Les Néerlandais envahissent une Belgique moins stricte face au Covid
Le grand rush est passé, mais le sujet qui fâche refait surface : le péage routier, dont personne ne veut, pour les étrangers.
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- Publié le 13-01-2022 à 09h14
- Mis à jour le 13-01-2022 à 10h17
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Allez-vous à HollAntwerpen pour échapper au confinement aux Pays-Bas ? Depuis quelques semaines, ce néologisme (contraction de Holland et Antwerpen) circule sur la Toile flamando-néerlandaise à la vitesse d'un virus. Contagieux comme Omicron, il continue de faire le buzz en cette période de soldes. À Anvers, mais aussi à Turnhout, Hasselt, Gand et Liège, les commerçants se frottent les mains. Ces Néerlandais sont pour eux une manne fort appréciée. Le patois flamand ou liégeois et l'accent néerlandais se côtoient lors de la course aux bonnes affaires.
Fini la trêve des confiseurs, voilà les soldes… période faste dont raffolent les Hollandais. En voiture, en bus ou en train, ils envahissent nos villes flamandes et wallonnes l'espace d'une escapade belge qu'ils apprécient. Rien que pour échapper au confinement ou pour conjurer le jansénisme ambiant. "Lekker dagje shoppen in Antwerpen, zonder kids. Wat een rust !" ("Chouette, une petite journée de shopping à Anvers, sans les gosses, tranquille !")
Détente en Flandre
Entre Noël et le Nouvel An, les Néerlandais avaient envahi notre pays, jugé moins strict face au Covid. Nos voisins y ont vu l’occasion d’échapper au confinement pour profiter des vacances. Car aux Pays-Bas magasins non essentiels, restaurants, bars, cinémas, musées et théâtres sont fermés jusqu’au… 14 janvier. S’offrir une échappée belle bien flamande, franchement bourguignonne, était donc le bon plan pour de nombreux Néerlandais. Par dizaines de milliers, ils ont envahi la ville de l’Escaut afin de goûter aux plaisirs d’un hiver à Anvers.
Inquiètes, les autorités régionales, y compris la gouverneure de la Province d’Anvers, Cathy Berx, avaient pourtant appelé leurs voisins à ne pas se rendre dans les cafés et les restaurants entre Noël et le Nouvel An.
La tension est retombée à présent. Mais durant la période écoulée les esprits se sont échauffés de part et d'autre de la frontière, donnant lieu à un florilège de réactions. L'idée d'un péage routier a même été évoquée par certains. Faut-il rappeler qu'il y a quinze ans la Belgique et les Pays-Bas avaient déjà croisé le fer sur la même question ? L'accord du gouvernement flamand prévoyait alors la mise en place, à compter du 1er janvier 2008, d'une vignette routière destinée aux étrangers venant en Belgique. L'automobiliste souhaitant passer par nos routes était censé s'acquitter d'un montant annuel de 60 euros. Les Néerlandais, qui affluaient à Anvers chaque samedi soir en conquérants nocturnes et qui sillonnaient nos routes chaque année en caravane, avaient fulminé. De Telegraaf, le quotidien le plus lu des Pays-Bas, avait mis le feu aux poudres un lançant une campagne de boycott contre la Belgique.
À ce moment-là, certains Flamands voyaient d’un bon œil l’instauration d’une taxe permettant de limiter significativement le nombre de Néerlandais dans nos villes et sur nos routes. Ce qui provoqua l’ire de nos voisins d’outre-Moerdijk. Ceci dit, pour la Commission européenne, la vignette routière pouvait constituer une discrimination envers les étrangers. La Belgique a rétorqué qu’il n’en était rien. Bien au contraire : les Belges étaient les seuls à payer pour leurs routes, alors que des millions d’étrangers de passage bousillaient l’asphalte local. Ce n’était que justice.
Poids lourds seulement
En mars 2007, le ministre-Président flamand Yves Leterme (CD&V) a fait sauter la vignette routière lors d’une visite de travail rendue au Premier ministre néerlandais de l’époque, Jan Peter Balkenende.
Une alternative à la vignette visant uniquement les poids lourds étrangers a tout de même vu le jour en 2016. Les chauffeurs routiers étaient désormais tenus d’installer un boîtier électronique en cabine afin de mesurer le nombre de kilomètres parcourus sur notre territoire.