Solidaris dénonce les pratiques “scandaleuses” des firmes pharmaceutiques
Selon la mutualité, les prix des médicaments sont excessifs. Une économie d’un milliard d’euros pourrait être réalisée.
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Publié le 26-01-2023 à 20h33
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Solidaris se paie le scalp du secteur pharmaceutique. “Nous avons réalisé une étude dont les conclusions sont sans appel, plante Jean-Pascal Labille, le patron de la mutualité socialiste. Le système actuel de remboursement des médicaments favorise largement les entreprises pharmaceutiques qui réalisent des surprofits tout à fait anormaux.”
Solidaris a développé en collaboration avec l’AIM (l’Association internationale de la mutualité) un calculateur assez complexe qui permet d’évaluer ce que la mutualité appelle le “prix juste” des médicaments. Ce modèle AIM-Solidaris tient compte des coûts de recherche, de production, du profit qu’une entreprise doit pouvoir réaliser, ainsi que d’un bonus à l’innovation.
Résultat ? L’assurance maladie (l’Inami) débourse aujourd’hui plus de 5,4 milliards d’euros annuels pour le remboursement des médicaments. Si le prix juste était appliqué, elle pourrait économiser un montant d’un milliard d’euros (quasi 20 %).
Jusqu’à 18 fois trop cher
En 20 ans, les rentrées financières de l’industrie pharmaceutique ont augmenté de 265 %, nettement plus que l’économie mondiale, souligne Solidaris. Le prix moyen des nouveaux traitements a par exemple grimpé en moyenne de 20 % par an aux États-Unis depuis 2008.
Pour la Belgique, la mutualité a passé au crible sept médicaments. Elle évalue que les prix pratiqués sont entre 1,5 fois (pour le Jardiance contre le diabète de type 2) et 18 fois (l’Opdivo contre certains cancers) supérieurs à ce que serait le prix juste. Quant au Zolgensma (contre l’amyotrophie spinale), qui fut qualifié de médicament le plus cher du monde, son prix est 5 fois supérieur au prix juste (1,144 million au lieu de 250 000 euros).
Tout cela, “ce sont des surprofits”, dénonce Anne Hendrickx, conseillère chez Solidaris. “En moyenne, trois quarts du prix de ces sept médicaments auraient pu être économisés.”
“Ce sont des coûts que l’on veut assumer (au niveau de l’assurance maladie) mais qui ne sont pas maîtrisables”, pointe-t-elle. Pour Solidaris, si les prix dévissent autant, c’est notamment en raison du manque total de transparence sur les coûts de recherche et de production, et sur la manière dont ces prix sont déterminés. Ceux-ci font, pour la plupart, l’objet d’un contrat secret entre la firme et le ministre de la Santé, dont on ne sait à peu près rien.
Une campagne et une pétition
Le pharma “est une industrie scandaleuse”, attaque encore Mme Hendrickx. Elle fait allusion à certaines pratiques, comme cette loterie organisée début 2020 par la firme Novartis visant à offrir des traitements au Zolgensma à des enfants tirés au sort.
”Nous menons un combat pour l’accessibilité des soins de santé, conclut Jean-Pascal Labille. Le coût des médicaments plombe la sécurité sociale. Ces surprofits sont réalisés sur le dos des gens et de l’État.”
C’est pour changer la donne que Solidaris a lancé ce jeudi une campagne en faveur du prix juste des médicaments. Elle a aussi lancé une pétition ayant pour but d’introduire une proposition de loi à la Chambre pour l’instauration d’un prix calculé sur base de critères objectivables et transparents.