Eviter de parler du covid pendant les fêtes, est-ce vraiment une bonne idée ?
Eviter de parler de la vaccination lors des fêtes peut être utile seulement si la décision est partagée par tous, explique le psychologue Jean Van Hemelrijck
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/f166b05f-7afb-4a3b-822a-63b609d32f88.png)
Publié le 23-12-2021 à 17h30 - Mis à jour le 24-12-2021 à 08h59
:focal(1275x1142:1285x1132)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/KHXBIZY465HRJKCNUOSCL6VZFE.jpg)
Jean Van Hemelrijck est psychologue de la famille à l'ULB. Il livre ses conseils pour éviter les tensions autour des sujets qui fâchent lors des réveillons.
Est-ce normal que les familles se déchirent parfois autour des thématiques sanitaires ?
Une famille qui se dispute est une famille saine, la confrontation fait partie de la dynamique familiale. Les plus âgés détiennent une vérité, les plus jeunes en ont une autre et les vécus sont différents. Ceci dit, le covid opère dans la société d’un double sentiment. Le premier concerne l’omniprésence de la mort, alors que le sujet est habituellement passé sous silence. Le second concerne plutôt le discours politique, à savoir que le vaccin et le masque ont été présenté comme un moyen d’éviter la mort. Tout-à-coup, nous sommes confrontés à quelque chose d’effrayant et nous n’avons pas d’outils. Face à l’absence de solutions toutes faites, les familles vont discuter et parfois se confronter.
Comment faire pour éviter les tensions autour de la table du réveillon ?
Il faut du temps pour pouvoir parler de ces choses. Lancer la discussion d’entrée de jeu pour “crever l’absès” ne me semble pas dès lors pas une bonne solution. Il est préférable de se dire qu’on en parlera une autre fois et de se mettre d’accord pour parler d’autre chose le temps des fêtes. C’est une période de retrouvailles et de plaisir, d’autant que bien souvent les familles ne se sont pas retrouvées depuis un long moment. Les sujets liés à la crise sanitaire convoquent des émotions brutales puisque cela a trait à la mort ou à la perte. On ne peut pas tarir ces thématiques là dans une discussion délimitée, où, bien souvent, l’alcool a échauffé les esprits. Ce sont des sujets extrêmement délicats qui ne sont jamais épuisés parce que personne ne sait ce qu’est la mort, et tout le monde en a une expérience différente, selon son âge ou son vécu.
Eviter le sujet, est-ce une solution ?
Cela peut constituer une solution seulement si c'est convenu à l'avance, par tout le monde et que c'est officialisé. Si ce n'est pas dit clairement, il y aura toujours une peur que le sujet arrive sur la table, et la peur provoque la colère et l'inquiétude. Les émotions prennent alors le dessus et les discussions tournent à la dispute. Il vaut mieux se dire clairement "On sait que nous ne sommes pas d'accord et que nos points de vue divergent alors n'en parlons pas".