"Ce n’est pas un désintérêt pour les études qui cause le manque d’infirmiers dans les hôpitaux!"
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- Publié le 08-12-2021 à 09h13
- Mis à jour le 10-12-2021 à 16h57
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"Il faut bien se rendre compte que les écoles d'infirmières sont vides." Le moins que l'on puisse dire, c'est que cette petite phrase de l'infectiologue Charlotte Martin (CHU Saint-Pierre) entendue à la radio, mardi matin dans la matinale de La Première, n'est pas passée inaperçue. Elle appelle cependant quelques corrections.
Baisse des nouveaux entrants
Il est vrai que, depuis plusieurs années, les chiffres communiqués par l’Ares (la coupole de l’enseignement supérieur) montrent une baisse des nouveaux entrants en première année du bachelier en soins infirmiers. De 3 448 en 2015-2016 (le maximum jamais enregistré), on est passé progressivement à 2 396 étudiants en 2019-2020. Malheureusement, les statistiques de l’Ares s’arrêtent là concernant les primo-arrivants.
Autre source : l’évolution du total d’inscrits en première année, communiquée par le cabinet Glatigny, y compris les étudiants qui recommencent leur bac 1. On y observe également une diminution régulière entre 2015-2016 (4 167 inscrits) et 2019-2020 (2 956). Et on voit que cette baisse s’est confirmée en 2020-2021 (avec 2 644 étudiants de première).
Une remontée peut-être amorcée ?
Les écoles sont-elles vides pour autant ? L’Ares mesure aussi le nombre total d’inscrits dans les quatre années du bachelier.
De 8 554 en 2015-2016, on est descendu à 7 364 en 2019-2020 mais revenu à 7 563 en 2020-2021. Une remontée est peut-être amorcée ? Peut-on penser que moins d’étudiants abandonnent en cours de parcours, ce qui serait une bonne nouvelle ? Ou plutôt qu’ils sont plus nombreux à mettre plus de temps à arriver au terme de leurs études ? Cette analyse plus poussée n’est pas encore entamée.
Le début de la descente remonte à 2016-2017, quand le bachelier désormais appelé "infirmier responsable de soins généraux" est passé de trois à quatre années d'études, non sans conséquences sur les inscriptions. La situation est-elle en train de se normaliser ? "Le nombre global d'étudiants semble rester plus ou moins le même", constate prudemment Nathalie Jauniaux, directrice des études et statistiques à l'Ares. Elle ajoute : "Ce ne serait d'ailleurs pas non plus parce que le nombre d'inscrits diminuerait qu'il en irait de même avec le nombre de diplômés."
Premiers diplômes de la filière allongée
Les premiers diplômes de la filière allongée ont justement été délivrés en 2019-2020. On en comptait 1 067. Or ils étaient plus de 1 500 par an avant le passage à quatre ans. Seulement, là aussi, il est trop tôt pour tirer des conclusions de cette première cohorte. "Celle-ci ne compte en effet que les étudiants qui n'ont pris aucun retard", explique encore Nathalie Jauniaux. Pour voir si l'allongement des études aura pesé à long terme sur le nombre de diplômés, il faudra donc patienter encore quelques années.
"Une chose est sûre en tout cas, conclut Vinciane De Keyser, secrétaire générale de la Fédération de l'enseignement supérieur catholique (Fédesuc) dont plusieurs hautes écoles proposent le bachelier infirmier. Rien ne permet de parler de désaffection générale."
"Responsables, motivés, formidables"
À la haute école Vinci, le nombre d’inscriptions est stable depuis quelques années, voire en légère progression. En 2019-2020, 361 étudiants étaient inscrits en première année de la filière : ils étaient 386 l’année suivante et sont 429 cette année. Constat similaire pour ces trois dernières années à l’Hénallux, avec 160, 159 puis 171 étudiants en bac 1. Le nombre de diplômés varie peu également.
"Nos diplômés de cet été et de l'été précédent ont été hyper-responsables et très volontaires dans la pandémie", souligne Sophie Breestraet, la directrice du secteur santé à la haute école Vinci, qui insiste sur le dynamisme et la motivation de tous ces étudiants. Sa consœur Cécile Dury à l'Hénallux la rejoint : "Ces jeunes sont magnifiques. Ce n'est pas un désintérêt pour les études qui cause le manque d'infirmiers dans les hôpitaux !" Le message au politique est clair.