"Le Covid Safe Ticket actuel porte très mal son nom"
Pour le professeur Goldman, le discours doit évoluer face à Omicron : "Pousser la vaccination obligatoire dans l’immédiat c’est faciliter le discours délétère des antivax."
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Publié le 25-01-2022 à 08h13 - Mis à jour le 25-01-2022 à 09h10
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Dans l'optique de limiter le nombre de cas sévères, les vaccins actuels ont fait leurs preuves et restent très efficaces. Par contre, ils nécessitent un rappel dans les quelques mois après l'injection de la deuxième dose. "Certes, le nombre de cas sévères diminue progressivement car la proportion de personnes protégées par la vaccination et/ou une infection antérieure augmente, et le variant endommage moins les poumons. Mais attention, avec Omicron, ceux qui sont vaccinés vont perdre une grande partie du bénéfice de leur vaccination s'ils ne reçoivent pas leur booster", explique Michel Goldman, professeur émérite d'immunologie à l'Université libre de Bruxelles. "Pour les plus vulnérables, ils prennent le risque de se retrouver aux soins intensifs. Et pour les autres, de présenter des symptômes désagréables auxquels ils auraient pu échapper grâce au booster."
Vaccination obligatoire : Omicron change la donne
Aujourd'hui, les vaccins ARNm disponibles sont moins efficaces pour empêcher les infections asymptomatiques ou bénignes causées par Omicron, l'explosion actuelle du nombre de cas dont une partie survient chez des personnes complètement vaccinées le démontre. "Si l'importance d'une couverture vaccinale la plus large possible reste incontestable pour prévenir les cas sévères et limiter le nombre d'arrêts maladie pour cause de Covid-19, le bénéfice de rendre la vaccination obligatoire s'est considérablement réduit depuis l'arrivée du variant Omicron.
" Selon lui, la population est d'ailleurs en droit de s'interroger sur le bien-fondé d'imposer la vaccination obligatoire aujourd'hui alors que les vaccins disponibles ont une efficacité diminuée face au variant Omicron en circulation. "Le CST actuel porte très mal son nom car il donne un faux sentiment de sécurité : en étant triplement vacciné, le risque d'être contaminé et de contaminer d'autres personnes est certes diminué mais il n'est pas aboli."
Le professeur Goldman insiste pour que cela ne remette pas en cause le rôle déterminant de la vaccination dans la lutte contre la pandémie : "Tout cela n'enlève rien au bénéfice considérable de la vaccination pour protéger les plus vulnérables, encore aujourd'hui. Et il faut rappeler que lors des vagues précédentes, c'est plus de 500 000 vies qui ont été sauvées en Europe grâce à la vaccination. Mais avec Omicron, le discours doit évoluer : pousser la vaccination obligatoire dans l'immédiat c'est faciliter le discours délétère des anti-vaxx".
Néanmoins, il est important que ce débat sur la vaccination obligatoire ait lieu au Parlement. Il permettra également de préparer une réaction rapide et appropriée lors d'une éventuelle nouvelle vague, "vague à laquelle nous espérons échapper ou lors d'une prochaine pandémie dans les années à venir, poursuit-il. Nous devrions alors disposer de vaccins efficaces contre le virus en circulation, et pour en tirer le plus grand bénéfice, la question d'une vaccination obligatoire se posera différemment d'aujourd'hui. J'espère toutefois que l'on récupérera alors sans contrainte un bon nombre de ceux que la vaccination obligatoire hérisse aujourd'hui."