Un an après, que sont devenus les déchets des inondations ?

Près de 350 000 tonnes de déchets, de terres et de boues ont dû être traitées après les inondations de juillet 2021. Un an après, le travail avance, mais ne touche pas encore à sa fin. Où en est le travail ?

On se souvient des images, prises il y a quelques mois, montrant des tonnes et des tonnes de déchets en tout genre. Des meubles aux albums photos, en passant par les vêtements : ce sont des maisons entières qui ont été vidées, leur contenu endommagé par la boue et l’eau. Tout cela est désormais de l’histoire ancienne : les 150 000 tonnes de déchets ont été totalement traitées et évacuées. Il ne reste désormais plus que de la terre sur la A601 presque déserte. Après un an rythmé par les allées et venues des camions, les derniers coups de pelle sont donnés sous un soleil de plomb : les congés du bâtiment vont mettre le chantier à l’arrêt pour quelques semaines. L’occasion de faire le point sur le travail accompli.

Un taux de revalorisation “exceptionnel”

Fermée depuis 2015, la bretelle d'autoroute A601 était l'un des trois sites choisis pour stocker les déchets, traités en priorité dans les semaines qui ont suivi les inondations. Plus petits mais situés en bord de Meuse, les sites du Wérihet et d'Engis avaient quant à eux l'avantage de permettre l'utilisation de péniches pour l'évacuation vers les centres de tris. "On avait un centre de tri à Sambreville, un Vilvoorde… Ça a été envoyé vraiment aux quatre coins de la Belgique parce qu'il y avait un volume tellement immense, mais chaque fois par péniche", explique Caroline Charlier, la porte-parole de la Spaque. Une façon de réduire l'empreinte écologique, point important du cahier des charges pour le traitement des déchets.

Autre point essentiel : la revalorisation. "On est arrivé à un très bon pourcentage de valorisation. On pensait peut-être faire face à une catastrophe et devoir faire de l'enfouissement technique, mais ça n'a pas été le cas", souligne la porte-parole de la Spaque. Avec 33 000 tonnes sur le site du Wérihet, 36 000 tonnes à Engis et 85 000 sur l'A601, près de 155 000 tonnes de déchets ont été traitées. L'équivalent d'environ 23 piscines olympiques.

"Il n'y a plus rien de tout ça ici. Maintenant, tout a été traité et recyclé", assure Caroline Charlier. Un peu plus de 100 000 tonnes de bois, plastique et métaux ont pu être recyclées, soit 70% des déchets totaux. Les 30% qui n'ont pas pu être recyclés ont quant à eux été brûlés pour créer de l'énergie.

"Le cahier des charges a été très bien respecté et les délais plus que respectés. C'était une urgence, on savait que ça allait prendre du temps, mais finalement ça a en pris moins que prévu", se réjouit la porte-parole de la Spaque. "C'est très très positif d'avoir atteint des chiffres pareils... Et vraiment totalement inespéré", assure de son côté la ministre Tellier, très satisfaite du taux de revalorisation, qu'elle qualifie même "d'assez exceptionnel".

Après les déchets, les terres

Désormais, ce sont les tonnes de terres charriées par l'eau des inondations qui vont être traitées. "Dès la mi-août, il va y avoir des analyses qui vont être faites", explique Caroline Charlier, porte-parole de la Spaque. Terres, gravats et derniers déchets éventuels seront ensuite séparés afin que les terres puissent être analysées et envoyées en centre de traitement si une pollution est détectée. "Entre la fin du mois d'août et début septembre, les premiers tas qui ont été traités et séparés vont être évacués. Au fur et à mesure, on libérera de la place et on pourra de nouveau accepter de la terre."

Et si une grosse partie est actuellement sur l'A601, tout ne passera pas pour autant par les sites de stockage. "Ici, c'était l'intermédiaire pour gérer le flux. Certaines communes se retrouvaient avec des gisements énormes", précise Caroline Charlier, ajoutant que le but était aussi de dégager le terrain en cas de nouvelles inondations. "On ira chercher au fur et à mesure ce qui est en train d'être nettoyé des cours d'eau et des berges, notamment par le SPW, et ce sera évacué en direct vers les centres de traitements."

Selon les dernières estimations de la Spaque, 150 000 tonnes de terres et de gravats ont été charriées par les inondations. Il faudra encore entre six mois et un an pour arriver à tout traiter. Et ce n'est pas tout, puisqu'en plus des déchets et des terres charriées par les inondations, il a également fallu s'occuper de la boue présente dans les cours d'eau. "Au total, on parle en fait de 350 000 tonnes", précise la ministre de l'écologie wallonne.

La Spaque était aussi chargée, en parallèle, de l'assainissement des terrains pollués, tant privés que publics (sous certaines conditions). "Quand on nous a confié cette mission, on avait peur que ce soit une catastrophe sanitaire environnementale avec une pollution aux hydrocarbures vraiment de grande ampleur", se souvient Caroline Charlier. "Finalement, sur les centaines et centaines de demandes représentant 1.324.000 m² de parcelles, seules 10% présentaient vraiment une trace de pollution."

Un bilan très positif

"On a vraiment mobilisé toutes nos ressources. Les gens n'ont pas compté leurs heures", explique la porte-parole de la Spaque, saluant la réactivité des différentes équipes et la bonne coordination entre les différents opérateurs wallons.

Un travail également salué par Céline Tellier, la ministre de l'environnement wallon, qui rappelle également le rôle essentiel joué par les bénévoles qui ont enlevé les petits déchets sur les berges des cours d'eau. "C'est un travail considérable. On a eu vraiment beaucoup de bénévoles, notamment des personnes de Flandre, des Pays-Bas et évidemment des Wallons. Je voulais vraiment saluer cet élan de solidarité qui a eu lieu parce qu'il a été très très complémentaire à l'action des pouvoirs publics".

"La grande leçon de cette expérience, c'est le besoin de se doter d'une réserve de sites de stockage temporaire au cas où on aurait affaire à une nouvelle catastrophe comme celle-là", poursuit la Ministre, qui assure y travailler. "On a mis en place un groupe de travail avec l'administration, les différentes intercommunales et les opérateurs privés qui gèrent aujourd'hui les déchets."

En attendant la reprise, sur le site de l’A601, des tas de terre immobiles occupent la bretelle d’autoroute. Tout au bout, de l’herbe a poussé sur les monticules stockés depuis plusieurs semaines déjà. On y aperçoit même quelques coquelicots, une preuve supplémentaire que la vie reprend peu à peu son cours après le drame de l’été dernier…

Un an après, que sont devenus les déchets des inondations ?
©Michel Tonneau
Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...