La nouvelle stratégie de testing suffira-t-elle à éviter la saturation des centres de dépistage ?
À Bruxelles et en Wallonie, la situation dans les centres de tests est sous contrôle, malgré l’explosion des contaminations.
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Publié le 10-01-2022 à 09h02 - Mis à jour le 10-01-2022 à 12h30
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Selon les chiffres publiés par Sciensano, 71 800 tests en moyenne ont été réalisés chaque jour entre le 29 décembre et le 4 janvier. Ces mardi 4 et mercredi 5 janvier, la barre des 100 000 tests par jour a même été franchie, une première depuis le 10 décembre. Ces chiffres flirtent dangereusement avec la capacité maximale de réalisation de tests PCR. "Normalement, on peut faire jusqu'à 150 000 tests PCR par jour. Mais on sait que, quand on arrive entre 100 000 et 110 000, les délais pour recevoir les résultats deviennent plus longs", note Karine Moykens, présidente du Comité interfédéral Testing&Tracing.
Craignant une "pression intenable" sur le système de dépistage similaire à ce que l'on a pu observer lors de la quatrième vague en novembre dernier, les ministres de la Santé ont modifié la politique de dépistage. Dès ce lundi 10 janvier, les contacts à haut risque asymptomatiques ne doivent plus se faire tester. La nouvelle stratégie vise également à permettre à toute personne présentant des symptômes de se faire tester. "Il faut savoir si ces personnes ont le Covid-19 ou une autre maladie, car les médecins doivent pouvoir les traiter dans ce cas", insiste Mme Moykens.
"Il y a encore de la place"
À Bruxelles, où les contaminations explosent, la situation dans les centres de tests est encore sous contrôle, même si certains sont plus sollicités que d'autres. "C'est le cas de celui de la gare du Midi, de Pacheco ou de Mérode, explique Fatima Boudjaoui, la porte-parole de la Cocom. Mais il reste de la place partout."
La situation est également sous contrôle en Wallonie. "On avait de la latitude pour augmenter les heures et les équipes des centres de tests et nous n'avons jamais dû aller au-delà", précise Stéphanie Wilmet, porte-parole de la ministre wallonne de la Santé, Christie Morreale (PS).
Selon les règles en vigueur, chaque autotest positif doit être confirmé par un test PCR. Cette disposition accroît la pression exercée sur les centres et les labos. Et l'intensité de la vague Omicron risque dès lors d'accentuer cette pression. "Avec la stratégie élaborée, on peut tenir le coup", rassure la présidente du Comité interfédéral Testing&Tracing, même si elle admet que les records de novembre (environ 142 000 tests/jour) pourraient être battus.
La crainte de certains laboratoires
"On tourne à entre 200 et 400 tests par jour, pour une capacité d'environ 500. Il y a encore de la marge", observe le Dr De Gheldre, microbiologiste au laboratoire du Chirec, qui analyse les tests des patients du groupe hospitalier.
Il reconnaît toutefois que des problèmes pourraient rapidement survenir et redoute des soucis d'approvisionnement en matériel. "Pour l'instant tout va. On commence toutefois à nous prévenir qu'en matière de frottis on risque de connaître des soucis de livraison", explique-t-il. "Et si on n'a pas de quoi dépister les gens, on se retrouve le bec dans l'eau."
Le risque d’une pénurie de techniciens
Un autre problème, lié à la forte contagiosité d'Omicron, risque de toucher les laboratoires. "Si on se met à avoir des techniciens atteints du Covid, cela va devenir très difficile", explique le Dr De Gheldre.
Une crainte partagée par le Pr Benoît Kabamba, microbiologiste aux Cliniques universitaires Saint-Luc de Bruxelles. En plus des tests réalisés dans son laboratoire clinique, l'hôpital reçoit des échantillons en provenance des centres de tests fédéraux. Et ceux-ci arrivent en nombre ces derniers jours : "presque 8 000 sur la journée du 6 janvier", note le Pr Benoît Kabamba.
"Pour le moment, nous ne sommes pas encore débordés. Mais, quand on voit ce qu'il se passe dans les pays voisins, on se dit qu'on va sûrement avoir beaucoup d'échantillons à traîter, comme en novembre passé", explique le microbiologiste des Cliniques universitaires Saint-Luc. "On risque d'avoir des problèmes puisque le personnel qu'on a n'a pas été prévu pour absorber autant de tests. On risque aussi d'avoir des cas parmi les employés et donc d'être en difficulté à cause de gens malades." Avec quelles conséquences ? "Ce qui risque de se passer, c'est l'allongement du temps d'attente avant les résultats. On risque de répondre dans les 48 heures", prévient le professeur, alors que le délai actuel est généralement de 24 heures.
Le scénario du pire
Des mesures en cas de saturation des capacités de dépistage ont d'ores et déjà été prises. "On a contacté aussi bien les universités que des médecins et infirmiers en retraite pour nous aider si nécessaire", assure Karine Moykens. "Actuellement, ce n'est pas encore le cas, mais tout le monde est prêt", conclut-elle.
Du côté du fédéral, on imagine déjà le scénario du pire. Selon nos informations, le cabinet du ministre Vandenbroucke a demandé aux Régions de préparer un plan en cas de saturation des premières lignes. "On réfléchit à des pistes pour soulager les médecins généralistes, les pharmaciens, les infirmiers à domiciles", précise notre source.