En 2021, la rue a tué 76 personnes à Bruxelles
C’est le triste record annuel enregistré par le Collectif des morts de la rue depuis 2005.
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Publié le 05-05-2022 à 21h25 - Mis à jour le 05-05-2022 à 21h26
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Septante-six décès en 2021 - ce qui représente un mort tous les cinq jours en moyenne. Jamais la rue n’avait fait autant de victimes en un an à Bruxelles depuis 2005, quand le Collectif des morts de la rue a commencé à récolter les données sur les (ex-)habitants de la rue décédés en Région de Bruxelles-capitale.
Ce groupe composé de gens de la rue, de citoyens, de bénévoles, de professionnels travaillant auprès des sans-abri, alertés par la solitude dans laquelle certains morts de la rue pouvaient être enterrés, agit depuis plus de 15 ans pour leur assurer un adieu digne.
Au cours d’une cérémonie qui aura lieu le 25 mai, à 11 heures, à l’hôtel de ville de Bruxelles, un hommage sera rendu aux 76 personnes dont le Collectif a appris le décès en 2021.
Au cours de l’hommage, des poètes bruxellois liront une litanie de 76 poèmes écrits en mémoire de chacun des défunts. On y entendra aussi des témoignages de proches et des chants. Plusieurs cultes religieux seront représentés.
Prise de conscience
La crise sanitaire liée à l’épidémie de coronavirus s’est accompagnée d’une prise de conscience généralisée quant à l’importance de l’au-revoir à un proche décédé, souligne le Collectif. Après une période troublée de deux ans, quelque 28 cérémonies d’adieu ont été coorganisées par le Collectif en 2021, en tenant compte, à chaque fois, des convictions de vie et des volontés funéraires des personnes (si elles les avaient exprimées au préalable).
Entre 2005 et 2021, le Collectif a appris la mort de 838 personnes au total. Il observe une nette augmentation du nombre de décès de gens de la rue dont il a connaissance.
Comment expliquer cette tendance à la hausse ? L’association pointe l’élargissement du réseau du Collectif : le nombre d’acteurs qui peuvent signaler ces décès s’étend et les informations lui parviennent sans doute plus fréquemment.
Précarité en hausse
Mais, pour le Collectif, cette croissance est surtout due à l’augmentation du nombre de personnes sans abri à Bruxelles, comme le montrait le dernier recensement établi par Bruss’help. Au total, 5 313 personnes (dont 933 enfants) sans abri ou mal logées ont été dénombrées fin 2020, soit une augmentation de 27,7 % par rapport au même exercice effectué deux ans plus tôt. En cause : la crise sanitaire, qui a durement appauvri la population qui était déjà en situation de précarité. Il semble donc logique que le nombre absolu de décès de sans-abri augmente en parallèle.
L’invasion russe en Ukraine, qui fait flamber les prix de l’énergie et des denrées alimentaires, entre autres, ne permettra pas d’inverser la tendance de sitôt...
En été comme en hiver
De quoi meurent les gens de la rue ? Les secrets médical et professionnel empêchent de communiquer ces informations au Collectif. Dans quelques cas, la famille ou les proches les évoquent et on sait qu’untel est mort d’un cancer, d’une crise cardiaque, d’une overdose, à la suite d’une agression…
Une chose est sûre : les décès des habitants de la rue surviennent toute l'année : il n'y en a pas plus en hiver qu'en été. Il faut donc s'écarter d'une "politique du thermomètre" et proposer de réelles solutions structurelles pour sortir les personnes durablement de la rue, insiste le Collectif.