Le quota d'heures étudiantes passe de 475 à 600 heures: "Une fausse solution" pour la Fef
Dans le cadre de son accord budgétaire pour les années 2023 et 2024, le gouvernement fédéral a décidé d'augmenter le nombre maximum d'heures autorisées pour le travail étudiant, le quota annuel passant de 475 à 600 heures.
Publié le 13-10-2022 à 08h07 - Mis à jour le 13-10-2022 à 16h59
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Pour la présidente de la Fédération des étudiants francophones (Fef), Emila Hoxhaj, contactée mercredi par Belga, il s'agit d'une "fausse solution".
Comme l'ensemble de la population, les étudiants et étudiantes sont confrontés à une hausse du coût de la vie, essentiellement de l'énergie mais aussi de l'alimentation, des loyers... Pour y faire face, la solution ne peut résider dans le travail étudiant, estime la présidente de la Fef.
"Le métier d'un étudiant, c'est de pouvoir étudier. Plus il travaille, moins il pourra aller aux cours et moins il aura de chances de réussir" ses études, pointe Mme Hoxhaj. "Un étudiant jobiste a 43% de chances en moins de réussir", illustre-t-elle.
Or, avec la crise actuelle, "on voit que les étudiants doivent cumuler les jobs pour se payer leurs études. Pour nous, il faut d'abord diminuer le coût des études (compétence des entités fédérées, NDLR) plutôt que d'augmenter le nombre d'heures du travail étudiant", explique Emila Hoxhaj.
Elle ajoute que le travail étudiant est en outre précaire. S'il bénéficie de conditions avantageuses permettant à l'étudiant et à l'employeur de ne devoir s'acquitter que des cotisations de solidarité et non de l'ensemble des contributions sociales, l'étudiant n'a pas accès à certains avantages tels que le chômage, le préavis, etc. "On ajoute des heures au travail des étudiants mais sans les protéger", pointe la présidente de la Fef, soulignant que de nombreux indépendants (boulangerie, etc.) risquent de devoir mettre la clé sous la porte en raison de la crise énergétique et n'engageront dès lors plus d'étudiants.
Les Jeunes CSC préfèrent revaloriser les salaires
La décision du gouvernement fédéral d'augmenter le nombre maximum d'heures autorisées pour le travail étudiant représente une "fausse bonne idée", réagit pour sa part le syndicat des Jeunes CSC jeudi. La proposition paraît attrayante mais la priorité est de revaloriser le salaire des jobistes afin de leur permettre de se constituer des droits pour le reste de leur carrière et d'accéder à la sécurité sociale, considèrent-ils.
Les Jeunes CSC, organisation qui regroupe des militants de moins de 35 ans, jugent qu'il ne s'agit pas d'une solution adéquate pour améliorer les conditions de vie des jeunes dans un contexte de crise énergétique.
"Le premier travail d'un étudiant, c'est d'étudier", rappelle le responsable national Nel Van Slijpe. "Pousser l'étudiant à travailler pour financer le coût élevé des études est une mesure qui renforce les inégalités et crée un cercle vicieux de l'échec et de l'abandon pour de nombreux jeunes."
L'organisation rappelle que, selon le dernier rapport de Randstad, près d'un étudiant sur quatre travaille toute l'année pour payer ses études et qu'un tiers prend également des jobs pendant les périodes de blocus et d'examens. Un chiffre "alarmant" qui ne cesse de croître, déplore-t-elle.
Les Jeunes CSC soulignent que les étudiants ont d'abord besoin de solutions structurelles pour sortir de la précarité, comme la réduction du coût des études et des prix de l'énergie, ainsi que d'une revalorisation du travail. "Les seuls gagnants de cette mesure seront les employeurs qui pourront profiter encore plus d'une main d'œuvre étudiante bon marché et flexible", déplorent-ils.