"Il ne faudrait pas que cette arme se retourne contre nous": face à la vague infectieuse causée par Omicron, les experts appellent à la prudence
Télétravail, allégement des quarantaines, modification de la stratégie de testing, situation hospitalière: Steven Van Gucht et Yves Van Laethem font le point en cette veille de comité de concertation.
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Publié le 05-01-2022 à 16h59 - Mis à jour le 05-01-2022 à 20h40
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A la veille d'un Comité de concertation qui devrait marquer la réconciliation entre les responsables politiques et les experts, les différents représentants devraient faire le point sur les mesures actuellement en vigueur, avec deux paramètres dans le viseur: le variant Omicron et l'avancée de la vaccination et de la troisième dose en Belgique. "C'est le moment d'appeler à la prudence car nous entrons dans une période incertaine, lance le virologue Steven Van Gucht. Une chose est sûre, la vague de contaminations a commencé et on prévoit qu'elle augmente encore pendant au moins une semaine. Cette semaine, on arrive déjà à plus de 25.000 infections par jour, même si ce chiffre n'est pas encore consolidé, c'est en tout cas un chiffre qui n'a pas encore été vu et qui frôle déjà le pic de la quatrième vague".
Une cinquième vague qui s’explique par plusieurs facteurs, notamment les rassemblements en intérieur durant les fêtes. Et avec le variant Omicron, beaucoup plus contagieux, entraîne logiquement une forte hausse des nouvelles infections. Mais si le nombre d’hospitalisation augmente légèrement ces derniers jours, les soins intensifs sont à ce stade épargnés.
La question épineuse sera désormais de savoir quel sera l'impact de la vague actuelle auprès des personnes les plus vulnérables, et notamment à Bruxelles où une partie non négligeable des 65 ans et plus n'est pas vaccinée, à hauteur de 16%. Et une proportion encore trop importante n'a pas reçu sa dose de booster. Autre constat préoccupant, les infections repartent à la hausse dans les maisons de repos. "Il faudra voir si l'immunité va les protéger, on l'espère mais les semaines qui suivent seront incertaines à ce niveau-là également. J'espère qu'on pourra les gérer sans avoir à mettre en place des mesures plus strictes".
"On perd une arme dans notre arsenal"
Face à l'allégement des mesures de testing, de tracing et la réduction des quarantaines pour les Belges vaccinées, les experts s'inquiètent que ce revirement stratégique se retourne contre nous. "C'était une sorte de nécessité au vu du très haut taux d'infection, cela devient en effet difficile pour la première ligne de suivre la cadence et d'assurer tous les tests. Mais d'autre part, si on relâche le système, on va avoir plus d'infections invisibles et on pourra moins bien ralentir la vague. C'est une arme qu'on risque de perdre partiellement et cela pourrait se retourner contre nous, surtout pour les personnes vaccinées, on sait en effet qu'un faible pourcentage d'entre elles peut être infecté, on perd donc une arme dans notre arsenal", admet Steven Van Gucht.
Pour le virologue Yves Van Laethem, il est donc primordial de rappeler certaines règles élémentaires, même pour ceux qui ne seraient pas concernés par les mesures de quarantaine dès le 10 janvier. "Il est important de se montrer très prudent. Même si on n'est donc pas concerné par une quarantaine obligatoire quand on est un contact à haut risques, c'est-à-dire 15 minutes de proximité avec une personnes infectée, il faut quand même rester très prudent les dix jours qui suivent, à savoir éviter d'aller au restaurant ou au café, ne pas aller visiter ses grands-parents et porter le masque le plus possible. Tout cela plus le respect des gestes barrière classiques fait que l'on pourra limiter la casse au niveau de la hausse des infections".
Le GEMS préconise également le retour du télétravail à 100% afin de casser la chaîne des recommandations. "Je pense que c'est le moment pour les employeurs de l'appliquer, cela donne également plus de garanties pour conserver son personnel non-malade dans cette période où le virus circule massivement, on note par exemple une hausse de 30% de l'absentéisme en Angleterre, il faut éviter cela. Et cela concerne autant la santé des entreprises que celle des employés, et on sait que le télétravail diminue le risque. On peut également imaginer que l'employeur fournisse un masque FFP2 aux employés qui doivent se rendre sur place, cela pourrait être une bonne idée pour assurer plus de sécurité", pointe Van Gucht.
Mais à côté de la vague des infections, les experts se montrent optimistes pour les mois à venir.
“Je pense que la période qui arrive sera très difficile mais à moyen et long terme je suis assez optimiste. On voit que dans les pays qui ont été frappés par Omicron, le risque pour les hospitalisations est moins élevé qu’avec le variant Delta et ce surtout pour les gens vaccinés. La population immunisée a par exemple 50 à 70% de risques en moins de faire une forme sévère et d'être admis à l’hôpital. En Angleterre, on a vu une hausse des admissions mais ça ne s'est pas encore traduit dans les admissions aux soins intensifs, le risque d’être transféré dans ces unités avec Omicron est donc moins important, on espère que cela va se poursuivre”,
conclut-il.