Les Frères musulmans, une menace à ne pas négliger selon le renseignement belge
Le Comité R a rendu public un rapport déclassifié sur la mouvance et ce qu’en pensent les services.
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- Publié le 22-03-2022 à 22h11
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Le Comité R a publié mardi soir un rapport longtemps attendu : celui qui porte sur la façon dont les services de renseignement, la Sûreté (VSSE) et le Service général de renseignement et de la sécurité (SGRS) suivent la mouvance des Frères musulmans en Belgique. Le rapport avait été commandé l’an dernier par les députés à la suite de l’affaire Ihsane Haouach, cette femme voilée qui avait été proposée par Écolo au poste de commissaire du gouvernement et qui avait dû démissionner à la suite de révélations sur ses liens, délibérés ou à son insu, avec cette mouvance islamiste née en Égypte en 1928.
Les deux services de renseignement estiment que la mouvance ne représente pas une menace immédiate mais s’interrogent sur les risques de voir la société belge polarisée par un mouvement qui fait de l’entrisme dans les institutions et promeut, à long terme, l’islamisation de la société.
"Le SGRS considère néanmoins que les Frères musulmans représentent un danger et la VSSE qu'ils constituent une menace haute et prioritaire en matière d'extrémisme dès lors que leur stratégie à court terme pourrait créer un climat de polarisation et de ségrégation au sein de la société belge, et constituer ainsi un vecteur de radicalisation", explique le Comité R.
Le rapport ne nomme pas les organisations relais des Frères en Belgique, sinon la Ligue des musulmans de Belgique (LMB), qui a organisé dans le passé des foires musulmanes où s'exprimait Tariq Ramadan, petit-fils du fondateur de la mouvance, mais aussi le Council of European Muslims (CEM), qui fait du lobbying auprès des institutions européennes. On sait cependant que 39 associations sont associées aux Frères en Belgique, dont des écoles, des mosquées, des mouvements scouts, des think tanks et des œuvres de bienfaisance. "On retrouve aussi les Frères musulmans, souvent bardés de diplômes, dans de nombreuses ASBL, et autres organisations dans tous les domaines de la société", expliquait le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne (Open VLD), l'an dernier au Parlement.
Un réseau difficile à percer
C’est la Sûreté qui a le leadership sur l’analyse de la confrérie, le SGRS se contentant de surveiller les militaires et l’Ocam n’ayant jamais écrit une note à ce propos, selon le rapport.
La difficulté principale est que les Frères, à l’image de leur maison mère égyptienne, ne constituent pas une organisation classique, mais plutôt un réseau, sans carte de membre, mais avec des affinités politiques et religieuses. Les Frères donnent des recommandations de vote aux élections. Ils sont présents en Belgique depuis les années soixante.
L'Égypte, la Russie, les Émirats, l'Arabie saoudite considèrent le mouvement comme "terroriste" (en partie parce que les frères luttent pour la fin des monarchies pétrolières). L'Autriche est le seul pays européen à l'interdire, l'estimant lié à "la criminalité à vocation religieuse". Interrogé récemment par La Libre, Alain Chouet, ex-agent de la DGSE française, commentait : "Les Frères sont des pragmatiques. Ce qu'ils veulent, c'est le pouvoir et, surtout, l'argent."