La police a d’autres chats à fouetter que de contrôler la fermeture des cinémas
Officiellement, depuis dimanche, le rideau est tombé sur les salles de cinéma, les scènes de théâtre et les espaces fermés des centres culturels. Mais, dans les coulisses, on renâcle.
Publié le 26-12-2021 à 20h38 - Mis à jour le 27-12-2021 à 09h30
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Officiellement, depuis dimanche, le rideau est tombé sur les salles de cinéma, les scènes de théâtre et les espaces fermés des centres culturels. Pour contrer la poussée du variant Omicron, le Comité de concertation (Codeco) du 22 décembre a décidé qu’ils resteraient fermés jusqu’au 28 janvier.
Mais, dans les coulisses, on renâcle. Pas question d’obtempérer face à une mesure considérée comme arbitraire, injuste et sans justification scientifique. La résistance s’organise. Des dizaines de lieux culturels ont décidé de braver l’interdiction d’ouvrir et maintiennent les spectacles programmés. Quitte à s’exposer à des sanctions.
Théoriquement, les contrevenants risquent des amendes. La participation à un rassemblement illégal peut coûter 250 euros au spectateur qui se ferait pincer. Pour les organisateurs, l’ardoise peut grimper de 750 à 4 000 euros.
Le cul entre deux chaises…
Mais, en pratique, on ne s’attend pas à ce que les sanctions tombent en rafales. Plusieurs bourgmestres ont déjà annoncé qu’ils n’enverraient pas la police vérifier si les lieux culturels gardaient portes closes sur leur territoire.
Exemple : Namur. Au micro de la RTBF, le député bourgmestre Maxime Prevot (CDH), déclarait, à la veille de Noël : "Nous sommes tenus de veiller à ne pas cautionner des actes de désobéissance civile. On va être de nouveau le cul entre deux chaises. Il est évident que je ne vais pas envoyer la police et les matraques."
"Inimaginable"
À Bruxelles, la porte-parole de la zone de police Bruxelles-Ixelles a clairement indiqué samedi ne pas avoir le temps pour contrôler si les cinémas ont bien fermé leurs portes. De son côté, le procureur général du Hainaut, Ignacio De la Serna déclarait aussi que le strict respect de ces décisions ne serait pour lui pas une priorité judiciaire en raison des nombreuses tâches qui mobilisent déjà policiers et magistrats. En clair : ils ont d’autres chats à fouetter que de poursuivre les opérateurs culturels qui ne se rangeraient pas aux injonctions du Codeco.
On apprenait cependant dimanche soir, par le cabinet de la ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden (CD&V), que le Centre de crise national avait pris contact avec les gouverneurs des dix provinces, ainsi qu’avec le ministre-président bruxellois, Rudi Vervoort, pour leur demander de s’assurer du respect, par les autorités locales, de toutes les mesures décidées le 22 décembre.
Le Codeco a explicitement demandé mercredi aux services de police et d’inspection de prendre des mesures strictes, y compris la fermeture des installations après avertissement. La police intégrée en a été informée, a précisé la porte-parole dimanche soir.
À suivre donc, d’autant que la ministre francophone de la Culture, Bénédicte Linard (Ecolo) a pour sa part déclaré qu’elle ne comptait pas sanctionner les acteurs culturels qui resteront ouverts, malgré la décision du Comité de concertation.