . Il faut dire qu'à côté de la flambée des nouveaux cas et des admissions à l'hôpital, la première ligne est débordée et les moyens mis à disposition pour le tracing et le testing sont mis à rude épreuve. Ils sont même proches de la saturation actuellement alors que les besoins sont croissants.

" C'est aussi pour cela que la situation est très pressante et même urgente. Et on ne voit déjà pas d'effet sur ce qui a été décidé avant le dernier Codeco donc on se pose des questions. Mais je ne veux pas entrer dans le détail de ce qui est à faire à ce stade, c'est aux politiques de décider. Mais si je fais référence aux conseils les plus récents du GEMS, ils sont toujours d'actualité. Quand il y a beaucoup de monde, lorsque l'activité est intense et où le risque de transmission est élevé, que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur, il faut limiter au maximum. Nous avons donc conseillé un paquet de mesures stables pour passer l'hiver. Mais il y a avait aussi possibilité de prendre des mesures ponctuelles en mettant des activités en pause, comme l'arrêt temporaire du monde de la nuit, l'arrêt des grands événements pendant quelques semaines. Ces conseils n'ont pas été suivis mais ils sont toujours d'actualité si les politiques le décident. Surtout, ils permettraient d'enrayer l'épidémie" .

A côté de la Belgique, certains pays ont opté pour un confinement court mais strict, ce mot que personne n'ose encore employer chez nous. Dans ce contexte, difficile d'imaginer que le prochain Comité de concertation attende le mois de janvier pour se réunir. Une réunion entre tous les gouverneurs de province en Belgique aura d'ailleurs lieu ce mercredi après-midi, notamment pour aborder les mesures Covid. "Nous n'avons jamais eu autant de cas qu'aujourd'hui, surtout en Flandre, constate Van Gucht. Il faut donc absolument freiner l'épidémie. Même si je n'aime pas le mot confinement - c'est peut-être encore un peu tôt pour l'aborder -, on doit agir très vite, par exemple en interdisant de façon temporaire les activités considérées comme étant les plus à risques".

Erika Vlieghe ne voit d'ailleurs pas d'amélioration pour les jours à venir. "Il n'est pas question d'un ralentissement à ce stade, c'est ce qui m'inquiète. Et c'est aussi pour cela que l'on craint qu'au vu de l'évolution actuelle, les mesures en place ne soient pas suffisantes, surtout quand on voit l'occupation des lits en soins intensifs" .

Pour le professeur de médecine générale Dirk Devroey (VUB), la situation n'est déjà plus tenable. " Le Covid balaie le pays. D'ailleurs, seules vingt communes ont encore une incidence inférieure à 500. Des consultations de crise sont organisées dans de nombreuses municipalités et provinces. Espérons que les autorités supérieures réalisent également à quel point le problème est grave".

Taux d'incidence de cas de Covid par commune pour les 14 derniers jours :

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Source: Sciensano