Foule citoyenne ou militants politisés, une marche pour le climat coupée en deux à Bruxelles
Environ 25 000 personnes ont défilé dimanche à Bruxelles contre le réchauffement climatique. Ambiance.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/61ea4bcb-8f0c-46f5-9d38-093e75998718.png)
Publié le 23-10-2022 à 19h01 - Mis à jour le 25-10-2022 à 10h26
:focal(251x175.5:261x165.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/AWXYTZTRX5E5BFVJNSRDT3QOVM.jpg)
Dimanche, 14 heures, boulevard Roi Albert II, dans le quartier de la gare du Nord à Bruxelles. Un tracteur s’ébroue, suivi par une foule constituée de 25 000 personnes (selon les chiffres de la police). Direction : le parc du Cinquantenaire. La Coalition Climat, organisateur de la marche, réclame des mesures fortes contre le réchauffement climatique et ses conséquences désastreuses. Le monde agricole, directement frappé par les bouleversements environnementaux, est particulièrement mis à l’honneur (d’où le tracteur….). La manifestation au cœur de la capitale de l’Union européenne se justifie également par l’agenda international : la conférence annuelle des Nations unies sur le climat, ou "Cop 27", aura lieu dans deux semaines en Égypte.
Sociologiquement, le cortège est coupé en deux. À l’avant, se rassemblent des citoyens préoccupés par l’évolution du monde, l’explosion du prix de l’énergie, la nécessaire transition écologique. L’ambiance est très familiale, bon enfant. On y voit des nourrissons portés en bandoulière, des personnes âgées en fauteuil roulant. Le slogan, répété en boucle, est bien connu : tout le monde se déclare "plus chaud, plus chaud, plus chaud que le climat".
Après cette masse compacte, par vagues, arrivent des manifestants plus engagés. Les calicots se font plus durs, clairement marqués à gauche. Le rouge devient la couleur dominante. Voilà les élus du PS et de Vooruit, accompagnés de nombreux militants. Les mouvements anticapitalistes, éclatés en de nombreuses petites chapelles, leur succèdent. "Détruire le capitalisme, pas la planète" peut-on lire. Certains mélangent les combats : "Contre le capitalisme écocide et l’exploitation animale", réclame des antispécistes. Le grand capital n’a pas la cote, ni le commerce à l’échelle mondiale. "Stop Alibaba", proclame une bannière.
25.000 personnes présentes à la Marche pour le climat à Bruxelles, selon la police (photos)
Des marxistes motivés
Les activistes, joyeux, défilent au rythme de tambours. C’est l’ambiance habituelle des manifs. En nombre, les sympathisants du PTB/PVDA sont particulièrement motivés et se démènent sur les chansons endiablées que diffuse leur sono. Au micro, une jeune marxiste flamande scande "El pueblo unido jamás será vencido" ("Le peuple uni ne sera jamais vaincu") et entraîne ses camarades. Cette chanson, écrite en 1973 en soutien à Salvador Allende, quelques mois avant le coup d’État au Chili, est devenue un grand classique dans le répertoire musical de la gauche antifasciste.
Un peu à l’écart, dotée d’un bon sens de l’humour, une dame d’une cinquantaine d’années regarde passer ce petit monde avec une pancarte écrite par ses soins : "Moins de vapeurs ! Les femmes ménopausées contre le réchauffement climatique !". Qui a dit que le second degré n’avait pas sa place dans les défilés ?
Et les écolos ? Cet événement est fait pour eux, mais où sont-ils ? Stratégiquement, ils se sont massés en queue de cortège. Groen, Ecolo…. Il y a du monde. Olivier Deleuze, ancien coprésident des verts francophones, déguisé en bagnard, fait chauffer son saxophone au milieu d’une petite fanfare. Sa reprise de Bella ciao, le chant des partisans italiens, a fait un tabac.

Vers 17 heures, la manifestation rejoint le Cinquantenaire. Dernières prises de parole, petits concerts et autres festivités diverses. La foule peut se disloquer.